Jean-Pierre Astruc : "L'association de Paris 13 ne peut être qu'un pas vers la fusion"

Morgane Taquet Publié le
Jean-Pierre Astruc : "L'association de Paris 13 ne peut être qu'un pas vers la fusion"
Pour Jean-Pierre Astruc, une fusion des quatre universités de l'USPC viendra étendre le Grand Paris académique à la Seine-Saint-Denis. // ©  Marta NASCIMENTO/REA
Il n'a pas obtenu gain de cause. Si elle se confirme, la fusion des universités membres d'USPC aura bien lieu sans l'université Paris 13. Jean-Pierre Astruc, son président, l'assume : il fait le choix de la communauté pour récupérer l'Idex.

Jean-Pierre Astruc - université Paris 13Mercredi 12 octobre 2016, vous avez signé un communiqué commun avec les trois autres universités d'USPC (Université Sorbonne-Paris-Cité) qui écarte Paris 13 de la fusion. L'avez-vous signé à contrecœur ?

J'ai toujours été clair, ma vision de l'USPC était celle d'une fusion à quatre et non à 3 + 1. Je regrette que nous ne suivions pas cette voie pour le moment. Nous acceptons aujourd'hui une convention d'association pour obtenir une fusion différée. À l'heure actuelle, au sein d'USPC, une université – Paris 5 – pense que le moment n'est pas bon, et que cette fusion à quatre serait compliquée. 

Ma position est la suivante : nous avons une ambition commune, celle de récupérer l'Idex. Cette reconquête passe par la fusion des universités, à trois, puis à quatre. Il faut faire des choix, et je fais celui de la communauté.

À défaut, vous demandiez un échéancier pour intégrer la future université fusionnée [Paris 3, Paris 5, Paris 7]. Vous n'avez pas obtenu gain de cause ?

Je n'ai pas obtenu ce que je voulais, mais je ne renonce pas. Je regrette de ne pas avoir d'échéancier établi, mais nous avançons et nous trouverons un calendrier. Il faut croire qu'en quatre ans de travail, nous n'avons pas assez explicité qui nous sommes, et pas assez fait œuvre de pédagogie auprès de nos collègues.

En 2019, vous ne serez sans doute plus aux manettes de votre établissement, tout comme les trois autres présidents. Quelle garantie avez-vous que cette intégration aura bien lieu ?

Ce sera inscrit dans les statuts de la future université. Nous y veillerons. Je crois totalement à l'intégration future de Paris 13, si nous jouons cette option, c'est que nous y croyons. Regardez, dans la construction du Grand Paris, il faudra faire sauter le plafond du verre qu'est le périphérique. Cette fusion avec Paris 13 viendra étendre le Grand Paris académique à la Seine-Saint-Denis.

Dans la construction du Grand Paris, il faudra faire sauter le plafond du verre qu'est le périphérique

Quelles seront les modalités de cette convention d'association ?

Nous aurons deux ans pour discuter des termes de la convention et de notre intégration. Il faudra être particulièrement attentif, notamment sur la question des Labex, dont les financements retomberont en 2019 dans l'escarcelle de l'Idex, ce dernier décidant alors de leur réaffectation.

Entendez-vous les arguments du président de Paris-Descartes, Frédéric Dardel, sur la complexité d'une fusion à trois plutôt qu'à quatre ?

Que l'on soit trois ou quatre, quand on fusionne, c'est compliqué. Dans la fusion, chacun perd un peu de sa personnalité et apporte sa compétence et son expertise. Ce ne sera pas Paris 5 + ou Paris 7 +, il s'agira de construire une nouvelle université.

Que répondez-vous aux remarques de Frédéric Dardel sur la différence de culture et de recherche entre les composantes santé de Paris 5 et celles de Paris 13 ?

Nous n'avons pas les 1.300 chercheurs de Paris-Descartes. Nous avons 60 chercheurs, il est certain que nous ne pouvons pas être aussi performants. Mais nous avons nos domaines d'excellence, comme l'étiquetage nutritionnel, qui fait beaucoup parler de lui depuis quelques mois. Nous produisons moins de publications que Paris-Descartes, mais nous sommes de très bon niveau si l'on regarde les facteurs d'impact.

Dans quelque temps, mes collègues, je l'espère, se rendront compte de la qualité de Paris 13 : nous sommes porteurs de trois Labex sur les neuf que compte l'USPC et partenaires de trois autres. La qualité de la recherche de notre université n'est pas à démontrer.

Comment votre communauté a-t-elle réagi, après l'annonce de votre seule association ?

La communauté de Paris 13 a été profondément touchée par la remise en cause de ses qualités. Mais, au-delà de ce sentiment de déconsidération, il y a un objectif supérieur qui est l'USPC. Quand on veut construire, il y a des moments difficiles, et il est vrai que nos collègues n'ont pas été très charitables avec nous.

Ce qui compte désormais, c'est le 16 décembre, date à laquelle nous présenterons notre feuille de route à nos conseils d'administration respectifs. Si nous ne réussissons rien, nous n'aurons rien. Le Commissariat général à l'investissement a prévenu : la dernière chance qui s'offre à nous, c'est en février 2017, lors de la sélection finale du PIA 2. Après, il sera trop tard.


La fusion des universités, présentée aux conseils d'administration de décembre
Dans un communiqué commun publié le 12 octobre 2016, les quatre présidents des universités membres de l'USPC proposent de présenter, devant leurs conseils d'administration respectifs du 16 décembre 2016, "une feuille de route en vue de la création, à l'horizon du 1er janvier 2019, d'un nouvel établissement omnidisciplinaire et multisites dans le cadre du Grand Paris, composé des universités Sorbonne-Nouvelle, Paris-Diderot et Paris-Descartes, auquel l'université Paris 13 sera pleinement associée" via une convention d'association qui reste à rédiger.

Sur la question de l'intégration ultérieure de Paris 13 à ce futur ensemble, le style se veut plus confus. En effet, les universités prévoient "l'inscription dans les statuts de cette nouvelle université, notamment dans le préambule et les articles traitant des modalités d'évolution du périmètre, d'une ouverture vers l'intégration de Paris 13, voire d'autres établissements, qui soient à la fois explicite en termes d'intention et effectivement possible."

Thierry Mandon, secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur et à la Recherche, se réjouit qu'un accord ait été trouvé et souligne "l'importance de donner des perspectives claires d'adhésion à la future université fusionnée pour Paris 13."
Aller plus loin : - Lire la biographe EducPros de Jean-Pierre Astruc
Morgane Taquet | Publié le