Jonathan Marchal porte un sweat-shirt vert d'eau sur lequel est écrit en lettres visibles "Info Campus". Étudiant en troisième année de licence de géosciences à l'université d'Angers, il fait partie des 24 étudiants ambassadeurs formés par l'établissement pour aider les nouveaux inscrits de première année de licence à s'installer dans de bonnes conditions.
Lancé en 2014, Info campus est un guichet unique, installé durant toute l'année sur le campus de Belle-Beille. Les partenaires de l'université et les étudiants ambassadeurs, également appelés "les experts", aident les étudiants à réaliser un maximum de tâches administratives, de l'élaboration des dossiers de bourses au logement jusqu'à la demande de titres de transport.
"Ce service permet de rappeler à l'occasion aux étudiants qu'ils peuvent bénéficier d'une carte culture concoctée par l'université mais aussi du prêt gratuit d'un vélo, pour toute l'année !" énumère Kevin Chevalier, ancien étudiant ambassadeur, devenu pilote du dispositif. Ce que confirme Jonathan, qui s'est engagé pour la deuxième année consécutive dans le dispositif et est pour cela rémunéré sous contrat étudiant. "Ce job me donne l'opportunité d'aider les étudiants sur des questions pratiques mais pas seulement. C'est aussi l'opportunité de leur faire découvrir tout ce qui peut rendre leur vie d'étudiant plus belle, et notamment les activités sportives et culturelles."
un premier semestre crucial
Depuis plusieurs années, l'université d'Angers détient le plus haut taux de réussite en licence en trois ans, selon les données du ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. En 2016, elle gardait cette première place avec 60 % des étudiants de l'université, inscrits dans l'établissement depuis la L1, ayant obtenu leur diplôme en trois ans. Ce taux est de 40 % à l'échelle nationale.
Les étudiants doivent pouvoir se concentrer sur leurs études. Le premier semestre est souvent crucial.
(C. Robledo)
"Nous veillons à créer un environnement favorable aux études, détaille Christian Robledo, le président de l'université. Cela passe par le fait d'avoir une bibliothèque avec de larges horaires d'ouverture, mais aussi par l'aide apportée aux étudiants pour gérer le plus rapidement possible les contraintes logistiques liées à leur installation. Le premier semestre est souvent crucial et ils doivent pouvoir se concentrer sur leurs études."
prÉsenter la réalité de l'université
Outre leur implication dans Info campus, les ambassadeurs étudiants interviennent dans d'autres initiatives. Ils sont également en première ligne dans les actions menées entre l'université et l'ensemble des lycées de l'académie, aux côtés des équipes pédagogiques. Objectif : aider les lycéens à s'orienter de manière pertinente par rapport à leur projet professionnel. "Nous quadrillons l'académie, ce qui nous demande parfois de faire 80 kilomètres pour rencontrer pendant une heure parents et lycéens", souligne Delphine Lalanne, chargée de mission "Liaison lycée-université".
"Nous essayons de donner aux parents et professeurs, dont l'influence sur l'orientation des élèves est déterminante, les informations les plus fiables possible sur nos filières", rappelle-t-elle, tout en témoignant de "l'inquiétude visible" des parents. Les expressions telles que "peur d'être noyé dans la masse", "livré à soi-même" et "labyrinthe" sont récurrentes. "Notre objectif est de sortir de ces poncifs pour leur présenter la réalité de l'université d'aujourd'hui, qui a bien changé depuis trente ans."
Une réalité, qui prend la forme, à Angers, de travaux dirigés en petits groupes – les cours magistraux sont devenus marginaux –, d'un contrôle continu leur permettant de repérer très tôt les étudiants en difficultés, du tutorat, ou encore de l'existence d'un enseignant-référent pour chaque étudiant inscrit en première année de licence... "Notre université a la chance d'être à taille humaine, c'est notre force et il faut s'en servir. Nous essayons par tous les moyens de créer du lien, entre les étudiants et les enseignants-chercheurs, mais aussi entre les étudiants", développe Christian Robledo.
Réseaux d'entraide étudiants, tutorat par les pairs...
Assises dans le hall de l'UFR de lettres, langues et sciences humaines et sociales, Marine, Delphine et Élodie, toutes trois en deuxième année de lettres, parlent avec enthousiasme de l'entretien avec leur enseignant-référent. "Il prend vraiment le temps de poser des questions sur notre temps de travail, le temps passé dans les transports, notre intégration sociale... " détaille Marine.
Juste à côté, un groupe d'une dizaine de copines en deuxième année de psychologie rendent hommage d'une même voix à... la page Facebook de leur licence ! "L'administration n'est pas toujours très efficace – on ne compte pas le nombre de fois où des cours sont annulés ou décalés sans qu'on nous prévienne, dénoncent-elles. Heureusement via la page Facebook de la licence, nous pouvons poser nos questions et des étudiants des années supérieures nous répondent. Ils nous donnent des conseils sur les unités d'enseignement, les enseignants, les stages, l'orientation. C'est très utile !"
L'université d'Angers a la chance d'être à taille humaine, c'est notre force et il faut s'en servir.
(C. Robledo)
Sans être pilotée par l'administration, la création de ces réseaux d'entraide rejoint le mentorat par les pairs installé de manière volontariste par l'université dans les dispositifs d'aide à la réussite. À l'IUT par exemple, les bacheliers technologiques, qui représentent 40 % des effectifs, bénéficient d'un accompagnement spécifique dispensé en partie par des étudiants de deuxième année volontaires. "Nous ne choisissons pas forcément les meilleurs étudiants mais ceux qui ont du plaisir à transmettre, souligne Lydie Bouvier, la directrice de l'IUT, et cela marche très bien. Les étudiants ont parfois des blocages qui disparaissent quand l'idée est reformulée par un camarade."
Le modèle pluripass va-t-il essaimer ?
Lancé à la rentrée 2016, un accompagnement à destination des bacheliers technologiques, professionnels et des étudiants boursiers inscrits en première année de licence utilise à peu de chose près la même formule. Ces derniers peuvent bénéficier d'une à trois heures hebdomadaires de tutorat proposées par des étudiants de master ainsi que de l'aide d'un assistant pédagogique. Mais alors que 1.600 étudiants sont éligibles au dispositif, 500 places ont été ouvertes et seulement 150 étudiants se sont inscrits au premier semestre...
"Quelles que soient les aides proposées, la première difficulté reste d'attirer les étudiants qui en ont le plus besoin", constate Sabine Mallet, vice-présidente formation et vie universitaire à l'université d'Angers. "Pour réussir et avoir envie de réussir, il faut avant tout se sentir à sa place, dans la bonne formation", analyse Christian Robledo. Ce qui pose la question de l'orientation au cours de la licence.
L'université expérimente déjà le parcours pluridisciplinaire Pluripass, une première année de licence visant à préparer les étudiants aux études de santé tout en leur offrant la possibilité de poursuivre en deuxième année dans une autre filière. Elle pourrait être tentée d'étendre ce modèle à d'autres domaines, alors que l'appel à projet dédié aux nouveaux cursus, porté par le PIA 3 vient tout juste d'être publié.
Calme et cosy. Des couleurs vives, des espaces de détente mais aussi 24 salles de travail en groupe que les étudiants peuvent réserver. La bibliothèque universitaire Saint-Serge de l'université d'Angers donne envie d'étudier. Sur trois étages, avec 800 places disponibles, elle comptabilise 1,2 million de visites chaque année et fait partie des bibliothèques universitaires de France proposant les plus larges horaires d'ouverture.
Les étudiants peuvent y étudier de 8 h 30 à 22 h 30 du lundi au samedi, de septembre à juin, même pendant les vacances universitaires. Depuis la rentrée 2016, la bibliothèque est également ouverte le dimanche, de 13 heures à 20 heures. "Une initiative récente qui répond à un vrai besoin puisque le taux d'occupation le dimanche est de quasiment 50 %, indique Frédéric Desgranges, responsable de la BU. Le fait d'avoir des horaires invariables entraîne une fidélisation des étudiants."