À l'ombre de la Sorbonne, l'IAE de Paris veut sa place au soleil

Cécile Peltier Publié le
À l'ombre de la Sorbonne, l'IAE de Paris veut sa place au soleil
L'IAE de Paris a emménagé en septembre 2016 dans de nouveaux locaux du complexe Biopark, dans le 13e arrondissement de Paris. // ©  IAE de Paris 1 – Panthéon-Sorbonne
Après la pluie, le beau temps. Le plan stratégique 2017-2020 de l'IAE de Paris, présenté le 27 mars 2017 lors de l'inauguration de ses nouveaux locaux, fait du développement des synergies avec l'école de management de l'université Paris 1, la clef de son développement national et international.

Nouveaux hommes, nouveaux temps, nouvelles stratégies. Après un rapprochement raté avec l'université Paris-Dauphine en 2013 et une période de "pré-divorce" avec Paris 1 Panthéon-Sorbonne, l'IAE (Institut d'administration des entreprises) de Paris, piloté depuis septembre 2016 par Éric Lamarque, a décidé de renforcer ses liens avec sa tutelle, avec laquelle une nouvelle convention de rattachement avait été signée en 2014.

"Il y a eu des changements de gouvernance : un nouveau directeur à l'IAE, un nouveau président à Paris 1. Il semblerait qu'il y ait un alignement des astres ! Il faut en profiter pour faire des choses en commun", s'enthousiasme Éric Lamarque, qui a succédé à Jean-Pierre Helfer à la tête de l'institut.

Le plan stratégique 2017-2020, adopté le 28 février 2017 par le conseil d'administration de l'institut et dévoilé à la presse lundi 27 mars 2017 lors de l'inauguration des nouveaux locaux de l'établissement, fait du développement des synergies avec Paris 1-Panthéon-Sorbonne, et en particulier avec son UFR de gestion, l'EMS (École de management de la Sorbonne), l'axe principal de son développement. "Il est possible de créer à l'intérieur de Paris un pôle de management public de formation et de recherche de stature nationale et internationale. Mais pour cela, il faut que les gens se parlent !" insiste Éric Lamarque.

FORMATIONS et recherches communes

Cette collaboration se traduira par la construction d'une offre de formation commune fondée sur la complémentarité des profils. Tandis que l'EMS propose des formations à partir de la licence, essentiellement en formation initiale, l'IAE, qui accueille ses étudiants dès le master, s'est fait une spécialité de la formation continue et de l'apprentissage, qui représentent 80 % de son activité.

Dans le cadre de la réforme des intitulés de master, initiée en 2014, les deux partenaires ont déjà présenté une offre de masters conjointe, chaque mention étant codirigée. Mais les deux écoles envisagent également de créer des programmes communs et de renforcer les passerelles pour les étudiants. Des synergies sont également possibles sur le plan de ressources humaines, notamment du côté des enseignants-chercheurs. "L'IAE, qui développe des ressources propres, peut également mettre des personnels administratifs au service de l'ensemble", ajoute Éric Lamarque.

En matière de recherche, les deux partenaires travaillent à la mise en place d'un GIS (groupement d'intérêt scientifique) réunissant le Gregor (groupe de recherche en gestion des organisations) de l'IAE et le Prism (pôle de recherche interdisciplinaire en sciences du management) de l'EMS. Une association, qui permettrait aux deux laboratoires de répondre ensemble aux appels à projet, et notamment à ceux de l'ANR (Agence nationale de la recherche). 

VERS UN LABEL COMMUN ?

Pour coordonner les différentes actions menées dans le cadre de cette alliance, un comité de pilotage commun se réunira prochainement, pour "réfléchir à la création d'une marque ombrelle". "L'adoption d'un label commun de type "Sorbonne et management", un peu comme le fait Sciences po avec son école du management et de l'innovation, permettrait de gagner en visibilité en France et à l'international, et en particulier dans les classements. Ensemble, nous pouvons assez facilement apparaître dans les cinq meilleures structures de sciences de gestion en France, ainsi que dans le peloton de tête en Europe", estime Éric Lamarque.

Ensemble, nous pouvons assez facilement apparaître dans les cinq meilleures structures de sciences de gestion en France.
(É. Lamarque) 

"Souvent sollicité par l'AACSB", en revanche, l'IAE n'ira pas chercher d'accréditation internationale. Un label qui n'est pas très approprié au profil "très formation continue" de l'institut et qui ne semble pas lui être nécessaire pour séduire les partenaires étrangers. "En six mois, on ne m'a jamais demandé si nous étions accrédités à l'international. Quand on arrive avec la marque Sorbonne, on n'a pas de grande de difficulté..." s'enorgueillit le directeur de l'institut, qui s'affiche sur son nouveau logo en tant que "Sorbonne Business School".

DES DISCUSSIONS AVEC PARIS 2 ET l'ESCP EUROPE

Cette nouvelle stratégie s'inscrit dans un contexte parisien marqué notamment par l'éclatement d'Hésam. En novembre 2016, Paris 1 avait annoncé son départ de la Comue. "Il est important de trouver d'autres logiques d'association, insiste Éric Lamarque. Notre président est en discussion avec Paris 2 et l'ESCP-Europe. À elles trois, ces institutions rassembleraient 250 enseignants-chercheurs, ce qui les hisserait dans le top 5 européen, en nombre de chercheurs en management."

Plus largement, l'IAE entend continuer de s'appuyer sur quelques partenaires stratégiques triés sur le volet afin de renforcer son offre de formation. Sur le modèle du partenariat noué avec l'IFG (institut spécialisé dans la transformation managériale) pour développer les cours en ligne, elle ne s'interdit pas de nouveaux accords avec des acteurs de la formation continue, français ou étrangers. De même, en matière de formation initiale, des alliances avec d'autres établissements de type écoles d'ingénieurs, sont à l'étude.

L'IAE de Paris se dote de nouveaux locaux
Installé depuis sa création en 1956 rue Broca, en plein Quartier latin, l'IAE de Paris a déménagé en septembre 2016 au sein du Biopark, dans le nouveau quartier Paris Rive Gauche, près du site François-Mitterrand de la BNF (Bibliothèque nationale France), dans le 13e arrondissement parisien.

La location de ces 3.000 mètres carrés de locaux (contre 3.500 rue Broca) est financée par l'institut, qui espère pouvoir regagner quelques mètres carrés.

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