Les clés de la réussite d'une business school européenne (CEIBS) à Shanghai

De notre correspondante à Shanghai, Emilie Torgemen Publié le
Les clés de la réussite d'une business school européenne (CEIBS) à Shanghai
Le campus de la CEIBS // © 
Financée en partie par l’Union européenne, la CEIBS a su s’implanter en Chine et devenir une des premières business school asiatiques. Le dernier classement mondial des MBA du Financial Times la place au 11e rang à l'échelle internationale et première en Asie. Comment la CEIBS a-t-elle réussi, en l'espace d'une dizaine d'années, à se forger une telle réputation ? Le reportage de notre correspondante à Shanghai.

A l’entrée de la China Europe International Business School (CEIBS), une affiche avec l’inévitable rongeur en papier découpé en l’honneur de l’année du rat rappelle que la CEIBS est la première école de commerce en Asie et la onzième au niveau mondial selon le Financial Times. Le ton est donné, visiteur, vous pénétrez dans une école d’excellence. Le campus dessiné par les architectes de la pyramide du Louvre est un modèle d’harmonie, les bâtiments sobres et ultramodernes s’organisent autour de bassins et de jardins de bambous inspirés par l’architecture traditionnelle chinoise. Un havre de paix dans les nouveaux quartiers de Pudong, loin du très bruyant Shanghai historique.

Créée pour rivaliser avec Yale et Harvard

Créée en 1994 par l’Union européenne et le ministère chinois de l’Education pour rivaliser avec Yale et Harvard, le petit poucet des écoles de commerce mondiales est en bonne voie. « A son ouverture, la CEIBS était la seule école de commerce à offrir des MBA et EMBA de niveau mondial en Chine continentale, commente Lydia J. Price, la directrice académique, depuis nos compétiteurs ont progressé mais nous avons su rester les premiers en Asie depuis 2004 et les onzièmes mondiaux depuis 2007». L’école qui multiplie les bons points est aussi la seule en Chine à avoir reçu le label EQUIS, délivré par le forum européen sur le développement managérial EFMD.

Le modèle européen, une recette qui marche

Quelles sont les clefs de ce succès? « Le modèle européen » répond sans hésiter Yuan Ding, ancien professeur à HEC qui enseigne la comptabilité dans l’école shanghaienne depuis 2003. « La CEIBS est un pur produit de l’interventionnisme à l’européenne et c’est une réussite. Pour des raisons stratégico-commerciales, l’Union européenne était prête à investir sur le long terme. Alors que les écoles américaines et anglaises qui se livrent une concurrence féroce pour s’implanter en Chine attendent un retour sur investissement rapide », analyse ce professeur d’économie.

L’école est autosuffisante depuis cinq ans mais elle a reçu en janvier 17,7 millions d’euros de l’Union européenne et du gouvernement de Shanghai pour mener à bien le « Business management training project », un plan sur cinq ans de transfert des compétences managériales notamment vers les populations chinoises les plus défavorisées (provinces pauvres, femmes, etc.).

Un staff permanent

Autre point important, la CEIBS emploie des professeurs permanents (une quarantaine) et ne se contentent pas d’accueillir de grands noms quelques jours par mois. En effet, le paysage académique chinois a mûri. Les étudiants « surformés » (souvent passés par des universités occidentales) sont plus exigeants sur le contenus de leur formation : Les professeurs ne peuvent se contenter de lire leurs ouvrages, largement traduits en chinois, ou d’utiliser les cas importés d’Harvard, et doivent proposer des cours sino-centrés. La CEIBS prévoit d’ailleurs d’ouvrir à cet effet un centre de recherche sur les pratiques chinoises.

Shanghai, le centre du monde

Dans les locaux de la CEIBS, l’ambiance est plus proche du club que du sévère pensionnat. Au rez-de-chaussée, de gros canapés oranges invitent à la discussion. Dans une des petites salles prévues pour travailler au calme, quatre étudiants de la promotion 2007 en jean et robe-pull, tee-shirt et barbe de trois jours bavardent. Le plus sérieux, Meggen Wu, entreprend de faire la promotion de sa formation : « Les universités chinoises sont moins modernes, les cours y sont moins centrés sur des cas pratiques et pour tout dire moins utiles ». Ses camarades le chahutent « Tu parles comme le doyen » mais sont d’accord sur l’analyse.   « Shanghai est aujourd’hui, l’endroit où il faut être » résume Jorge Amirola-Sanz. Titulaire d’un doctorat de micro électronique espagnol, il veut profiter du dynamisme chinois pour se reconvertir dans le commerce.

A Shanghai, la CEIBS est devenue le lieu incontournable où les célébrités des affaires ou de la politique de passage en Chine comme Valérie Giscard d’Estaing ou le président de Yahoo Chine exposent leur vision du monde. Les MBA 2007 sont confiants, l’école reçoit chaque année 6 propositions d’emploi par étudiants. « Nous serons bientôt cinquième dans les classements mondiaux », assure Mingjun Teng. La direction aussi croit dans les capacités de développement de l’école, elle vient de finir des travaux qui portent la surface du campus à plus de 40 000m².         

De notre correspondante à Shanghai, Emilie Torgemen | Publié le