Les grappes d'entreprises, ces pôles de compétitivité mal connus

Frédéric Dessort Publié le
Clusters de petites et moyennes entreprises spécialisées dans un secteur, les grappes d'entreprises animent depuis 2009 des filières territoriales dans le but de développer l'innovation technologique. À la clé, des échanges parfois très constructifs avec les acteurs universitaires locaux.

Le grand public connaît relativement bien les pôles de compétitivité. Près de 6.000 projets de R&D sont en effet nés dans le sillage de ces structures, qui regroupent entreprises, laboratoires, universités, écoles d'ingénieurs... Elles ont été lancées en 2005 avec la volonté de développer la compétitivité d'une filière à travers l'innovation technologique.

Dans la famille des clusters, les "grappes d'entreprises" ne bénéficient pas encore de la même renommée. Ce label, initié en 2009 par la Datar dans le prolongement d'une politique plus ancienne de soutien aux "systèmes productifs locaux", vise avant tout le développement écono­mique d'un secteur donné. Contrairement aux pôles de compétitivité, ces grappes d'entreprises ne sont pas focalisées sur l'émergence de projets de recherche et développement : "Leur objectif essentiel est le développement économique de leur filière, tout en apportant des services à leurs membres : veille, formation, actions à l'international...", précise Xavier Roy, directeur de France Clusters, une association qui regroupe pas moins de 180 membres, dont les trois quarts des grappes d'entreprises environ.

Composées essentiellement de petites et moyennes entreprises – dont peu de grands groupes –, elles s'avèrent en outre plus spécialisées et de taille plus modeste que les pôles de compétitivité. Outre les actions de formation professionnelle destinées à accompagner directement les PME, les grappes sont, peu ou prou, des acteurs du recrutement et de la formation initiale.

Des interactions avec le monde universitaire

Premier exemple : le cluster Éco-Énergies, basé à Lyon et largement soutenu par la Région Rhône-Alpes. Il compte environ 230 adhérents et développe un réseau sur le thème des énergies durables dans le secteur du bâtiment. "Nous avons constitué un groupe de travail avec le Greta, l'Afpa, les IUT et universités. Nous leur apportons des ­informations de terrain sur l'évolution et les besoins de nos métiers, explique Mickaël de Chalendar, directeur technique du cluster rhônalpin. Nous avons ainsi été amenés à conseiller l'école des Mines de Saint-Étienne avant qu'elle ne lance un nouveau cursus autour de la gestion technique des bâtiments. Un métier qui va fortement évoluer avec les nouvelles normes énergétiques."

À Toulouse, le cluster Water Sensors & Membranes, très spécialisé, est de taille beaucoup plus modeste avec seulement 16 membres – dont quatre laboratoires publics –, ce qui facilite son animation. "Notre lien avec la recherche et l'université est consubstantiel à notre activité", résume Mylène Desmond, chargée de mission du cluster.

Des partenariats public-privé qui peuvent ­conduire à des recrutements via l'apprentissage. C'est le cas pour le cluster Aghir, dédié aux solutions innovantes pour le handicap et l'autonomie. Basée à Vierzon, l'association professionnelle représente une petite filière qui compte environ 400 salariés. "Grâce au fonds de revitalisation industrielle, nous avons pu financer plusieurs postes d'apprentis issus de la licence Pro-développement de projets industriels de l'IUT de Bourges ainsi qu'une dizaine de projets tutorés dans le cadre du BTS Conception de produits industriels du lycée Henri-Brisson à Vierzon. Avec au total cinq embauches dans notre secteur", se réjouit François Clergeot, directeur du cluster.

À ce jour, 126 de ces grappes ont été conven­tionnées et ont reçu de l'État en moyenne 200.000 euros pour trois ans. "Un investissement qui ne devrait pas être renouvelé à l'issue de ce programme, l'État souhaitant que les grappes trouvent un modèle économique", prévient Constance Arnaud, chargée de mission à la Datar. Les collectivités locales prendront-elles le relais de l'État ? Cette question devrait trouver une réponse dès 2014, de territoire en territoire.

Interface, la lettre des relations écoles-universités-entreprises

Comment optimiser sa récolte de la taxe d’apprentissage ? Comment améliorer l’insertion professionnelle de ses jeunes diplômés ? De quelle manière établir des partenariats avec des PME ? La réponse est dans Interface, la nouvelle lettre bimensuelle qui facilite les relations entre l’enseignement supérieur et le monde économique.

Lancée par l’Etudiant-EducPros et l’Entreprise, Interface s’adresse aux professionnels des relations écoles-universités-entreprises (directeurs d’établissements, responsables des relations entreprises, BAIP, mais aussi campus managers, recruteurs, RH…).

Dans chaque numéro, huit pages de conseils, d’analyses et de bonnes pratiques mais aussi toute l’actualité du secteur, les manifestations et les nominations qui comptent.

Interface est disponible sur abonnement

Frédéric Dessort | Publié le