Enquête

Colocation : est-ce réellement le bon plan ?

Par Elodie Auffray, publié le 10 juin 2020
Durée de lecture : 
4 min

Appréciée pour son côté économique et convivial, la colocation peut aussi avoir ses revers : mieux vaut en être conscient et s'y préparer, avant de s'engager dans cette voie.

Charles est un grand adepte de la colocation : en cinq ans d'études d'ingénieur, il n'a connu que ça. "J'ai fait sept colocs différentes, de deux personnes à une trentaine ! Je ne conçois pas de vivre autrement", explique le jeune homme de 23 ans, qui a "horreur d'être seul". Logement plus grand et moins cher, partage des frais, compagnie... Les avantages de la colocation sont indéniables, mais elle peut aussi avoir ses écueils.

Au-delà des différences de caractères, la grosse difficulté se cache dans les détails du quotidien. Partie à Rennes (35) pour ses études d'histoire, Nora s'est installée dans un appartement avec deux amies d'enfance. Deux ans plus tard, "il y en a une avec qui je m'entends toujours très bien. L'autre, on ne se parle plus depuis plusieurs mois", relate-t-elle. Les désaccords sur le ménage, les courses ou les soirées entre amis se sont accumulés. "Elle ne me disait pas ce qui lui déplaisait, donc ça a pris des proportions énormes. Si on n'arrive pas à bien communiquer, ça dégénère", analyse Nora.

"Je n'osais pas lui dire que c'était sale"

L'étudiante de 19 ans recommande de "poser les bonnes questions dès le début : quelle est l'attitude de chacun par rapport au ménage, est-ce que c'est un problème si je fais une soirée, etc.". Mieux vaut choisir des colocataires avec qui l'on peut s'accorder sur le mode de vie. "Il faut s'attendre à faire avec les envies des autres, s'entendre sur le partage des tâches, spontanément ou par un planning, et ne pas avoir peur de dire ce qui ne va pas", préconise Clémence, après plusieurs expériences de colocation, dont l'une gâchée par un colocataire réfractaire à la vaisselle. "Comme c'était mon pote, je n'osais pas lui dire que c'était sale et nos relations se sont dégradées."

Attention au montant des loyers en colocation

Côté finances, la colocation est réputée plus économique qu'une location individuelle. C'est particulièrement vrai dans les zones tendues comme Paris ou Nantes (44), mais un peu moins évident dans les villes moyennes. Ainsi, selon le site de location entre particuliers LocService.fr, le loyer mensuel d'une chambre en colocation s'élève en moyenne à 421 €, contre 501 € pour un studio, soit 19% de plus. Mais à Paris, il faut compter 681 € en colocation, contre 873 € pour un studio, soit 28% de plus. "Il faut faire son calcul, regarder le loyer des studios et des appartements 4-5 pièces", conseille Hélène Le Gall, directrice de l'Association départementale pour l'information sur le logement (Adil) de Paris.

Une clause de solidarité sur le loyer

Attention aussi : la colocation a des particularités qui peuvent se révéler problématiques. S'il arrive que le propriétaire établisse un bail individuel avec chacun des colocataires, ils signent la plupart du temps un bail commun. Ce type de bail comprend une clause de solidarité : si l'un des colocataires ne paye pas sa part du loyer, le propriétaire peut la réclamer aux autres.
Quant au dépôt de garantie, il n'est restitué que quand tout le monde a quitté le logement. Si quelqu'un déménage avant, il ne peut pas récupérer sa part auprès du bailleur, mais doit s'arranger avec son éventuel remplaçant. "La colocation nécessite une bonne entente et de l'honnêteté, car les textes de lois sont peu nombreux et ne règlent pas toutes les questions", prévient Marie-Hélène Texier, directrice-adjointe de l'Adil de Loire-Atlantique. La colocation est donc un bon plan... quand tout le monde joue le jeu !