Parcoursup : d'un recrutement académique à un recrutement régional en Île-de-France

Pauline Bluteau Publié le
Parcoursup : d'un recrutement académique à un recrutement régional en Île-de-France
Pas de hiérarchisation des vœux possible sur Parcoursup mais des quotas de boursiers plus importants promet le ministère. // ©  Frédéric Maigrot/REA
Le recrutement des bacheliers franciliens se fera désormais au niveau régional et non plus académique sur Parcoursup. Une décision prise par la ministre de l’Enseignement supérieur, ce mercredi 16 janvier 2019, qui prendra effet dès l’ouverture de la plate-forme, le 22 janvier 2019.

Dès l'ouverture de la plate-forme Parcoursup, les élèves domiciliés en Île-de-France pourront candidater dans n’importe quel établissement supérieur de leur région, sans aucune distinction géographique. "Faire tomber les barrières départementales et académiques était notre principal objectif", s’enthousiasme Laurent Lafon, le sénateur du Val-de-Marne (groupe Union centriste).

Missionné depuis fin novembre 2018 par le Premier ministre, Édouard Philippe, pour améliorer la mobilité académique des étudiants franciliens, Laurent Lafon a établi un premier bilan avec Frédérique Vidal ce mercredi 16 janvier 2019. Si ce nouveau périmètre de recrutement sur Parcoursup est une première victoire, le sénateur ne compte pas en rester là pour accroître la mobilité des étudiants dans cette région très disparate.

La région comme secteur de référence

"En 2018, sur Parcoursup, les inscriptions étaient basées en fonction de l’académie de chaque élève. Désormais, elles seront régionalisées. Ce qui signifie que tous les élèves venant de Paris, de la première et de la deuxième couronne auront un égal accès aux universités", décrypte Laurent Lafon.

En finir avec cette frontière géographique était une volonté du sénateur. Selon lui, en Île-de-France, les universités ne sont pas équitablement réparties par rapport aux nombre d'étudiants ; ce qui n’est pas cohérent avec un recrutement académique sur Parcoursup. "En plus de la barrière géographique, il y a une barrière sociale, cela n’a pas de sens et c’est très préjudiciable pour la cohésion sociale", insiste-t-il.

Cette année, les trois académies de la région, Versailles, Créteil et Paris, seront donc regroupées dans une même entité. Cela permettra ainsi à tous les élèves de s’inscrire dans l’établissement de leur choix sans se censurer. "La priorité est avant tout de permettre aux bacheliers de Paris et de la petite couronne d'accéder à une université francilienne : il faut que les capacités d'accueil de l’Île-de-France permettent d'accueillir tous les bacheliers franciliens."

Une nouveauté qui a de quoi séduire les universités parisiennes, comme le confirme Antoine Billot, vice-président de l’université de Paris 2 Panthéon-Assas : "En 2018, Parcoursup nous a privés des meilleurs étudiants qui vivaient en banlieue, ces mêmes lycéens qui étaient déjà en terminale à Paris intramuros mais qui n’ont pas pu poursuivre leur cursus au même endroit à cause du recrutement par académie."

Paris ne doit pas être un bunker, tous les élèves d’un niveau équivalent doivent pouvoir venir y étudier.
(L. Lafon)

Accueillir tous les étudiants sans distinction

Lors de cette première étape, Frédérique Vidal a également demandé au sénateur de poursuivre son travail sur la mobilité des étudiants boursiers et des étudiants hors-académie. L’objectif de ces prochains mois sera de fixer un taux unique minimum de bacheliers boursiers sur l’ensemble des universités franciliennes.

Concernant celui des non-Franciliens dans la région, Laurent Lafon compte rencontrer à nouveau les présidents d’université pour proposer la meilleure solution Rue Descartes. "Il y aura un pourcentage maximum d'étudiants de province acceptés dans les universités franciliennes. Ce sera le même dans toute la région." D'après lui, l’Île-de-France doit pouvoir accueillir tous les élèves : "Paris ne doit pas être un bunker. À niveau équivalent, on ne doit pas interdire aux élèves franciliens comme non-franciliens de venir étudier dans la région ", estime le sénateur.

En attente de nouvelles préconisations

Conscient que la régionalisation du recrutement sur Parcoursup ne résoudra pas tous les problèmes de mobilité, Laurent Lafon pense également faire d’autres recommandations à la ministre. Parmi elles, le développement des tiers-lieux. Un dispositif déjà testé en Seine-et-Marne : "Ce sont des espaces encadrés et en partenariat avec les universités où les étudiants peuvent faire leurs études près de chez eux, je pense que c’est une bonne chose."

Le sénateur aimerait également améliorer le dispositif "Oui, si", qui permet d'accompagner les étudiants en difficulté durant leur première année d’études : "Pour l’instant, les 'oui, si' sont trop hétérogènes au sein des universités. Il faut une cohérence et des critères plus clairs."

Autre sujet de discussion : l’insuffisance des capacités d’accueil dans les formations courtes, notamment en BTS et en DUT. "Il faudra renforcer la coopération entre la région et le ministère pour mieux appréhender les besoins des établissements", conclut-il. Laurent Lafon doit rendre son rapport d'ici au début du mois d'avril 2019.

Pauline Bluteau | Publié le