Sélection en master : en cas de recours, quelles licences pour quels masters ?

Aurore Abdoul-Maninroudine Publié le
Sélection en master : en cas de recours, quelles licences pour quels masters ?
Le projet d'arrêté combinera la double exigence de la réforme : la sélection à l'entrée du master d'un côté, le droit à la poursuite d'études pour tout titulaire de licence de l'autre. // ©  Sophie Blitman
Le Cneser examinera, mardi 16 mai 2017, le projet d'arrêté établissant des "compatibilités" entre mentions de licence et mentions de master. Elles joueront un rôle dans la procédure de recours ouverte aux étudiants s'ils ne sont pris dans aucune des formations souhaitées, mais pas de manière contraignante.

Un pas de plus est franchi dans la mise en œuvre de la sélection en master à la rentrée 2017. Un projet d'arrêté, examiné mardi 16 mai 2017 par le Cneser (Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche), fixe les "compatibilités" entre mentions de licence et mentions de master. L'objectif ? Combiner la double exigence de la réforme : la sélection à l'entrée du master d'un côté, le droit à la poursuite d'études pour tout titulaire de licence de l'autre.

Ainsi, s'ils ne sont admis dans aucun des masters auxquels ils ont postulé, les étudiants pourront saisir le recteur de la région académique et se verront proposer trois propositions d'admission.

Celles-ci devront prendre en compte "l'offre de formation existante", "les capacités d'accueil", le "projet professionnel de l'étudiant" et la "compatibilité" de la mention de licence obtenue avec celle du master d'accueil. La notion de prérequis, trop vague juridiquement, avait en effet été écartée par le Conseil d'État.

Des correspondances largement "indicatives"

Établies au niveau national, "ces compatibilités" constitueront "une aide à la préparation" des propositions d'admission. Il s'agit donc de repères destinés à guider les recteurs et les présidents d'université, dont ils pourront toutefois se détacher s'ils le souhaitent, "sur la base du projet professionnel de l'étudiant". L'article 2 du projet d'arrêté précise en effet que des propositions pourront "être effectuées" même si la compatibilité entre la licence et le master ne figure pas dans l'annexe de l'arrêté.

Ces compatibilités ont "un caractère assez large" analyse François Germinet, président de la commission formation de la CPU (Conférence des présidents d'université) et de l'université de Cergy-Pontoise. Pour ce dernier, "il faut être bien clair sur le fait que ce tableau est indicatif" : "il s'agit de correspondances possibles mais pas automatiques". Toute proposition d'affectation, poursuit-il, devra s'appuyer sur "les résultats pédagogiques" de l'étudiant, "ses relevés de notes et son parcours".

Des situations très variées selon la discipline

L'Unef voit également d'un œil positif le caractère non contraignant de ce document. Pour Lara Bakech, responsable des questions universitaires, c'est "une base intéressante pour aiguiller les étudiants en termes d'orientation". L'organisation étudiante souhaite néanmoins demander quelques ajustements à la marge concernant l'accès aux masters Meef (métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation).

En moyenne, chaque mention de licence est compatible avec au moins une dizaine de mentions de master, mais les variations sont très importantes selon les champs disciplinaires. Seules quatre mentions de master sont "compatibles" avec la licence "génie civil", six pour la licence "musicologie", alors qu'à l'inverse, la licence d'économie et gestion ouvre sur près d'une trentaine de mentions de master, celle de droit sur près d'une cinquantaine. Reste à savoir comment ce texte sera utilisé sur le terrain, une fois les premiers recours déposés cet été.

Aurore Abdoul-Maninroudine | Publié le