Université : la faible réussite en licence ... et en master

Camille Stromboni Publié le
Université : la faible réussite en licence ... et en master
Université - amphithéatre - Paris2 - février2012 ©C.Stromboni // ©  Camille Stromboni
Près d'un tiers des étudiants décroche une licence en trois ans. Moins d'un étudiant sur deux obtient son master en deux ans. Une nouvelle note d'information, publiée le 10 avril 2013, vient rappeler aux universités le chemin qu'il reste à parcourir contre l'échec de leurs étudiants. Et surtout au gouvernement, qui s'est engagé sur la réussite étudiante.

27% des inscrits en L1 obtiennent leur licence en trois ans. En ajoutant les étudiants qui ont besoin d'une année supplémentaire, près de 40% d'étudiants obtiennent leur licence, en trois et quatre ans. C'est le résultat révélé par une note d'information de la DEPP (Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance) sur les parcours et la réussite en licence et en master (cohorte d'étudiants 2007), publiée à la mi-avril 2013.

"Globalement, les chiffres accusent une baisse par rapport à la cohorte entrée en 2004", souligne la note. Ce qui va dans le sens de la dénonciation par Geneviève Fioraso de l'inefficacité du plan Licence de ses prédécesseurs au ministère de l'Enseignement supérieur.

L'étude relève également la diversité des parcours suite à la première année d'étude universitaire, qui concentre une grande part de l'échec des étudiants de licence. "40,8 % des étudiants entrants en L1 en 2007 sont inscrits en L2 l’année suivante. Près d’un quart redouble la L1 et 3,2 % changent de formation universitaire (70 % d’entre eux se dirigent vers un DUT). Environ trois étudiants sur dix quittent l’université à l’issue de la L1", décrit la note.

Critères déterminants de réussite en licence : l'âge et la série de bac

"Toutes choses égales par ailleurs", les facteurs les plus discriminants de la réussite en licence sont la série du baccalauréat (les bacheliers technologiques et professionnels ayant un taux d'échec très élevé) et l'âge d'obtention du bac (le retard ayant un fort impact). En revanche, le domaine disciplinaire n'a qu'une influence limitée sur la réussite.

Arrivés en L3, 7 étudiants sur 10 obtiennent leur licence à la première tentative, 8 sur 10 après une année supplémentaire. En tête : les bacheliers économiques sont les plus nombreux à réussir du premier coup cette dernière année de licence (81.2%), devant les scientifiques (77.9%) et les littéraires (75.7%).

La discipline entre en jeu en master

Vient ensuite le master, avec des taux de réussite qui restent en dessous de la barre des 50%, concernant l'obtention du master en deux ans. "Parmi les étudiants inscrits pour la première fois en première année de master en 2008-2009, 46,4% ont obtenu leur diplôme à l’issue des deux ans de formation du master", indique la note DEPP. En comptant les étudiants qui ont eu besoin d'une année de plus, 57,2% des étudiants ont obtenu leur master en deux ou trois ans. Soit une hausse par rapport à la cohorte 2004 d'étudiants (+7.7%).

La discipline joue cette-fois-ci un rôle important dans les chances de réussite, puisqu'elle constitue, avec la voie du diplôme (professionnel/recherche) et l'âge des étudiants, "toutes choses égales par ailleurs", le critère le plus influent. Elevée en "Sciences de la vie et pluri-sciences" (plus de 70% en trois ans), la réussite est en revanche faible en STAPS ou en "Lettres sciences du langage-arts" (moins de 45% en trois ans).

Dans la dernière ligne droite enfin, en M2, 8 étudiants sur 10 obtiennent leur diplôme... du premier coup !

La réussite en licence par établissement

La note d'information établit un tableau présentant la réussite en licence par université. Avec un taux "simulé", c'est-à-dire "toutes choses égales par ailleurs" (1).

Si Versailles - Saint-Quentin, Angers, le CUFR Midi-Pyrénées, Clermont-Ferrand 1, Lyon 2, La Rochelle, Chambéry, Pau, Orléans, ou encore Marne-la-Vallée arrivent en tête sur la valeur ajoutée apportée pour la réussite en trois ans de la licence, les universités de la Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Bordeaux 1, l'UPMC, Antilles-Guyane, Montpellier 2, La Réunion, Paris 11, Paris 8 et Toulouse 2 figurent au bas du tableau.

"C'est ridicule, estime Jean Chambaz, président de l'UPMC. L'indicateur n'est absolument pas pertinent. Les étudiants qui partent de chez nous parce qu'ils ont réussi un concours, ou qui arrivent chez nous après une prépa, ils sont considérés comme de l'échec."

- Voir le tableau des taux de réussite en licence en trois ans pour les étudiants n'ayant pas changé d'établissement (méthode 3) (pdf ou bien ci-dessous), classés par ordre décroissant en fonction de la valeur ajoutée sur la réussite en trois ans.

(1) Le taux simulé "correspond à la réussite qu’on pourrait observer pour l’université si celle des différentes catégories d’étudiants entrant en licence ou en master était identique à la réussite nationale pour ces mêmes catégories, définies par : le sexe, l’origine socioprofessionnelle, la série du baccalauréat, l’âge d’obtention du baccalauréat, l’ancienneté d’obtention du baccalauréat et le groupe disciplinaire d’inscription. Cette méthode permet de prendre en compte les effets de structure des populations étudiantes dans les résultats des universités. Les taux simulés correspondent à la notion « toutes choses égales par ailleurs » bien que se limitant à ces six critères."
Etablissements Effectifs L1 en 2007-2008 Réussite en 3 ans Taux observé (en %) Taux simulé (en %) VA (en points)
VERSAILLES SAINT-QUENTIN 960 541 56,4 42,6 13,8
ANGERS 1 244 733 58,9 45,8 13,1
CUFR NORD-EST MIDI-PYRENEES 432 249 57,6 45,5 12,2
CLERMONT FERRAND 1 469 239 51,0 39,4 11,5
LYON 2 2 470 1 428 57,8 47,0 10,8
LA ROCHELLE 529 276 52,2 42,2 10,0
CHAMBERY 715 371 51,9 43,5 8,4
PAU 972 503 51,7 43,6 8,2
ORLEANS 1 217 606 49,8 42,2 7,6
MARNE-LA-VALLEE 796 409 51,4 43,8 7,6
SAINT-ETIENNE 1 006 500 49,7 42,7 7,0
BREST 1 078 550 51,0 44,5 6,6
EVRY VAL D'ESSONNE 732 314 42,9 37,0 5,9
BRETAGNE-SUD 624 311 49,8 44,4 5,5
DIJON 1 753 875 49,9 44,5 5,4
BESANCON 1 311 606 46,2 40,9 5,3
PARIS 13 1 147 434 37,8 32,7 5,2
MULHOUSE 504 229 45,4 40,5 4,9
PERPIGNAN 645 289 44,8 40,2 4,6
LE MANS 729 336 46,1 41,5 4,6
TOULOUSE 1 1 254 583 46,5 42,4 4,1
TOURS 1 719 848 49,3 45,4 4,0
CERGY-PONTOISE 1 273 591 46,4 42,6 3,8
LIMOGES 832 388 46,6 43,2 3,5
MONTPELLIER 3 1 261 620 49,2 45,8 3,4
RENNES 2 1 709 870 50,9 47,7 3,2
AVIGNON 666 292 43,8 40,7 3,2
NIMES 446 197 44,2 41,1 3,0
UNIVERSITE PARIS 12 1 599 668 41,8 38,9 2,9
UNIVERSITE LITTORAL 1 091 501 45,9 43,1 2,8
RENNES 1 981 460 46,9 44,5 2,4
GRENOBLE 1 749 327 43,7 41,4 2,2
LILLE 2 1 180 522 44,2 42,4 1,8
POITIERS 1 516 719 47,4 45,8 1,7
PARIS 7 461 196 42,5 41,0 1,5
NICE 1 780 756 42,5 41,3 1,1
GRENOBLE 2 1 149 515 44,8 43,8 1,1
ARTOIS 899 399 44,4 43,4 0,9
TOULON 781 300 38,4 37,6 0,8
PARIS 5 1 142 481 42,1 41,4 0,7
AMIENS 1 590 678 42,6 42,1 0,6
BORDEAUX 4 1 162 480 41,3 40,8 0,5
PARIS 1 2 649 1 150 43,4 43,7 -0,3
PARIS 4 1 171 582 49,7 50,1 -0,4
NANTES 2 394 1 088 45,4 45,9 -0,4
CLERMONT FERRAND 2 1 090 495 45,4 46,1 -0,7
CORSE 232 97 41,8 42,6 -0,8
LE HAVRE 365 133 36,4 37,4 -1,0
LILLE 1 1 133 454 40,1 41,2 -1,1
MONTPELLIER 1 937 345 36,8 38,4 -1,6
AIX-MARSEILLE 3 558 1 430 40,2 41,8 -1,6
VALENCIENNES 762 299 39,2 41,2 -2,0
ROUEN 1 641 649 39,5 41,8 -2,2
GRENOBLE 3 496 243 49,0 51,4 -2,4
PARIS 3 1 104 503 45,6 48,1 -2,6
LYON 1 818 290 35,5 38,1 -2,6
PARIS 2 1 428 601 42,1 44,9 -2,8
BORDEAUX 2 538 236 43,9 46,8 -2,9
PARIS 10 2 684 1 061 39,5 42,5 -3,0
LYON 3 1 844 787 42,7 45,9 -3,2
REIMS 1 482 560 37,8 41,7 -3,9
TOULOUSE 3 777 272 35,0 38,9 -3,9
CAEN 1 817 727 40,0 44,2 -4,1
LILLE 3 1 621 605 37,3 44,0 -6,6
STRASBOURG  2 667 969 36,3 43,5 -7,2
BORDEAUX 3 1 399 563 40,2 47,9 -7,7
TOULOUSE 2 1 473 563 38,2 46,1 -7,8
PARIS 8 1 377 383 27,8 36,2 -8,4
PARIS 11 1 150 377 32,8 41,5 -8,7
LA REUNION 1 479 424 28,7 37,5 -8,8
MONTPELLIER 2 577 174 30,2 39,6 -9,5
ANTILLES-GUYANE 1 509 365 24,2 34,0 -9,8
PARIS 6 875 237 27,1 38,4 -11,3
BORDEAUX 1 783 218 27,8 41,2 -13,4
POLYNESIE FRANCAISE 471 74 15,7 33,3 -17,6
NOUVELLE-CALEDONIE 335 55 16,4 36,9 -20,4
Ensemble 89 209 38 199 42,8
LORRAINE 3 547 1 494 42,1 42,7 -0,6

M1/M2 : quand est-ce que les étudiants changent de fac ?
Bien que la sélection s'opère en M2, c'est à l'entrée du M1  que les étudiants sont le plus mobiles. En effet, 42.6% des étudiants de M1 ont changé d'établissement à leur entrée dans cette première année de master, tandis qu'à l'entrée du master 2, 37.4% des étudiants sont issus d'un autre établissement.

Certaines disciplines comptent plus d'étudiants en mobilité entre la L3 et le M1, comme les langues (45.8%) et les sciences humaines (47.5%), d'autres à l'inverse sont plus "stables", comme le droit et la filière AES (34%).

A l'entrée du master 2, ce sont les disciplines STAPS et Langues pour lesquelles les mobilités sont les plus faibles (25%), le droit et les sciences économiques devenant elles des filières de forte mobilité entre universités (45% et 48.6% d'étudiants issus d'un autre établissement).
Lire aussi
- L'analyse détaillée de Pierre Dubois, blogueur EducPros : Taux de succès en licence : 38,9% (et son billet Polémiques statistiques - mai 2009)

- La note d'information 13.02 "Parcours et réussite en licence et en master à l'université" (pdf), avec les documents et annexes qui l'accompagnent.

- La note d'information "Parcours et réussite en licence des inscrits en L1 en 2004" (pdf)

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