Évaluation de la recherche : le futur Haut Conseil se précise

Olivier Monod Publié le
Denise Pumain et Frédéric Dardel ont remis à Geneviève Fioraso leur rapport sur l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur vendredi 24 janvier 2014. Ils esquissent ce que pourrait devenir le HCERES appelé à remplacer l’AERES. Plus qu’un changement de nom ?

L’évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche va encore faire couler beaucoup d’encre. Après avoir acté la fin de l’AERES (Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur) dans la loi ESR de juillet 2013, Geneviève Fioraso esquisse les contours de son remplaçant, le futur HCERES (Haut Conseil à l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur).

La ministre s’est vu remettre vendredi 24 janvier 2014 le rapport de Denise Pumain, ancienne rectrice, et Frédéric Dardel, président de l’université Paris-Descartes, sur l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur. Comme l'AERES, le HCERES s’attachera à l’évaluation de trois sujets différents : les établissements, les formations et les laboratoires.

Établissements : donner une carte lisible


“L’objectif principal de l’évaluation doit être l’amélioration de la qualité de la recherche et de la formation. Elle s’adresse en priorité aux évalués et à leurs tutelles directes. Elle doit fournir des recommandations constructives et un avis argumenté.” Une fois ce principe posé, les auteurs apportent deux précisions. “Le rôle du HCERES est de se concentrer sur la stratégie scientifique, tandis que la Cour des comptes ou les inspections générales évaluent d’autres aspects”, afin d’éviter les évaluations redondantes.

Par ailleurs, le HCERES doit fournir une carte lisible du paysage de l’ESR français à des décideurs politiques parfois un peu perdus face à la complexité du secteur : “Il est en effet ressorti [des entretiens] le besoin de pouvoir donner aux décideurs publics une vision stratégique nationale sur tel ou tel grand champ disciplinaire (par exemple : la génétique, la psychologie ou la physique des plasmas), décrivant les forces des différents acteurs nationaux et territoriaux, leur positionnement international ou encore leur dynamique temporelle.”

Pour ce faire, le rapport préconise un rapprochement avec l’OST (Observatoire des sciences et des techniques). “L’OST pourrait être rattaché au HCERES. Tout en continuant à répondre à la commande publique en matière d’indicateurs, il pourrait aussi contribuer à des analyses macroscopiques par le HCERES sur des grands champs disciplinaires et fournir, en amont, un appui à la préparation de l’ensemble des évaluations.”

Formations : le retour de l’évaluation par les étudiants ?


Dans la foulée des contrats de site et dans la logique des accréditations, “le HCERES n’aurait plus alors qu’un rôle d’évaluation ex post, facilité par un certain nombre d’indicateurs objectifs du succès des formations”.

Le principal problème posé par cette approche a posteriori, comme le souligne le rapport, est le manque de culture de l’autoévaluation dans les institutions. “Dans la pratique, les acteurs ne se sont pas encore emparé de la possibilité de faire simplement valider par le Haut Conseil des procédures et des pratiques qui seraient réalisées de façon interne aux établissements.”

Ces procédures internes pourraient s’appuyer sur “l’évaluation par les étudiants”, précise le texte. Une proposition qui devrait soulever quelques critiques.

Il s’agit de conserver la distinction entre l’évaluation d’un côté, et les décisions de politique scientifique ou pédagogique de l’autre

Laboratoires : évaluer n’est pas décider


L’évaluation des laboratoires est certainement le point qui crispait le plus les chercheurs. Les auteurs du rapport répondent à beaucoup de critiques. Fini les notes, les évaluations sont conduites par “des pairs” dont “les mandats sont limités”, les critères doivent être “modulables” en fonction des disciplines et des modes d’organisation.

Le rapport final, qui ne devrait pas être rendu public, ne se voudra pas prescriptif. “Il s’agit là de conserver la distinction entre l’évaluation d’un côté, et la ou les décisions de politique scientifique ou pédagogique qui appartiennent in fine aux instances du laboratoire, du diplôme, de l’établissement et à leurs tutelles, de l’autre.”

Enfin, l’évaluation devra être préparée en amont entre toutes les parties prenantes. “L’évaluation des laboratoires devrait être précédée d’une phase de concertation préalable permettant de prendre éventuellement en compte les demandes concertées des tutelles sur le cadrage en fonction du contexte et des missions de l’unité et sur les principes d’organisation du comité.”

Pour Geneviève Fioraso, “ces propositions s’inscrivent dans la continuité des conclusions des Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche. Elles vont contribuer à la mise en place et à l’organisation d’une nouvelle instance d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, conforme aux standards internationaux et favorisant une démarche de progrès pour les équipes et les organismes, au service de l’intérêt général”.

Olivier Monod | Publié le