Enquête

Les internes sur le front face au coronavirus

Par Mersiha Nezic, publié le 26 mars 2020
Durée de lecture : 
4 min

Face à la crise sanitaire du coronavirus, l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI) appelle tous les jeunes professionnels à se mobiliser en appui dans les services sous tension. Les internes s'organisent pour soutenir les lignes de garde et d'astreintes.

Partout en France, ils sont mobilisés dans les hôpitaux. Face à la crise sanitaire du coronavirus qui continue de se propager, l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI) appelle tous les jeunes professionnels en formation et "actuellement en disponibilité, en année de recherche, en vacances" à "contacter leur cellule de crise locale (syndicat d’interne, ARS, CHU)" pour se joindre à la lutte contre l’épidémie.

"Une soixantaine d’internes coincés un peu partout dans le monde, dont une dizaine à Tahiti, cherchent à être rapatriés. Nous sommes en contact avec le cabinet du ministre de la Santé, Olivier Véran, pour trouver une solution", précise Léonard Corti, secrétaire général l’ISNI. Ce qui n’a rien d’évident avec la paralysie du trafic aérien due à la pandémie.

Les internes mobilisés pour tenir les lignes de garde et les astreintes

Une cellule de crise, constituée au sein de chaque établissement, œuvre à concentrer les forces dans les services sous tension et à la régulation du SAMU. Les internes affectés dans des services dont l'activité peut être réduite sont regroupés au sein d'un "pool de soutien". Objectif : tenir les lignes de garde et les astreintes supplémentaires dans les urgences, en réanimation, au service des maladies infectieuses. "Ils sont recensés en fonction de leurs compétences, précise Léonard Corti, secrétaire général l’ISNI.

Les internes qui ne se sentent plus en état de travailler dans les services sous tension peuvent être relayés. Les volontaires peuvent changer d'établissement pour travailler "en renfort".

Le syndicat demande aux jeunes professionnelles enceintes et à celles et ceux atteints d’une pathologie chronique, ainsi qu’aux personnes infectées par le virus de respecter un confinement total, sans participer à la prise en charge des patients. Ils peuvent se diriger vers la coordination des équipes au sein des cellules de crise.

Des dizaines d'internes infectés par le coronavirus

L’ISNI, qui estime que des dizaines d’internes ont été touchés par le coronavirus (surtout dans le Grand Est, à Besançon et en Ile-de-France) demande aux établissements hospitaliers la reconnaissance de l’accident du travail et de la maladie professionnelle de l’infection. "Inimaginable que l'on n’ait pas gain de cause alors que les internes sont en première ligne face à une maladie mortelle. On sait maintenant que des formes de coronavirus peuvent provoquer des séquelles, notamment pulmonaires", s’inquiète le secrétaire général du syndicat junior.

Le délai pour passer la thèse repoussé ?

La crise impacte forcément le cursus. Les changements de lieu de stage, qui devaient intervenir le 1er mai, sont ainsi reportés d’un mois pour ne pas déstabiliser les services des hôpitaux en pleine épidémie. En outre, le syndicat continue de demander un délai pour le passage de la thèse obligatoire pour l’accès au statut de "docteur junior".

Créé en juillet 2018, celui-ci concerne les étudiants en fin de troisième cycle des études de médecine et de pharmacie inscrits en biologie médicale, c’est-à-dire les internes qui sont "en phase de consolidation". Celle-ci succède à une première "phase socle" puis à une deuxième "phase d'approfondissement". "Il pourrait y avoir des cas d'internes qui n’ont pas pu encore soutenir leur thèse, au 31 octobre. Quelle est la solution, si l'entrée dans la phase de consolidation leur est barrée?", interroge Léonard Corti. La question reste encore en suspens.