Comment se positionne la France face aux objectifs de 2030 de l'Union Européenne (UE) sur l'éducation et la formation ? En mai 2023, la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) a publié une note d'information faisant le bilan.
Les objectifs de formation et d'éducation ne sont pas encore atteints en Europe
Début 2021, l'Union Européenne dévoilait les nouveaux objectifs de formation et d'éducation. Ce troisième cadre stratégique se décline sous sept angles comme : la scolarisation des enfants de trois ans, la part des jeunes ayant de faibles compétences ou avec une mauvaise maitrise de l'informatique, la part des diplômés de l'enseignement supérieur ou encore le taux de décrochage scolaire.
À l'échelle européenne, aucun des six objectifs mesurés n'est atteint, si on prend la moyenne pondérée des 27 États membres. Quant à l'objectif concernant la formation des adultes, il n'est pas encore suivi. Mais, bonne nouvelle, la France remplit quatre des six objectifs suivis.
La France affiche de bons résultats sur la scolarisation des jeunes
Ainsi, 100% des enfants de trois ans sont scolarisés. Certes, cela est obligatoire depuis la loi de juillet 2019. Mais les chiffres de la base de données d'Eurostat indiquent que ces bons résultats sont antérieurs et qu'ils étaient déjà 100% en 2018.
La France affiche de bons résultats sur la scolarisation des jeunes. L'Europe vise moins de 9% de jeunes quittant prématurément le système d'éducation, or seulement 7,6% des 18 à 24 ans sont dans ce cas, en France, et sont titulaires du brevet, tout au plus. Et 50,4% des 25 à 34 ans sont diplômés de l'enseignement supérieur, alors que l'Union Européenne vise 45%.
Autre bon point : 71% des élèves du secondaire dans l'enseignement et la formation professionnel (EFP) ont une expérience formatrice dans le monde du travail, c'est-à-dire d'un mois ou plus, là où l'Europe souhaite 60% en 2025.
Des compétences en sciences et lecture non acquises
Malgré cela, un axe d'amélioration s'impose à la lecture des chiffres : en France, les compétences de base ne sont pas acquises pour une grande partie des élèves.
En 2018, le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa) a permis d'évaluer le niveau des élèves de 15 ans sur trois compétences : la compréhension de l'écrit et la culture mathématique et scientifique. Alors que l'Europe espère moins de 15% des jeunes avec de faibles niveaux, ils sont 21% des élèves français dans cette situation.
Une contre-performance qui s'aggrave quand on s'intéresse aux jeunes issus des milieux très défavorisés - constat partagé dans le reste de l'Union Européenne -, puisque 35,3% d'entre eux ne présentent pas les acquis requis.
Et la France est encore plus loin du but pour la maîtrise des outils informatiques. L'étude International Computer and Information Literacy Study (ICILS) mesurant les capacités des élèves de 4e à vivre dans un monde numérique montre que seuls 56,5% d'entre eux présentaient les compétences suffisantes, en 2018.
L'accès à l'emploi compliqué en France
Et qu'en est-il de l'embauche des jeunes ? "L'accès à l'emploi est plus difficile pour les jeunes en France, qu'ils soient diplômés ou non", commentent les auteurs de la note. Bien que ces chiffres ne fassent pas partie des objectifs suivis par l'UE, ils sont révélateurs.
Ainsi, la France se montre en deçà des moyennes européennes sur l'emploi des jeunes, qu'ils soient diplômés - leur taux d'emploi est de 84%, contre 86% en Europe - ou sans diplômes - avec un taux d'emploi de 53,5% contre 57,2% en Europe.
