Décryptage

Egalité des chances : que sont les "Cordées de la réussite" ?

REA
Le dispositif "Cordées de la Réussite" va être élargi pour inclure un public encore plus diversifié. © Nicolas Tavernier/REA
Par Amélie Petitdemange, publié le 22 septembre 2020
6 min

Le dispositif "Cordées de la réussite" va passer de 80.000 à 200.000 places, a annoncé Emmanuel Macron début septembre. Objectif : promouvoir l'enseignement supérieur auprès des jeunes de milieu modeste ou rural.

Le dispositif "Cordées de la réussite" s'appuie sur des partenariats entre des collèges, des lycées et des établissements du supérieur. Il promeut les études supérieures auprès des jeunes issus de milieux modestes grâce à des actions de tutorat et d'accompagnement.

Accompagnement sur le long terme

Avec les 120.000 places supplémentaires annoncées par Emmanuel Macron, l'objectif est de développer le dispositif dans les territoires ruraux et d'y inclure un volet vie étudiante et culturelle. Il s'agit aussi d’accompagner les étudiants sur le plus long terme, de la 4e jusqu’à la fin du lycée. "Les classes en bénéficient souvent une année, cela doit être plus continu. Nous réfléchissons aussi à mettre en valeur la participation au dispositif, sur Parcoursup par exemple", a affirmé la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, mardi 15 septembre, à l'occasion de sa conférence de rentrée.

Pour Valérie Kopinski, responsable des admissions et du dispositif "Les Cordées de la Réussite" à l’Université de technologie de Compiègne, le défi réside surtout dans le repérage des participants. "Nous visons les jeunes pour qui l'enseignement supérieur n’est pas de fait, en raison de leur contexte social et familial. Mais au fil du temps, on se rend compte que nous avons tous les types d’élèves. Certains ont des parents cadres", relève-t-elle.

Plus de 300 dispositifs en France

Plus de 300 dispositifs sont labellisés "Cordées de la réussite" en France. Sciences po Paris a par exemple lancé son dispositif "premier campus" auprès de lycéens boursiers en juillet 2017. Trois cohortes de 50 lycéens sont accompagnées de la fin de la seconde jusqu'à trois ans après le bac. Les élèves sont sélectionnés sur critères sociaux dans les 13 lycées partenaires du dispositif. Ils profitent notamment d'immersions de 8 jours sur le campus de Reims.

"Ils sont logés sur le campus et participent à des cours magistraux, des conférences et des ateliers pratiques. On améliore leurs résultats scolaires et on leur ouvre le chemin des possibles", assure Karine Aurélia, directrice déléguée à l'égalité des chances de Sciences po Paris.

Méthodologie, orientation et culture

À l’IEP de Toulouse, le dispositif "DISPO" accompagne 850 élèves chaque année, majoritairement des lycéens mais également des collégiens. Il s’agit d’élèves issus soit des quartiers prioritaires de la ville, soit de milieux ruraux isolés.

L’accompagnement se fait en trois axes. Tout d’abord de la méthodologie, à travers des ateliers pratiques. Puis une réflexion sur l’orientation et de l’information sur la façon de financer ses études. Et enfin un axe culturel, avec des exercices dans des théâtres, des structures de danse… Les 7 IEP du réseau Sciences po participent ainsi au dispositif des "Cordées de la réussite", intervenant ainsi dans près de 400 collèges et lycées français.

Préparation aux concours

Selon Paul Vinachès, coordinateur du programme, il ne s’agit pas d’un programme de recrutement pour Sciences po, mais bien d'un accompagnement vers la réussite d’études supérieures longues.

Pourtant, le programme s’apparente parfois à une préparation aux concours, avec des cours dédiés et même des concours blancs. Une préparation gratuite qui peut bénéficier à des étudiants de milieu modeste. "Les prépas privées étaient trop chères pour moi et c’était impossible de préparer seul le concours. Mes parents n’ont pas fait d’études supérieures et ne connaissaient pas Sciences po, ils n'imaginaient pas que je puisse y entrer", témoigne Yoan, qui a bénéficié du dispositif lorsqu’il était au lycée Jean de Prades (Tarn-et-Garonne).

Le jeune homme, désormais étudiant à l'IEP de Toulouse, est devenu tuteur à son tour. "C’était une chance de participer à ce dispositif, j’ai voulu rendre la pareille, surtout dans les lycées ruraux. J’ai accompagné certains jeunes dans la préparation des concours, mais tous ne veulent pas faire Sciences po. Nous montrons aussi qu’il est possible de faire des études, que ça a un prix mais qu’il y a des aides. Nous sommes face à un public qui pense que les études, ce n’est pas fait pour lui, qu’ils doivent entrer rapidement sur le marché du travail", raconte-t-il.

Accéder à l'université

Les dispositifs "Cordées de la réussite" peuvent aussi bien mener à un IEP qu’à une école d’ingénieurs, une école de commerce ou une université. L’université d’Avignon a par exemple créé un dispositif, orienté vers les études scientifiques. "C’est un projet pédagogique en partenariat avec des acteurs de la culture scientifique", explique Aurélia Barrière, responsable "Cordées de la réussite" de l'établissement.

Les élèves des collèges partenaires passent des journées d’immersion dans la fac de sciences d’Avignon et rencontrent des scientifiques qui présentent leurs parcours d’études. L’université aimerait étendre ce dispositif auprès des lycées à partir de l'année prochaine.

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