J. Teillard : "Il n’y a pas de système parfait, y compris sur Parcoursup"

Pauline Bluteau Publié le
J. Teillard : "Il n’y a pas de système parfait, y compris sur Parcoursup"
Pour le chargé de mission Parcoursup au sein du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, le bilan de la plate-forme en 2019 est satisfaisant, même si elle nécessite encore quelques améliorations. // ©  Nicolas Tavernier/REA
Chargé de mission Parcoursup auprès du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche depuis deux ans, Jérôme Teillard revient sur le bilan de la procédure d’admission postbac. Comme les candidats de la session 2019, le responsable se dit globalement satisfait mais convaincu que le système demande encore quelques améliorations.

Quel bilan faites-vous de la deuxième saison de Parcoursup ?

L’intégration de 1.500 nouvelles formations sur Parcoursup en 2019 est une réussite alors on peut s’estimer satisfait dans l’ensemble. Même s’il faut reconnaître que pour certaines formations, il y a eu beaucoup de candidatures et donc beaucoup de déception chez les candidats. On a apporté plus visibilité sur les attendus des formations et il y a aussi eu un vrai travail d’accompagnement auprès des établissements, la dynamique de la loi ORE progresse.

Jérôme Teillard
Jérôme Teillard © Photo fournie par le témoin

Cependant, l’objectif est d’aller encore plus loin. On a toujours une marge de progression : intégrer de nouvelles formations, améliorer la lisibilité des attendus, prendre le temps d’expliquer nos procédés… Vous savez, il n’y a pas de système parfait. Les gens ont une attente vis-à-vis du service public, même s’il y a des critiques parfois véhémentes, cela reste positif et constructif.

Vous avez misé sur l’ouverture sociale à travers l’élargissement des quotas de boursiers et des quotas géographiques à de nombreuses formations. Pourquoi était-ce si important ?

C’est un constat sur l’accès à l’enseignement supérieur : on a un phénomène de reproduction sociale ce qui est vecteur d’inégalités. Il y a un vrai enjeu et justement, Parcoursup doit être un levier de mobilité. Cette année, on a réussi à mieux expliquer les quotas géographiques et il y a déjà des améliorations significatives. Notamment en Île-de-France, aujourd’hui le périph' n’est plus une barrière et ce n’était pas gagné d’avance.

On a aussi fait un nouveau test cette année avec l’aide à la mobilité pour les étudiants boursiers. Ils étaient davantage pénalisés lorsqu’ils devaient changer d’académie. Cette aide financière de 500 € leur a permis d’anticiper leur départ. La preuve en est : plus de 9.000 demandes ont été déposées auprès des CROUS.

Pour ce qui est des quotas de boursiers, là encore, c’était un projet assez ambitieux d’élargir ce quota. Les écoles d’architecture, les IFSI, les établissements privés (EESPIG) étaient aussi concernés, on souhaite aller encore plus loin en intégrant les BTS et les CPGE cette année. Mais le résultat est là : les boursiers sont plus nombreux à intégrer le supérieur en 2019 (+ 7,1%).

L’arrivée des IFSI sur Parcoursup en 2019 a beaucoup été discutée, notamment du côté des candidats, ne craignez-vous pas que cela se reproduise avec les nouvelles formations introduites en 2020 comme les IEP ou les écoles d’art ?

Il y avait deux ruptures concernant les IFSI : leur entrée sur Parcoursup et la fin du concours qui a été un choc important. Je pense que certains candidats n’ont pas assez appréhendé le fait qu’il s’agisse d’une formation sélective. En 2020, il y aura une meilleure information, on est en pleine réflexion.

Pour les 600 formations qui arrivent sur la plate-forme l’année prochaine, on s’y prépare depuis plus d’un an. On a déjà commencé à les accompagner, on n’est plus dans l’urgence et on a aussi plus d’expérience. Les nouvelles formations doivent maintenant comprendre nos exigences mais la plupart connaissent les grands principes. Les formations du secteur agricole pensent d’ailleurs à intégrer Parcoursup en 2021, cela provoque de l’intérêt.

Quelles sont les nouveautés prévues pour la session 2020 ?

Nous n’avons pas encore fait un bilan complet de cette deuxième année. Nous travaillons actuellement avec un panel de lycéens, de professeurs principaux, de proviseurs, de responsables du supérieur et de parents pour avoir leur ressenti et connaître nos pistes d’amélioration. On a engagé le même processus depuis le 13 septembre avec les formations, on a besoin de retours.

Parmi les nouveautés, nous prévoyons déjà de faire une analyse complète des attendus locaux de chaque formation pour permettre une meilleure compréhension à l’échelle des candidats.

La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, a aussi annoncé l’arrivée d’un nouveau dispositif, ParcourPlus. Nous sommes partis du constat qu’il y avait un nouveau public sur la plate-forme et que nous devions faire un vrai travail avec les formations continues et les conseils régionaux pour mieux les accompagner ces candidats en reprise d’étude. On va notamment travailler avec France Compétences pour tenir compte des spécificités de ce public pour leur proposer le processus le plus adapté.

L’accompagnement des candidats était aussi au cœur de l’attention cette année, y a-t-il d’autres améliorations prévues à ce sujet ?

Nous allons probablement conserver ce qui a fonctionné cette année comme l’accompagnement (points d’étape, répondeur automatique) et le calendrier général.

On poursuit aussi notre lancée concernant le dispositif "oui, si". En deux ans, 32 millions d’euros ont été attribués aux établissements pour développer ce processus dont 8 millions en 2019. Si cela est suffisant ? 32 millions, c’est déjà un énorme budget. Recteurs et formations sont en discussion pour connaître exactement les besoins. On va renforcer l’exigence sur la clarté des informations à propos des "oui, si" car il y a encore des efforts à faire pour montrer leur intérêt. L’objectif, c’est que plus de formations l’adoptent pour permettre avant tout la réussite des étudiants.

Pauline Bluteau | Publié le