J-M Merriaux (Mission laïque française) : "Nous voulons accompagner nos élèves dans le post-bac"

Oriane Raffin Publié le
J-M Merriaux (Mission laïque française) : "Nous voulons accompagner nos élèves dans le post-bac"
La Mission laïque française accueille plus de 60.000 élèves dans le monde dans 108 établissements. // ©  DEEPOL by plainpicture
Association d’utilité publique créée il y a 120 ans, la Mission laïque française accueille plus de 60.000 élèves dans le monde, au sein de ses 108 établissements - de l’école maternelle au lycée. Échange, avec son directeur général, Jean-Marc Merriaux, sur la stratégie que ses équipes vont déployer ces prochaines années à la suite d'un recentrage des orientations après la pandémie de Covid et à une concurrence accrue de formations internationales.

Vous aviez élaboré un texte d'orientation pour la période 2019-2024. Pourquoi avez-vous décidé récemment de revoir les orientations stratégiques de la Mission laïque française ?

Nous avons décidé de revoir ces orientations stratégiques pour prendre en compte les évolutions majeures de ces derniers temps, et notamment la pandémie. Elle a été un catalyseur de la transformation de la place de l’éducation dans le monde. Nous avons fait le choix d’accélérer le déploiement de nouvelles offres, face à une concurrence de plus en plus marquée.

Jean-Marc Merriaux  Mission laïque française
Jean-Marc Merriaux Mission laïque française © Photo fournie par le témoin

Nos nouvelles orientations s’adaptent donc au nouvel environnement, tout en s’inscrivant dans les objectifs fixés par le président de la République, du doublement des effectifs de l’enseignement français à l’étranger d’ici 2030. Dans ce contexte, nous avons signé une nouvelle convention avec l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) pour réaffirmer notre rôle d’opérateur de formation.

Où et comment se manifeste la concurrence que vous évoquez ?

Cette concurrence concerne les établissements à proprement parler. On constate un effritement réel au niveau de l’école maternelle. Or, comme nous avons beaucoup d’élèves locaux, quand ils entrent en maternelle, ils sont amenés à rester tout au long de la scolarité au sein de nos établissements. Cela permet de "cylindrer" toute la structure de notre école et de garantir un modèle pédagogique et économique associé.

Outre des éléments conjoncturels ponctuels et localisés, cette concurrence s’explique de deux manières. Très souvent, des réflexions locales ont pu avoir lieu sur le préscolaire, comme ça a été le cas au Maroc, ou en Espagne, avec un renforcement de l’enseignement public, et par ailleurs, on observe une explosion de la concurrence anglo-saxonne.

Comment allez-vous répondre à ce nouveau défi concurrentiel ?

Notre enjeu aujourd’hui est de consolider l’existant et de réfléchir à comment renforcer notre attractivité. Dès la maternelle, on s’interroge sur comment renforcer les apprentissages, travailler sur le bien-être, la sociabilisation et les compétences psycho-sociales pour que, très tôt, les élèves se sentent bien dans l’école.

Nous travaillons également sur la question des langues et du plurilinguisme, pour être encore meilleurs sur ce volet, mais aussi sur la façon de mettre en avant notre pédagogie responsable et innovante, notre travail autour des objectifs de développement durable, etc.

Parmi nos pistes de travail, pour renforcer notre capacité à bien valoriser nos actions, nous nous penchons sur l’évaluation de nos établissements. Pendant longtemps, le pilotage et le développement ne se sont réalisés que par la demande. Aujourd’hui, on doit mettre en place une politique de l’offre : mettre en exergue nos atouts, l’excellence pédagogique, à travers un certain nombre d’outils, pour faire face à cet environnement de plus en plus concurrentiel.

Le bac français international, lancé l’an dernier, qui doit rivaliser avec un certain nombre de diplômes internationaux.

Nous sommes une association d’utilité publique, nous ne sommes pas dans l’optique de faire de l’argent, mais dans celle de renforcer notre association et notre réseau et de porter notre modèle pédagogique, éducatif et les valeurs que nous avons définies il y a 120 ans.

Toute cette réflexion se fait en lien avec le bac français international, lancé l’an dernier, qui doit rivaliser avec un certain nombre de diplômes internationaux. C’est un enjeu crucial pour nous : la capacité que chacun de nos élèves puisse travailler dans le monde entier et accéder aux formations d’excellence.

Aujourd’hui, en moyenne, un tiers de nos élèves se rend en France, un tiers reste localement et un tiers se dirige vers d’autres dispositifs internationaux. Nous travaillons à comment les accompagner dans le post-bac, pour utiliser Parcoursup et faire qu’ils puissent poursuivre sereinement leurs cheminements.

Autre priorité pour vous, le déploiement de la formation du personnel ?

Même si cet élément était présent dès la création de la Mission laïque française, la formation du personnel - que ce soit en formation initiale ou continue - a pris une dimension très importante aujourd’hui. Nous avons majoritairement recours à des enseignants locaux, francophones. Dans ce contexte, nous avons besoin d’un accompagnement par la formation.

Aujourd’hui, notre offre regroupe 624 formations, contre 497 pour l’année 2020-21. Alors qu’en 2020-2021 nous avions 27.000 inscrits à nos formations, qu’elles soient en ligne ou en présentiel, nous en avions 31.741 l’année suivante. Et cela continue à augmenter, de manière exponentielle.

Nous avons récemment proposé des DU et master, avec, là aussi, une forte progression des inscrits. Nous formons essentiellement nos personnels, mais pas seulement. L’enjeu de la coopération éducative est central pour nous, avec, par exemple, la création de Centre de développement professionnel à Abidjan (Côte d’Ivoire) ou au Maroc, qui s’adresse aussi aux enseignants des systèmes éducatifs locaux.

Oriane Raffin | Publié le