O. Faron (Cnam) : "L’enseignement supérieur doit se doter d’un plan de numérisation"

Amélie Petitdemange Publié le
O. Faron (Cnam) : "L’enseignement supérieur doit se doter d’un plan de numérisation"
Le conservatoire national des Arts et Métiers déploie ses formations vers des publics et des territoires éloignés. // ©  Sandrine Villain/cNAM
Olivier Faron a été nommé à la tête du Cnam (Conservatoire national des arts et métiers) en 2018 pour un deuxième mandat consécutif. Le directeur général fait le point sur le développement de ses formations dans les territoires isolés et la numérisation à marche forcée dans un contexte de pandémie.

Le Cnam a fermé ses portes lundi 16 mars en raison de l’épidémie de coronavirus. Qu’avez-vous mis en place pour assurer la continuité pédagogique ?

Cette situation de crise montre que nous ne sommes pas à la hauteur. L’enseignement supérieur doit se doter d’un plan de numérisation. J’en ai parlé à la ministre de l’Enseignement supérieur et nous allons réunir une conférence des présidents d’université à ce sujet.

Olivier Faron
Olivier Faron © L. Benoit/Cnam

Au Cnam, nous avons réagi dès le mois de janvier. Nous avons deux plans de continuité. Premièrement, un plan de continuité d’activité, afin de maintenir ce qui a trait aux services informatiques et administratifs, qui sont vitaux pour l’établissement. Nous nous adaptons aux questions de confinement tout en continuant nos activités, c’est une incitation à aller encore plus loin dans le télétravail.

D’autre part, j’ai confié à mon adjoint en charge des questions de formation un plan de continuité pédagogique, afin de développer la formation à distance. Nos centres en région sont capables de déployer quasiment toutes leurs formations à distance. Au total, c’est le cas d’environ 50% de l’offre de formation.

Nous allons évidemment accélérer pour augmenter ce chiffre. Certains collègues considèrent que c’est difficile mais c’est une formidable incitation à aller plus loin. Il faut que toutes les chaines du processus de formation se numérisent : l’inscription, la réponse au compte personnel de formation (CPF), l’offre de formation et évidemment les certifications. Nous sommes très engagés dans cette démarche mais nous avons une marge de progression.

Comment est-ce que le Cnam se positionne dans le paysage de l’enseignement supérieur ?

Le Cnam est le plus gros établissement public professionnalisant des adultes. Aujourd’hui, nous formons 75.000 auditeurs, dont 8.000 à l’international. Nous délivrons plus de 150 formations diplômantes.

Nous ne sommes ni une grande école ni une université. C’est une place particulière, nous sommes rattachés au ministère de l’Enseignement supérieur mais nous travaillons beaucoup avec le ministère du Travail. Nous sommes aussi ouverts à toutes les formes de collaboration. Nous portons par exemple un projet de campus numérique avec Arts et Métiers (Ensam), à Chalon-sur-Saône. Il ouvrira en septembre 2021, avec quatre ou cinq formations pour des promotions de 20 à 25 personnes.

Le public majeur et historique du Cnam, ce sont à 70% des actifs qui veulent monter en compétence, notamment avec leur CPF. Nous avons aussi de plus en plus de demandeurs d’emploi et nous nous sommes élargis aux post-bac. Certaines écoles font d’ailleurs partie du Cnam, comme l’ESGT (École supérieure des géomètres et topographes) au Mans.

Nous devenons une grande maison de l’apprentissage, avec 7.000 personnes en apprentissage, des effectifs qui augmentent d’année en année.

Notre particularité, c’est aussi de déployer la formation vers les publics éloignés et les territoires qui ont des formations insuffisantes. Nous avons 150 centres d’enseignement en métropole et en outre-mer. Nous avons lancé l’opération cœur de territoires pour ouvrir une centaine de nouveaux centres dans des villes moyennes. La convention a été signée le 1er avril 2019, pour un démarrage dans 55 villes dès 2020. Un deuxième appel à projets va être lancé, a priori avant l’été.

Enfin, nous nous inscrivons dans une politique d’inclusion sociale. Nous investissons dans la formation des bacheliers professionnels, avec l’école Vaucanson, mais aussi dans la formation des décrocheurs n’ayant pas le bac, avec des solutions en codage numérique.

Quels sont les projets pour les années à venir ? De nouvelles formations vont-elles voir le jour ?

Un gros organisme de formation comme le Cnam doit s’adapter à la demande d’emploi. Nous travaillons avec un groupe d’intérim pour avoir un descriptif de la situation de l’emploi. Ils nous informent sur les domaines saturés et les domaines porteurs.

Nous devons nous développer sur la formation en intelligence artificielle car la demande est très forte, notamment dans le secteur de la santé. Nous allons aussi nous renforcer dans les domaines du développement durable et du climat.

Vous venez de créer l’Institut national supérieur de l’éducation artistique et culturelle (INSEAC). A qui s’adresse-t-il ? Quelles formations seront proposées ?

Notre offre est très large : à part en médecine et dans le domaine des sciences humaines et sociales, nous avons quasiment tous les types de formation. Mais dans le tertiaire, nous nous sommes rendu compte que nous étions très absents du champ de la culture.

Cet institut, implanté dans l’ex-prison de Guingamp, proposera des formations avant le bac et des formations post-bac, comme un master en design. Il formera aussi les enseignants du secondaire. La Bretagne est une terre de festivals et manifestations culturelles, il y a un besoin en formation. La convention a été signée début mars, pour une ouverture à l’autonome 2021.

Amélie Petitdemange | Publié le