L’Éducation nationale augmente ses budgets malgré une baisse démographique attendue

Thibaut Cojean Publié le
L’Éducation nationale augmente ses budgets malgré une baisse démographique attendue
Le budget du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports atteindra 57 milliards d’euros en 2022. // ©  Romain GAILLARD/REA
Cette hausse sera principalement consacrée à la revalorisation des rémunérations des personnels et pour finaliser le dédoublement des classes de CP et de CE1. En revanche, aucune création de poste n’est attendue.

Le budget alloué au ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports (MENJS) augmentera de 1,9 milliard d’euros en 2022 pour atteindre 57 milliards d’euros en 2022 (hors contributions aux pensions de l’État), selon le projet de loi de finances présenté le 22 septembre 2021. Il reste le premier poste de dépenses de l’État.

La grande majorité de ce budget sera dédié à l’enseignement scolaire. Un budget en hausse de 3%, soit 1,6 milliard d’euros. Les deux autres portefeuilles du ministère recevront aussi une plus grosse enveloppe qu’en 2021 : 772 millions d’euros pour la jeunesse et la vie associative (+ 11,5%) et 987 millions pour les sports et la préparation des JO 2024 (+ 22%).

726 millions d'euros pour les salaires des personnels

Le budget 2022 intègre 726 millions d’euros dédiés à la revalorisation des salaires des personnels de l’éducation nationale. Ils s’ajoutent au 441 millions déjà dépensés en 2021, pour un total de 1.167 millions d’euros accordés à la revalorisation décidée dans le cadre du Grenelle de l’éducation.

Dans le détail, 500 millions sont attribués, en 2021 et 2022, à la prime d’attractivité en début et milieu de carrière des enseignants, conseillers principaux d’éducation (CPE) et psychologues de l’éducation nationale (PsyEN). À partir de février 2022, cette prime sera augmentée pour ceux qui la touchaient déjà, et étendue aux personnels ayant jusqu’à 22 ans d’ancienneté. Le ministère annonce que la rémunération nette mensuelle des professeurs en tout début de carrière aura ainsi été relevée de 1.700 à 1.869 euros entre 2020 et 2022.

Le reste des revalorisations concerne notamment les primes pour les directeurs d’écoles et personnels de directions et la hausse des salaires des inspecteurs et des personnels médicaux de l’éducation nationale. Les assistants d’éducation (AED) bénéficieront d’une participation au financement de leur mutuelle santé. Les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH), eux, bénéficieront d'une revalorisation indiciaire et une nouvelle grille de rémunération avec revalorisation automatique.

350 personnels du secondaire "redéployés" vers la vie scolaire

Du côté des emplois, le ministère annonce la création de 50 postes administratifs, et une stabilité des emplois enseignants des premier et second degrés, dans le public comme dans le privé. Il crée également 300 postes de CPE et 50 postes d’assistants de service social ou d’infirmiers. Pour les pourvoir, "on redéploiera des postes pour rester stables", reconnaît le ministère, qui justifie ce choix par "la démographie, [qui] est dans une situation où on perd beaucoup d’élèves".

La démographie pourrait d’ailleurs permettre au ministère de finaliser le dédoublement des classes de CP et CE1 dès 2022, selon ses projections, et sans recruter d’instituteurs supplémentaires. Le ministère prévoit en effet 89.000 élèves en moins en 2021, puis 81.000 en moins en 2022. Sur le quinquennat, il chiffre "la création d’environ 8.000 emplois dans le primaire, alors même qu’on a perdu 300.000 élèves".

Si aucun recrutement d'enseignants n’est prévu au collège, 1.800 heures supplémentaires seront financées pour renforcer le dispositif "Devoirs faits". Des enveloppes pour augmenter les aides sociales et généraliser le pass culture pour les jeunes de 18 ans - et le déployer pour les collégiens et les lycéens - sont également prévues. Des créations d’emplois sont toutefois à attendre dans le périmètre du ministère : 4.000 nouveaux AESH seront recrutés à la rentrée 2022, ainsi que 80 chefs de projets pour le service national universel (SNU).


Poursuite du plan de relance en 2022
En plus du budget prévu au PLF, le MENJS bénéficiera en 2022 de 393 millions d’euros issus du plan de relance, dont 122 millions sur le pan scolaire. Ils seront dédiés aux internats d’excellence, à la transformation numérique de l’administration et des contenus pédagogiques et au développement des "Cordées de la réussite".

Thibaut Cojean | Publié le