Université : la réforme du premier cycle au centre du budget 2018

Laura Taillandier Publié le
Université : la réforme du premier cycle au centre du budget 2018
Les crédits disponibles pour les universités augmentent de 234 millions d'euros dans le projet de loi de finances 2018. // ©  Hamilton / R.E.A
Financer la réforme du premier cycle et rattraper le retard budgétaire dans le domaine de la recherche : telles sont les deux priorités du budget 2018 du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Des crédits en hausse de 707 millions d'euros auxquels s'ajoute l'enveloppe de 7,6 milliards d'euros prévue dans le Grand plan d'investissement.

Un budget de 27,4 milliards en 2018, puis 27,9 milliards en 2019 et enfin 28 milliards d'euros en 2020. Le gouvernement a présenté, mercredi 27 septembre 2017, la programmation pour les trois ans qui viennent pour la Mires (Mission interministérielle recherche et enseignement supérieur). Selon ces chiffres, c'est donc le PLF (Projet de loi de finances) 2018 qui concentrera la plus forte hausse, à hauteur de 707 millions d'euros par rapport à 2017.

Cette augmentation doit avant tout permettre avant tout de financer la réforme du premier cycle, en discussion jusqu'à la mi-octobre. Une hausse annoncée le 14 septembre 2017 par Frédérique Vidal, qui rassure globalement universités et syndicats, même si certains jugent ce montant toujours insuffisant.

Pour mettre en place la réforme, le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation table en effet sur "plusieurs leviers" : une hausse des crédits alloués aux formations supérieures de 194 millions d'euros (programme 150) et une somme de 450 millions d'euros supplémentaires prévues dans le cadre du Grand plan d'investissement annoncé lundi 25 septembre 2017 (voir encadré). 

175 millions en plus pour le fonctionnement des universités

Au total, le ministère de l'Enseignement supérieur disposera d'un budget de 24,5 milliards d'euros. Sur ces crédits, 13,4 milliards d'euros seront alloués aux formations supérieures (programme 150), soit une hausse de 194 millions d'euros. "À laquelle il faut rajouter 40 millions d'euros de crédits supplémentaires dégagés grâce à une baisse significative du taux de mise en réserve", précise le ministère. Un mouvement initié sur l'ensemble des ministères pour avoir plus de visibilité sur les crédits disponibles.

Le ministère de l'Enseignement supérieur met donc en avant une hausse de crédits disponibles pour les universités de 234 millions d'euros (194 millions d'euros auxquels viennent s'ajouter 40 millions d'euros). Un budget supplémentaire à répartir sur deux postes : la gestion du patrimoine immobilier (59 millions d'euros) et le fonctionnement des universités (175 millions d'euros).

Cette dernière somme de 175 millions d'euros devrait notamment financer les mesures engagées par le précédent gouvernement, ainsi que le GVT (glissement vieillesse-technicité).

Combien de postes créés ?

Alors que la création de 1.000 postes était au cœur des budgets sous le précédent quinquennat, aucun chiffre n'est aujourd'hui évoqué. "Les universités sont autonomes et peuvent choisir d'augmenter le nombre d'enseignants-chercheurs, de chercheurs ou de personnels du second degré. On leur donne juste la liberté et la possibilité de le faire", relève le ministère.

Il ne communique pas non plus sur le modèle choisi pour répartir les crédits entre les établissements. "Les critères de répartition ne sont pas encore fixés", souligne-t-il.

Une réforme de l'immobilier dans les prochains mois

Autre volet important du budget des universités, l'enveloppe consacrée à l'immobilier (programme 150) se monte à 343 millions d'euros, en hausse de 59 millions d'euros. "Le but est de poursuivre voire d'accélérer la vague de réalisations déjà engagées". S'y ajoutent "300 millions d'euros en fonds propre pour valoriser le patrimoine", prévus à nouveau dans le Grand plan d'investissement.

"C'est le versant budgétaire d'une réforme plus large qui comportera un volet juridique destiné à donner les moyens aux universités de valoriser leur patrimoine." Cette réforme devrait intervenir dans les prochains mois. La CPU (Conférence des présidents d'université) plaide depuis longtemps que les universités aient la possibilité d'emprunter pour gérer leur immobilier.

Le plan de vie étudiante financé en dehors du PLF 2018

Les crédits consacrés à la vie étudiante (2,7 milliards d'euros au programme 231) sont également en hausse, de 11,4 millions d'euros. Cette augmentation servira principalement à financer les nouvelles aides à la mobilité en master et l'Arpe (Aide à la recherche du premier emploi). En revanche, ces crédits ne comprennent pas le financement du plan de la vie étudiante en discussion dans le cadre de la concertation.

Ce plan comprendra des mesures sur la santé, le logement, le transport ou encore la Sécurité sociale étudiante. Sa date de mise en œuvre – à la rentrée 2018 ou 2019 – n'est pas encore arrêtée, mais son financement par des crédits supplémentaires, assure le ministère.

C'est le volet recherche du budget qui concentre la plus forte hausse, avec 501 millions d'euros supplémentaires pour un budget de 8,4 milliards (programmes 172 et 193). Un accent mis sur la recherche qui "répond à un besoin extrêmement fort depuis longtemps", justifie-t-on Rue Descartes. 

Grand plan d'investissement : 7,6 milliards pour l'enseignement supérieur
Le plan d'investissement présenté par le Premier ministre, Édouard Philippe, lundi 25 septembre 2017, prévoit un budget de 7,6 milliards d'euros pour l'enseignement supérieur, la recherche et l'innovation. Sur cette somme, 4 milliards d'euros seront réservés pour l'enseignement supérieur et la recherche (dont 450 millions d'euros pour financer la réforme du premier cycle) et 3,6 milliards dédiés à l'innovation. "Il s'agit essentiellement de crédits du PIA 3 qui sont reformatés", ajoute le ministère.

Laura Taillandier | Publié le