F. Lorente : "Je pars avec le sentiment du devoir accompli."

Guillaume Mollaret Publié le
F. Lorente : "Je pars avec le sentiment du devoir accompli."
Le bâtiment, dit Carré Sufren, rue de la Fédération à Paris, qui abrite l'IGAENR. // ©  IGAENR
Devenu, en 2012, le plus jeune président d’université en France à l’âge de 34 ans, Fabrice Lorente rejoint le corps de l'IGAENR (Inspection générale d'administration de l'Éducation nationale et de la Recherche) à partir du 1er juin 2019. Quelques jours avant de prendre ses nouvelles fonctions, il se confie à Educpros sur ses actions réalisées à la tête de l'UPVD (université Perpignan-Via Domitia).

Dans quel état d'esprit êtes-vous avant de quitter l'UPVD le mois prochain ?

Il y a d’abord le sentiment d’avoir réalisé la totalité des projets pour lesquels nous avons été élus au début de nos deux mandats. Parmi les choses marquantes, je retiens notamment la refonte complète de l’offre de formation, plus professionnalisante désormais, une densification des UMR, et la "smart spécialisation" de notre recherche tournée vers les énergies renouvelables et l’environnement.

Patrice Lorente
Patrice Lorente © XP UPVD saint.e photographie

Il y a aussi l’insertion professionnelle, qui est très satisfaisante eu égard au contexte local (le taux de chômage en Pyrénées-Orientales est le plus fort de France métropolitaine, NDLR). L’investissement de l’université dans le centre-ville de Perpignan constitue également une satisfaction, tout comme la création de Sup’EnR, la seule école d’ingénieurs dédiée spécifiquement au génie énergétique et aux énergies renouvelables en France, créée avec le groupe Insa.

Sur le plan social, il y a également eu l'inauguration d’une crèche sur le campus en 2017. Je pars donc avec le sentiment du devoir accompli en laissant une structure sur de bons rails, y compris sur le plan financier.

Quelle sera votre mission à l’IGAENR ?

J’aurai, comme les autres confrères rattachés, des missions de contrôle, d’études et d’évaluation, notamment des dispositifs et des politiques publiques. Mon travail passera également par des propositions d’amélioration auprès des deux ministres de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. J’aurai le plaisir de découvrir de nouvelles fonctions à travers la France entière. Je ne serai plus en première ligne mais en appui des politiques publiques.

Revenons à Perpignan. Les relations entre les universités de l’ex-Languedoc-Roussillon n’ont pas toujours été parfaites. Comment les établissements peuvent-ils transcender leurs divergences d’approche ?

C’est vrai que tout n’a pas toujours été simple, mais je reste un éternel optimiste tourné vers l’avenir. Il y a désormais un élan collectif avec Nîmes et les deux universités montpelliéraines. On travaille de mieux en mieux ensemble. Nos équipes se sont d'ailleurs réunies le 7 mai. Je sens une envie de redéfinir un projet commun.

Votre successeur sera élu pour moins d’un an avant un nouveau scrutin prévu fin mars 2020. Que peut-on lui souhaiter ?

On peut d’ores et déjà souhaiter que l’équipe qui arrive prochainement soit confortée en mars 2020 afin que l’établissement bénéficie de la continuité d’une vision. Je souhaite qu’elle puisse également travailler sur la mise en œuvre du contrat quinquennal avec l’État. Ce moment est d’ailleurs cohérent avec celui de mon départ car il me semble plus logique de quitter la présidence au moment où l’on construit le contrat. Ce sera le projet de la nouvelle équipe, et non celui de l’équipe sortante. Il faut donc souhaiter à cette équipe de continuer dans la voie du rayonnement de l’université, notamment en tant qu’acteur du développement socio-économique.

Avec 9.500 étudiants, quelle est la place de l'UPVD, qui a pu être qualifiée d'université de proximité par le passé, aux côtés des plus grands établissements de Toulouse et Montpellier ?

Je n’aime pas cette expression d’université de proximité. Nos universités ne sont pas plus proximales que celles des autres villes. Au niveau de la recherche, par exemple, la qualité de nos publications scientifiques n’a pas à rougir par rapport à celle de Toulouse et de Montpellier. Le rapport de l’IGAENR en 2016 en atteste. En fait, on est une université ou on ne l’est pas ! Il faut trouver, ce que nous avons fait à Perpignan, des éléments de complémentarité avec d’autres pôles qu’ils soient grands ou petits.

Dans nos universités à taille à humaine, il y a notamment beaucoup moins d’anonymat et plus de réactivité. Il faut des zones de spécialisation pour éviter la concurrence inutile sur les territoires. Il y a un maillage à imaginer, à construire et articuler une bonne fois pour toutes.

Guillaume Mollaret | Publié le