Sciences Po met 35 millions sur la table pour racheter le siège parisien de l’Ecole des Ponts

Fabienne Guimont Publié le
Sciences Po met 35 millions sur la table pour racheter le siège parisien de l’Ecole des Ponts
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Sciences Po Paris a adressé, le 2 octobre 2008, une lettre à Eric Woerth, ministre du Budget, lui proposant 35 millions d’euros pour racheter le siège historique de l’Ecole des Ponts. Situé à deux pas de Sciences Po, ce bâtiment exceptionnel attise sa convoitise depuis un moment. Depuis notamment que le grand établissement sait qu’il n’ira pas s’agrandir à Créteil, faute d’une entente directe avec l’Etat sur le mode de financement de l’opération.

Le bien ne manque pas d'atouts pour Sciences Po. L'hôtel de Fleury, siège de l'Ecole des Ponts avant son déménagement à Champs-sur-Marne est un hôtel particulier de 7000 m2 utiles, situé dans la même rue que Sciences Po, rue des Saints-Pères. Une occasion de pouvoir réaliser son ambition : faire passer ses effectifs de 8300 étudiants (dont 40% d’étrangers) à quelque 12 000.

De gré à gré

Ces bâtiments étaient en vente selon la procédure d’offres publiques de France Domaine qui s’achevait le 30 septembre 2008. Sciences Po avait renoncé à se mettre sur les rangs dans un premier temps, étant donnée la crise financière. Dans un second round, son conseil d’administration a autorisé à l’unanimité, le 2 octobre 2008, l’établissement à proposer 35 millions d'euros au ministère du Budget pour racheter le bâtiment, mais dans une procédure de gré à gré. S'il accepte, l’Etat devra annuler la procédure précédente. « L’Etat est souverain pour vendre son patrimoine. Le premier critère retenu par France Domaine était le prix. Son cahier des charges était très serré et les dates très rapprochées. Ce bien valait entre 60 et 70 millions d’euros avant la crise financière sur le marché l’année dernière », précise l’entourage de Richard Descoings. 

Un affichage des garanties

Une somme que l’établissement n’était visiblement pas prêt à aligner au moment où sa banque Dexia était en difficulté, à la veille de la clôture de l’appel d’offres de France Domaine. Les membres de son CA composé de Michel Pébereau (BNP Paribas), d’Henri de Castries (Axa) ou de Marc Ladreit de Lacharrière (Fimalac) ont cette fois donné leur accord. Si l’opération immobilière se concrétise, Sciences Po précise que la Caisse des dépôts et consignations en sera partenaire. Les travaux d’aménagement et de mise en sécurité sont estimés entre 20 et 30 millions d’euros. Sciences Po indique par ailleurs avoir obtenu confirmation de la Ville de Paris que celle-ci ne souhaitait pas voir ces bâtiments changer d’affectation. L’enseignement supérieur et la recherche privilégiée par rapport à la construction d’un hôtel de luxe à deux pas de Saint-Germain-des-Prés par un riche fonds souverain ?  

Fabienne Guimont | Publié le