Classement Masters 2017 du "Financial Times" : les écoles françaises en recul

Étienne Gless Publié le
Classement Masters 2017 du "Financial Times" : les écoles françaises en recul
HEC est la seule école française à ne pas perdre de place dans le classement 2017 des "masters en management". // ©  HEC
La moitié des business schools anglaises progressent dans l'édition 2017 des meilleurs masters en management, contre seulement une seule française ! Une explication à rechercher dans les nouveaux critères de classement privilégiant les progressions de salaire et de carrière des jeunes diplômés.

Le cru 2017 du classement du "Financial Times" des masters en management ne restera pas comme une bonne année pour les écoles de management françaises. Avec respectivement 24 et 18 programmes classés, les business schools anglaises et françaises en constituent l'épine dorsale. Mais l'édition 2017, publiée le 10 septembre 2017, est peu flatteuse pour les écoles de ce côté-ci de la Manche : "la moitié des business schools anglaises grimpent dans le classement, contre une seule française", remarque le quotidien économique. Il s'agit du programme grande école de HEC Paris, numéro 2 du classement derrière l'université de Saint-Gall (Suisse), toujours en tête pour la 7e année consécutive.

Plus cruel : sur un an, un tiers des établissements anglais gagnent cinq places ou plus quand deux tiers des établissements français en perdent au moins cinq. Le diplôme d'Audencia est désormais classé 29e, au lieu de la 24e place en 2016. Celui de Grenoble École de management perd, lui, 20 places, chutant de la 13e place à la 33e. De même celui de l'Ieseg perd 14 places, classé désormais 31e contre 17e il y a un an.

Méthodologie revue, rang perdu ?

En cause ? La nouvelle méthodologie du FT. Principaux changements apportés : la collecte de données auprès des anciens diplômés portant sur leur premier emploi prend plus de poids dans la note finale.

"Ces informations sont agrégées avec celles portant sur leur emploi actuel, trois ans après l'obtention de leur diplôme, détaille Laurent Ortmans, statisticien en charge de la collecte et de l'analyse des données pour le FT. Elles nous permettent de calculer leur progression de salaire depuis l'obtention de leur diplôme, un nouveau critère de classement cette année."

Ce nouveau critère expliquerait-il la chute des business schools hexagonales ? En moyenne, selon le FT, les alumni des business schools anglaises auraient connu une hausse de salaire de 62 % entre leur sortie de l'école et aujourd'hui, contre une hausse de "seulement" 45 % pour ceux sortis des business schools hexagonales.

Toutefois, trois ans après leur sortie, les anciens étudiants ayant étudié dans une business school française continuent de gagner plus que ceux ayant étudié dans une business school outre-Manche : plus de 53.000 euros en moyenne contre près de 45.800 euros. Un ancien de HEC gagne même en moyenne aujourd'hui environ 82.000 euros par an, trois ans après l'obtention de son diplôme.

"Mais le fait de mesurer la progression de carrière au lieu de leur position de carrière actuelle joue en défaveur des écoles françaises", observe Laurent Ortmans. "Les écoles francaises étaient plutôt bien placées avant. Pour la plupart, elles figurent maintenant dans la seconde moitié de tableau pour ce nouveau critère. Toutefois, même sans aucun changement, certaines de ces écoles auraient perdu des places", nuance le statisticien.

Une concurrence accrue

"Le classement du FT prouve que le marché des master en management est de plus en plus concurrentiel, avec l'arrivée des business schools américaines et asiatiques sur ce segment. Certes, nous avons légèrement reculé [- 2 places], mais nous restons dans le top 5 des meilleurs masters en management du monde", relativise Félix Papier, le nouveau directeur adjoint de l'Essec, en charge du programme grande école.

Franck Bournois directeur général de l'ESCP Europe, classée 6e cette année (en recul de deux places), est, quant à lui, un peu sceptique sur le poids des nouveaux critères de classement du FT : "L'introduction de nouveaux critères, ajoutés au critère du 'value for money', pèsent désormais pour plus du tiers (35 %) du dispositif de classement. Un grand nombre des nouveaux éléments pris en compte sont de l'ordre du déclaratif des alumni. Il faut donc les regarder avec beaucoup de recul. J’espère que ces critères ne seront pas amenés à changer chaque année car ce ne serait pas une bonne chose pour l’environnement, en particulier pour les entreprises, très attentives aux données sur les salaires des jeunes diplômés et dont on voit qu'elles paient le prix fort." Des arguments à faire valoir auprès des auteurs du classement.

Les écoles de commerce françaises dans le palmarès 2017 des masters du "Financial Times"
Rang 2017 Rang 2016 École Pays
2 2 HEC Paris France
5 3 Essec business school France / Singapour
6 4 ESCP Europe FR / UK / DE / ES / IT
16 15 Edhec business school France
27 26 EMLyon business school France
29 24 Audencia business school France
31 17 Iéseg School of management France
33 13 Grenoble École de management France / UK / Singapour
35 26 Skema business school France / US / Chine / Brésil
40 34 Neoma business school France
48 40 Toulouse business school France
50 46 IAE Aix-Marseille Graduate school of management France
51 53 Kedge business school France
53 46 Montpellier business school France
54 43 ICN business school France
55 35 Rennes school of business France
59 46 Télécom business school France
62 49 Essca School of management France
67 63 EM Normandie France
68 - université Paris-Dauphine France
75 60 La Rochelle business school France
80 76 EM Strasbourg business school France
81 67 Burgundy School of business France
92 78 ESC Clermont France
Source : Financial Times. Masters in management Rankings 2017

Étienne Gless | Publié le