Emploi scientifique : les chercheurs se mettent en marche

Morgane Taquet Publié le
Emploi scientifique : les chercheurs se mettent en marche
Manifestation pour l'emploi scientifique devant l'Assemblée nationale, le 24 juin 2014. // ©  Camille Stromboni
Le mouvement "Sciences en marche" part de Marseille samedi 27 septembre 2014 pour demander un plan pluriannuel de recrutement de chercheurs. Plus de 2.000 scientifiques se sont engagés dans cette manifestation qui s'achèvera le 17 octobre à Paris.

"Ce que nous voulons ? Un plan Marshall pour l'enseignement supérieur et la recherche !", défend Patrick Lemaire, directeur de recherche en biologie moléculaire et porte-parole du collectif "Sciences en marche". Ce mouvement, qui partira samedi 27 septembre 2014 de Marseille, prend la forme de multiples "marches" à vélo ou à pied, à travers la France et au départ de grandes villes universitaires (Montpellier, Strasbourg, Nantes, Lyon, etc.) pour converger en trois semaines vers l'Assemblée nationale à Paris. Deux jours avant le départ, environ 2.200 personnes se sont engagées à rejoindre au moins une étape sur le parcours.

Dans les villes étapes et sur la route, des rassemblements et des animations scientifiques ponctueront le trajet avec un objectif : convaincre le grand public de la nécessité de soutenir la recherche. Concrètement, l'association demande un plan pluriannuel de recrutements de chercheurs, et chiffre le besoin à 3.000 postes par an sur dix ans. 

Le mouvement est notamment soutenu par une centaine de laboratoires, cinq universités (les deux de Montpellier, Strasbourg, Avignon et Lyon 1), le CoNRS (Comité national de la recherche scientifique), et "350 directeurs d'unités du CNRS qui ont approuvé à l'unanimité une motion de soutien en notre faveur", avance Patrick Lemaire qui effectuera l'ensemble du trajet jusqu'à Paris à vélo. L'association de professeurs de classes préparatoires scientifiques UPS a également apporté son soutien.

Une lettre ouverte à François Hollande

Une délégation du mouvement a rencontré Geneviève Fioraso jeudi 25 septembre "à l'invitation de la secrétaire d'État, et afin de lui présenter la démarche de Sciences en marche", explique Patrick Lemaire. "Nous savons que le secrétariat d'État ne peut rien faire de plus avec ce budget constant", avance le porte-parole du collectif, qui dit vouloir convaincre l'Assemblée nationale et le président de la République. La diffusion d'une lettre ouverte à François Hollande dans les semaines qui viennent est déjà programmée.

Geneviève Fioraso consciente du "malaise des chercheurs"

"Que les gens s'expriment !", a répondu Geneviève Fioraso au sujet de la manifestation "Sciences en marche", lors d'un point presse sur l'emploi scientifique le 25 septembre. La secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur et à la Recherche qui s'est dit consciente du "malaise des chercheurs" a confirmé que des mesures, notamment pour l'emploi scientifique, seraient annoncées début octobre suite à la présentation du budget 2015. Outre les évolutions législatives en cours (report de l'âge de départ à la retraite, application de la loi Sauvadet sur la précarité notamment), le ministère estime que le contexte démographique conduisant à une baisse des départs à la retraite devrait perdurer jusqu'en 2017-2018.

Revenant sur ce recrutement contraint, la secrétaire d'État a indiqué qu'un travail de réorientation de la politique RH des organismes vers les débuts de carrières, doctorants et postdoc était en cours.

S'agissant de la reconnaissance du doctorat dans le privé et dans la Haute fonction publique, elle a affirmé que "les discussions avancent" avec les grands corps de l'État (ENA, Conseil d'État, Igas en particulier) et les branches professionnelles chimie et plasturgie. Enfin répondant à une demande de "Sciences en marche" de réorienter les financements du Crédit d'impôt recherche vers des recrutements de chercheurs, la secrétaire d'État a indiqué qu'il s'agissait d'"un arbitrage gouvernemental dont les crédits ne pourraient de toute façon pas être directement fléchés vers le budget de l'enseignement supérieur".

 

Morgane Taquet | Publié le