10 critères pour être une université de recherche

Sophie Blitman Publié le
10 critères pour être une université de recherche
L'UPMC © Camille Stromboni // ©  Camille Stromboni
Comment définir une université de recherche ? Quatre associations mondiales ont listé 10 critères caractérisant ce club d'universités particulières, rassemblés sous le nom de "déclaration de Hefei".

Réunies à Hefei, en Chine, le 10 octobre 2013, quatre associations mondiales se sont accordées pour définir les caractéristiques clefs des universités de recherche : la LERU (Ligue des universités européennes de recherche) à laquelle appartient la CURIF (Coordination des universités de recherche intensive françaises), l'AAU (Association des universités américaines), le C9 (Consortium des 9 universités de recherche chinoises) et l'australien Go8 (Groupe des 8).

Sans surprise, elles ont mis l'accent sur l'excellence – mot dont la linguiste Michèle Monte montre le "pouvoir d'attraction". Mais elles ont aussi souligné l'importance de l'éthique et de la diffusion de la connaissance. S'inscrivant dans une démarche sociétale, cette déclaration de Hefei témoigne du souci des universités de recherche de "contribuer à l'innovation" et de "façonner l'avenir" : des responsabilités qui vont de pair, selon elles, avec une nécessaire liberté.

Les dix critères de la déclaration de Hefei

1. La recherche de l'excellence dans toutes les actions, évaluée de manière désintéressée et indépendante par des pairs ou des personnes compétentes sans liens avec l'université ; l'engagement de recruter des professeurs, personnels et étudiants de façon transparente et basée sur le mérite, créant ainsi un environnement qui favorise l'apprentissage, la créativité et la découverte, et qui permettra de développer le potentiel de son personnel et de ses étudiants, du premier cycle comme des cycles supérieurs.

2. Un important effort de recherche de haut niveau et dans un large éventail de domaines, donnant lieu à des résultats reconnus internationalement et largement diffusés au moyen de publications, d'enseignements et d'engagements dans la communauté.

3. L' engagement dans la formation des chercheurs, principalement à travers le doctorat (PhD), qui forme, en continu, des diplômés hautement qualifiés et reconnus internationalement, capables de faire reculer dans tous les domaines les frontières de la compréhension, de la connaissance et de contribuer à l'innovation et au développement à l'échelle nationale et internationale.

4. L'engagement d'enseigner aux étudiants de premier cycle et des cycles supérieurs, pour produire des diplômés dont la formation leur permettra de contribuer au bien-être national dans un large éventail d'activités.

5. La préoccupation constante de maintenir dans le domaine de la recherche les plus hauts standards d'intégrité et les obligations éthiques, afin de garantir l'impartialité de la collecte des données, leur interprétation et leur analyse, indépendamment des financements, ou des gains personnels ou institutionnels, et de permettre par des processus explicites et efficaces d'identifier d'éventuels manques d'éthique dans la recherche ou le comportement des chercheurs.

6. L'exercice responsable de la liberté académique par les professeurs dans leurs activités de production et de diffusion des connaissances par le biais de la recherche, l'enseignement et le service, à l'intérieur d'une culture de la recherche basée sur une approche sans préjugés ni contraintes et sur un examen constant et critique des connaissances actuelles, qui va au-delà des considérations pratiques ou matérielles, au-delà des besoins immédiats, et qui a pour but de développer la compréhension, les compétences et l'expertise nécessaires pour façonner l'avenir et contribuer à l'interprétation d'un monde en changement.

7. La tolérance, la reconnaissance et l'appréciation de désaccords et de points de vue, schémas, perspectives ou positions divergentes, en tant qu'éléments nécessaires au progrès, et l'engagement à favoriser des débats et des discussions civilisées pour une meilleure compréhension du monde et pour la production de nouvelles connaissances et technologies.

8. Le droit d'établir ses propres priorités, dans le domaine académique, en ce qui concerne le contenu et la manière d'enseigner et de faire de la recherche, en conformité avec sa mission, ses plans de développement stratégique et sa propre évaluation des besoins actuels et futurs de la société ; ainsi que le droit de décider qui recruter à travers le monde pour attirer les profils les plus aptes à remplir ces missions.

9. L'engagement à soutenir ses communautés locales et nationales et à contribuer au bien-être à travers le monde par des initiatives et le développement d'une culture visant à optimiser les bénéfices de la recherche et la formation, tant à court qu'à long terme.

10. L'ouverture et la transparence de la gouvernance qui protège et soutient en permanence le respect des critères qui caractérisent les universités scientifiques de niveau mondial et, en même temps, répond aux responsabilités publiques de l'institution.

Quelle stratégie pour les universités de recherche françaises ?
"Les chiffres sont cruels, la part de laboratoires français dans l'enveloppe du PCRD (Programme cadre de recherche et développement, ndlr) et autres programmes européens est en diminution, et pourtant si l'on rapporte notre taux de succès au nombre de réponses aux appels d'offre, notre taux de succès reste comparable, parfois supérieur à celui de nos concurrents. Ce qui baisse dramatiquement c'est le nombre de réponses."

C'est avec ces mots que Jean-Charles Pomerol, secrétaire de la CURIF, a adressé à ses collègues pour les convier au séminaire organisé par l'association à Strasbourg, le 23 octobre 2013 et dont le thème, "Programmes européens : quelle stratégie universitaire pour la France ? ", marque la volonté de la CURIF d'affirmer la place des universités françaises dans la recherche européenne.

Sophie Blitman | Publié le