Réforme des études de santé : les facultés de médecine sont sous tension

Mersiha Nezic Publié le
Réforme des études de santé : les facultés de médecine sont sous tension
Trois voies distinctes permettront désormais d'accéder aux études de santé. // ©  DEEPOL by plainpicture/JGI/Tom Grill
La mise en œuvre de la réforme du premier cycle des études de médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie, suscite des tensions dans les universités. Désormais, chaque université doit mettre en place au moins deux des trois voies d'accès à ces études, dans un calendrier serré. Les moyens alloués à la réforme sont également estimés insuffisants par les facultés de médecine.

C’est une petite révolution qui suscite des tensions actuellement dans les universités françaises : la mise en œuvre de la réforme du premier cycle des études de médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie, dont l’objectif est la diversification des profils. La PACES (première année commune aux études de santé) disparaît pour de bon à la rentrée 2020.

Deux voies principales permettront désormais d’accéder aux études médicales : le Parcours spécifique accès santé (PASS) ou bien une licence avec option accès santé (LAS), c’est-à-dire une majeure au choix (chimie, biologie, droit…) couplée avec une mineure santé. Enfin une troisième possibilité s’offre aux candidats : opter pour une formation de trois ans menant au diplôme d’auxiliaire médical, comme les écoles d’infirmiers, avant de tenter d’intégrer ces cursus.

Une révolution pédagogique à mettre en place rapidement

Chaque université doit proposer au moins deux de ces trois voies d’accès. Et l’offre de formation doit être affichée sur la plate-forme Parcoursup, qui permet de s'inscrire dans l'enseignement supérieur, d’ici le 20 décembre 2019. Un calendrier serré qui inquiète dans les facultés de médecine. Même si pour à la rentrée 2020, à titre dérogatoire, des universités qui ne seront pas en mesure d’ouvrir deux voies d’accès pourront n’en proposer qu’une. Cela devrait être le cas d’un tiers de la quarantaine de facultés de médecine françaises.

"Nous vivons difficilement cette situation même si nous adhérons aux objectifs de la réforme", explique Djillali Annane, le doyen de la faculté de médecine de l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. "Il s’agit d’une restructuration totale de l’offre de formation à mener dans des délais très courts. Il faut mettre en place de nouveaux cours, travailler sur de nouvelles modalités d’enseignement, dans les UFR de médecine mais aussi dans les autres composantes des universités à partir desquelles les étudiants pourront accéder aux études médicales".

Manque de moyens

Les doyens des facultés de médecine pointent également l’insuffisance des moyens alloués (6 millions d’euros). "La réforme des études de santé est touchée par le manque de moyens dédiés aux enjeux de santé de notre pays. Faute de financements supplémentaires permettant un enseignement, un encadrement et un accompagnement justifiés par les nouveaux parcours proposés à la rentrée 2020, il ne sera pas possible d’être à la hauteur des enjeux de cette réforme", a fait savoir dans un communiqué la CPU, conférence des présidents de l’université.

Des enseignements en petits groupe devraient être mis en place en PASS. La mineure santé, suivie par des étudiants de licence et mise en place par des facultés de médecine, va générer également des heures de cours supplémentaires, augmentant la masse salariale des universités. "Le financement d’heures complémentaires ne peut être considéré que comme mesure transitoire sinon la réforme échouera", reprend Djillali Annane.

Les places ouvertes restent limitées et l'entrée sélective. C’est faux de dire que le numerus clausus est supprimé. (D. Annane)

La question des places ouvertes en deuxième année de médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie reste également sensible. Le nombre d’étudiants admis sera déterminé par les universités en lien avec les ARS (agences régionales de santé) en fonction des capacités de formation. "Celles-ci restent limitées et l'entrée sélective. C’est faux de dire que le numerus clausus est supprimé", souligne le doyen.

"La sélectivité sera plus importante dans les universités, notamment en province, qui disposent de peu de moyens et de peu d’enseignants. Quant aux universités parisiennes, très attractives, leurs capacités de formation sont très largement dépassées". Les places en stage, soit dans les CHU soit dans certains cabinets de ville auprès de maître de stage universitaires, sont également limitées.

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