Laurent Champaney : "Je n'ai pas l'impression que Parcoursup ait profité à qui que ce soit au sein de la CGE"

Cécile Peltier Publié le
Laurent Champaney : "Je n'ai pas l'impression que Parcoursup ait profité à qui que ce soit au sein de la CGE"
Laurent Champaney dirige les Arts et Métiers depuis février 2017. // ©  Arts et Métiers
Alors que la procédure complémentaire de Parcoursup prendra fin le 21 septembre, Laurent Champaney, directeur général des Arts et Métiers ParisTech et président de la commission Amont de la CGE, fait le point pour EducPros sur les conséquences de l’introduction de la nouvelle plate-forme sur les recrutements des classes préparatoires et des grandes écoles postbac.

La plupart des formations qui n'étaient pas présentes sur Parcoursup étaient, début juillet, en attente d'une demande de dérogation d'un an. Où en sont-elles ?

La majorité des écoles d'ingénieurs et de commerce postbac hors Parcoursup ont en effet sollicité une demande de dérogation pour janvier 2020. La réponse du ministère de l’Enseignement supérieur, attendue fin juillet, est finalement arrivée fin août. Mais elles vont, dès cette année, devoir s'organiser pour 2020.

Laurent Champaney, directeur général d'Arts et Métiers
Laurent Champaney, directeur général d'Arts et Métiers © Arts et Métiers

Certains de vos membres sont sur Parcoursup, d'autres non. Quelle est l'ambiance au sein de la CGE ?

C'est un sentiment d'attente qui domine. Certaines de nos écoles qui étaient déjà sur APB étaient présentes dès cette année sur Parcoursup. La plate-forme concerne également les associations de professeurs de proviseurs de classes préparatoires, qu'elles soient littéraires, scientifiques ou économiques et commerciales, qui comptent parmi nos organismes membres.

Lors des premières réunions qui se sont tenues au printemps, puis au début de l'été, l'ambiance était étrange. Chacun avait le sentiment que le système profitait à l’autre. Puis, on a réalisé que tout le monde était dans le même bateau. Lors de la réunion du 27 août, nous étions d'accord pour demander au ministère d'être souple sur la date-butoir d'inscription dans les filières sélectives.

Selon vous, les incertitudes et le stress des familles liés à la mise en place de la nouvelle plate-forme ont-ils profité à certaines formations privées hors Parcoursup ? Certaines d'entre elles ont-elles observé un afflux d'inscriptions ?

Je n'ai pas l'impression que le système ait profité à qui que ce soit parmi les filières que nous représentons, qu'elles soient sur ou hors Parcoursup. À ce jour, sur la plate-forme, les taux de remplissage sont extrêmement hétérogènes d'un établissement à l'autre, quel que soit le type de formation. Avec une surprise concernant les classes préparatoires. Certaines très cotées, qui d'ordinaire recrutent très bien, ont cette année du mal à faire le plein. Et inversement.

Le taux de "oui" définitifs avoisinait 87 % au 27 août. La question qui reste en suspens est la suivante : les "oui, mais" vont-ils dire oui ou pas ? D'après nos premiers retours, les oui en attente se sont plutôt transformés en inscrits. Il s'agissait sans doute de candidats qui avaient déjà fait leur choix...

Notez-vous des différences de remplissage selon les types de classe préparatoire ?

Oui, le taux de remplissage est plus rapide chez les bacheliers technologiques que chez les scientifiques, qui ont plus de possibilités en termes de débouchés.

De même, certains établissements avec internat, comme "Ginette" [le lycée privé Sainte-Geneviève à Versailles (Yvelines)], qui correspondent à un choix de vie, n'ont aucun souci à attirer les étudiants. Globalement, la situation est très inégale d'un établissement à l'autre...

"Nous allons faire des préconisations mi-septembre au ministère, comme cela nous a été demandé."

Il était question que vous formuliez des préconisations...

Nous avons été reçus au cabinet de Frédérique Vidal le 25 août. Nous avons senti des interlocuteurs à l’écoute sur la manière de rendre le système plus efficace afin de remplir les places vacantes. Nous allons faire des préconisations mi-septembre au ministère, comme cela nous a été demandé.

Pour l'instant, tout le monde est d'accord pour dire qu'il y a eu pendant les vacances un gros travail de suivi des vœux de la part des établissements, formation par formation, pour au final des résultats très maigres et un processus très lent. Les prépas situées dans les lycées qui ont des dates d'ouverture et de fermeture ont moins de souplesse que les écoles et font plus les frais de ces retards.

Et ces préconisations, quelles seront-elles ?

Nous allons demander à maintenir, comme cela a été le cas cette année, une première phase de vœux sans hiérarchisation au cours de laquelle nous pourrons répondre aux candidats. C'est un moyen pour eux d'évaluer leurs chances de réussite, sachant qu'après, le calendrier est assez serré. Nous souhaiterions ajouter, pour toutes les formations, le rang du dernier admis l’année précédente, afin de donner au candidat une idée de ses chances d’admission.

Comme c'était le cas dans APB, nous recommandons de clore la phase principale fin juillet, lorsque les formations sont encore disponibles pour répondre aux questions des candidats. Il faut à tout prix éviter que les étudiants se retrouvent à faire des choix seuls au milieu du mois d'août, lorsque leurs parents sont partis en vacances et les lycées et les établissements d'enseignement supérieur sont fermés. On a observé cette année une recrudescence de demandes d’informations fin juillet de la part d'étudiants qui avaient une proposition de choix concernant une formation pour laquelle ils ne s'étaient pas renseignés auparavant.

Nous sommes prêts à nous soumettre à un calendrier unique et contraignant pour tout le monde. À condition qu'il permette de mieux accompagner les candidats et d'éviter les inégalités.

Cécile Peltier | Publié le