Les détails du statut d’étudiant-entrepreneur

Cécile Peltier Publié le
Les contours du nou­veau statut d’étudiant-entrepreneur et du diplôme d’établissement du même nom (D2E), prévus pour la rentrée 2014, se précisent. Le point avec Interface.

Une circulaire ministérielle du 21 mai, adressée à tous les recteurs et présidents d'université, acte la création du nouveau statut, dont une charte détaille les modalités pédagogiques. Mise en œuvre prévue pour la rentrée. "Maintenant, tout le monde sait ce qu'est le statut étudiant-entrepreneur et per­sonne n'a d'excuse pour ne pas le mettre en place grâce aux PEPITE !", se réjouit Jean-Pierre Boissin, enseignant-chercheur à l'IAE de Grenoble et coordonnateur national du Plan étudiants pour l'innovation, le transfert et l'entrepreneuriat (PEPITE), rappelant qu'il s'agit d'une "première mondiale".

Calqué sur le statut de sportif de haut niveau, il doit permettre à l'étudiant de mener de front études et projet entrepreneurial. "Ce label est aussi un moyen de donner aux jeunes de la visibilité auprès des clients, des banques, mais aussi des enseignants et des parents, ajoute Jean-Pierre Boissin. Il permet aussi de re­connaître la situation d'étudiants qui, pour des raisons économiques, seraient auto-entrepreneurs."

Trois conditions pour en bénéficier : être bachelier, avoir moins de 28 ans (l'âge limite pour bénéficier d'une Sécurité sociale étudiante) et voir son projet sélectionné par la commission d'engagement du PEPITE. Les lauréats (des étudiants ou des jeunes diplômés) profiteront alors d'un accompagnement individualisé par deux tuteurs (un enseignant et un référent externe, entrepreneur, membre d'un réseau d'accompagnement ou de financement), d'un accès à des espaces de coworking, et pourront même travailler à leurs projets d'entreprise au lieu de suivre un stage ou d'achever un projet de fin d'études.

Un apprentissage par l'action

L'inscription au diplôme d'étudiant-entrepreneur – D2E –, obligatoire pour les jeunes diplômés, est fortement recommandée aux étudiants porteurs d'un "projet ambitieux". À la clé, la possibilité d'aménager ses études en fonction de ses contraintes pro, de signer un CAPE (contrat d'appui au projet d'entreprise) avec une autre structure, de type couveuse, et, le cas échéant, de voir le D2E reconnu sous forme d'ECTS dans le cadre du diplôme national préparé par l'étudiant.

Un comité national planchait début juin sur une maquette nationale du diplôme. Elle devra ensuite être déclinée rapidement au niveau local par les PEPITE, tous les D2E devant être labellisés au niveau national à la rentrée afin de pouvoir accueillir des boursiers. À noter : le D2E est un diplôme d'établissement et non DU, un intitulé qui laisse la porte ouverte à une mise en place du diplôme par les grandes écoles. Mais, avec des frais d'inscription plafonnés à 500 euros, auront-elles vraiment envie de se lancer ?

Maintenant, tout le monde sait ce qu'est le statut étudiant-entrepreneur et per­sonne n'a d'excuse pour ne pas le mettre en place grâce aux PEPITE ! (J-P. Boissin)

Compte tenu de la diversité des publics, impossible de "définir le programme a priori" de ce nouveau diplôme, prévient le MESR, qui se contente d'en fixer les grandes lignes. Peu de cours classiques ou mutualisés avec des enseignements existants (le modèle économique du diplôme avec des frais limités à 500 euros ne le permet pas...), mais un "apprentissage par l'action", sur le principe de la pédagogie inversée, et un accompagnement physique ou virtuel (accès à des ressources en ligne...). "C'est plus une ­validation des compétences acquises par l'étudiant dans le cadre de son projet qu'une validation de contenus", précise Jean-Pierre Boissin.

Sur le papier tout semble réuni pour que le nouveau statut voie le jour, mais la réalité est plus complexe.

Quid en effet du financement de cet accompagnement ? Les 4,6 millions d'euros attribués pour trois ans aux PEPITE en mars "ne représentent pas plus de quelques euros par étudiant", reconnaît Jean-Pierre Boissin, qui se veut néanmoins optimiste. "Les établissements et les communautés de site doivent demander des postes de chargés de mission en entrepreneuriat et les flécher. Il y aura une nouvelle vague d'appels à projets dans le cadre des Investissements d'avenir (PIA) à la fin de l'année, j'espère qu'elle va alimenter les PEPITE pour créer des plates-formes pédagogiques et des outils transversaux. Il faut aussi que les grands groupes nous aident à financer des campagnes de communication dans le cadre de leur politique de RSE ; on pourrait aussi imaginer des formules de mécénat de compétences..."


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