Le DUT en trois ans en attente d'un feu vert ministériel

Nawelle Beouche Publié le
Le DUT en trois ans en attente d'un feu vert ministériel
Un rapport préconise l'allongement des DUT à trois ans. // ©  Jean Claude MOSCHETTI/REA
Une concertation sur la modernisation des formations courtes postbac a été lancée par le ministère de l’Enseignement supérieur en octobre 2018. Un rapport, remis à Frédérique Vidal le 31 janvier 2019, préconise d’allonger le DUT à trois ans.

C’est le souhait des directeurs d’IUT (Institut universitaire de technologie) : obtenir une année de plus. Le but ? Proposer une offre de formations plus vaste, qui s’adresse aussi bien à des bacheliers issus des filières technologiques que générales.

"Le premier objectif est de favoriser la réussite en DUT, notamment pour les bacs technologiques, en accueillant une plus grande diversité d’étudiants, avec une plus grande souplesse sur les trois années", précise François Germinet, président de l'université de Cergy-Pontoise et de la commission formation et insertion professionnelle de la CPU (Conférence des présidents d'université), coauteur de ce rapport avec Rodolphe Dalle, président de l'Adiut (Association des directeurs d'IUT).

"L’équilibre actuel entre le DUT et la licence professionnelle n’est pas assez satisfaisant, ajoute le porte-parole de l’Adiut, Laurent Gadessaud. Nous aspirons à un système plus sécurisant. Nous espérons que ce projet soit un gage de réussite pour nos jeunes, que nous aimerions accompagner vers des études longues. Toute la question était de savoir comment sécuriser un parcours en trois ans."

L'allongement du DUT à trois ans fait suite à plusieurs constats, mentionnés dans le rapport remis à la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, le 31 janvier 2019 : le niveau d’insertion à bac + 2 recule, et 90 % des étudiants en DUT ont un niveau master. Si, à l'origine, ces formations courtes et professionnalisantes sont prévues pour une insertion professionnelle rapide, elles sont en réalité un tremplin pour la poursuite d’études.

Accéder au grade de licence

Ce "nouveau" DUT permettrait d’obtenir le grade de licence, et d’aligner ainsi les formations sur le processus de Bologne (licence, master, doctorat). "Le DUT porte un diplôme professionnalisant à caractère national au niveau licence. Il y a une volonté de répondre aux aspirations et à la mission d’insertion. À ce niveau, nous arriverons à convaincre les jeunes d’embrasser ces carrières", note Laurent Gadessaud. Si la mesure est déployée, les étudiants auraient ainsi six semestres pour affiner leur choix.

Autre objectif du projet : favoriser les passerelles, aussi bien pour les étudiants en licence générale que pour un salarié en reprise d’études. L’idée est de ne fermer aucune porte. Un étudiant en BTS pourra ainsi être accueilli en troisième année de DUT. "Les passerelles sont les éléments phares de ce projet, appuie Laurent Gadessaud. Plus nous aurons de temps pour les opérer, plus elles seront facilitées."

Accentuer la professionnalisation

Avec ce DUT en trois ans, les acteurs consultés espèrent améliorer l’insertion professionnelle des étudiants à des niveaux d’emploi plus élevés ; le but étant de valoriser les stages et l’alternance pendant son cursus avec des modules dits "plus professionnalisants".

"Une troisième année permettrait à un étudiant de mûrir son projet et d'accumuler plus d'expériences pendant ces études. Raison pour laquelle il faut proposer au maximum nos diplômes en alternance", expose le porte-parole de l’Adiut.

Si nous sommes à niveau L, nous arriverons à convaincre les jeunes d’embrasser ces carrières.
(L. Gadessaud)

Enfin, à travers un DUT plus long, il y a aussi la volonté de concurrencer le Bachelor en trois ans, qui, ces dernières années, attirent toujours plus d'étudiants. "Les Bachelor viennent très clairement concurrencer les DUT actuellement, et une filière technologique en trois ans permettrait de mieux se défendre !" augure François Germinet.

À l’Adiut, on espère que ces préconisations seront suivies d’une vraie réflexion réunissant tous les acteurs. "C’est une demande assez forte qui émane de la plupart des directeurs d’IUT, mais aussi de la CPU et des syndicats étudiants, rapporte Laurent Gadessaud. Sans oublier les responsables politiques, qui voit en ce projet un enjeu économique majeur local." Réponse attendue de la Rue Descartes d'ici à deux ou trois mois.

Nawelle Beouche | Publié le