La loi ORE et Parcoursup passés au peigne fin par le comité de suivi

Pauline Bluteau Publié le
La loi ORE et Parcoursup passés au peigne fin par le comité de suivi
Le rapport du comité de suivi de la loi ORE remis à Frédérique Vidal préconise des pistes d'aménagement pour Parcoursup. // ©  ©MESRI/xrpictures
Un an après sa mise en place, le comité de suivi de la loi ORE vient de rendre son premier rapport à la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal. Rôle de la fiche Avenir, bilan des "oui, si", politique de quotas floue, dialogue avec le ministère… Au total, 16 préconisations sont ressorties.

Lundi 7 octobre, soit un an et demi après la promulgation de la loi relative à l’orientation et la réussite des étudiants (ORE), le comité de suivi a donc remis en mains propres son rapport à Frédérique Vidal. Comme l’expliquent les auteurs : "[Ce] rapport apparaît comme un premier constat, nécessairement incomplet, qui vise à esquisser quelques pistes de travail (…)." En ligne de mire : la plate-forme d’admission postbac, Parcoursup. Le comité, composés d'experts, de recteurs et d'enseignants-chercheurs, estiment qu’il y a encore de nombreuses améliorations possibles.

Parcoursup : révélateur de "sujets longtemps enfouis"

Parmi les premières interrogations du comité : la pertinence de certains outils sur Parcoursup. À commencer par les lettres de motivation et la fiche Avenir. En plus des résultats scolaires, les établissements peuvent s’appuyer sur ces deux documents pour sélectionner leurs futurs étudiants. Mais ce n’est pas systématique : "Il semble que ce projet (de formation) motivé n’est pas regardé dans un grand nombre de cas", insiste le comité. Quant aux fiches Avenir, censées faire le lien entre le secondaire et le supérieur, elles sont trop imprécises et parfois "difficiles à utiliser".

Dans le viseur également des "sujets longtemps enfouis" : les quotas. Sur Parcoursup, les candidats ont connaissance des taux d’étudiants boursiers et hors-secteur géographique pour chaque formation. Le comité demande plus de transparence sur les modalités de fixation de ces taux par les recteurs et surtout sur l’impact réel des quotas. "Il s’agit d’un sujet sensible, car touchant à l’équité même du système (…)."

Les spécialistes jugent la politique de mobilité géographique assez floue, d’autant que le constat est sans appel : seuls 6% des étudiants changent de ville ou de région. D’après le comité, il faudrait proposer des aides financières plus adaptées aux besoins des étudiants pour les accompagner dans leurs projets lorsqu’ils le souhaitent.

Réviser la notion de réussite

Autre sujet largement abordé dans ce rapport : la réussite des étudiants. Et pour cause, il s’agit du nom de la loi du 8 mars 2018. Or, la notion même de réussite est à redéfinir, selon le comité. C’est une "notion en mutation qui tend à vouloir concilier la réussite académique et la réussite éducative ou personnelle. (…) La notion dépasse ainsi le cadre d’une durée prescrite au sein d’une filière".

Les écarts de notation entre lycées, et leur éventuelle prise en compte par les commissions d'examen des vœux, constituent un thème particulièrement sensible.

Les parcours "oui, si", mis en place dans les universités, en sont le parfait exemple. Ce dispositif permet aux étudiants qui ne répondent pas aux critères des formations de suivre des cours de soutien voire de réaliser leur licence en quatre ans et non trois. D’ailleurs, aucun bilan n’a pour le moment été établi au sujet des "oui, si", ce que regrette le comité. À la fois pour connaître l’évolution des étudiants concernés et continuer à les accompagner au mieux mais aussi pour mesurer les effets du dispositif (flexibilité des cursus, personnalisation des parcours…).

À l’inverse, des efforts sont encore à démontrer pour les étudiants en STS (section de technicien supérieur). Alors que les bacheliers professionnels devaient être la cible privilégiée pour entrer dans ces formations, il semble que les dispositifs pour leur faciliter l’accès et les accompagner vers la réussite n’ont pas beaucoup évolué depuis l’instauration de la loi.

Une loi en lien avec les réformes à venir

Enfin, le comité estime que pour fonctionner, la loi ORE doit être mise en relation avec plusieurs réformes encore en cours (licence, lycée, bac). D’où la nécessité de renforcer la cohésion entre le secondaire et le supérieur pour "sécuriser le continuum bac -3 / bac +3".

Car certaines inégalités sont déjà visibles sur Parcoursup. Notamment du point de vue des bulletins scolaires. "Les écarts de notation entre lycées, et leur éventuelle prise en compte par les commissions d’examen des vœux, constituent un thème particulièrement sensible, notamment dans le contexte de la réforme à venir du baccalauréat, puisqu’il touche à l’égalité de traitement des candidats." En effet, la réforme du bac implique davantage de contrôle continu, or, ces notes seront à la fois prises en compte sur Parcoursup et pour le bac.

Le dialogue avec le ministère de l’Enseignement supérieur parait donc indispensable, aux yeux du comité, pour aider les formations à anticiper au mieux ces transformations à venir.

Pauline Bluteau | Publié le