Dépenses d’éducation : la France investit peu par rapport aux autres pays de l’OCDE

Dorian Girard Publié le
Dépenses d’éducation : la France investit peu par rapport aux autres pays de l’OCDE
Le niveau primaire français a bénéficié d'une hausse des dépenses lors des cinq dernières années. // ©  DEEPOL by plainpicture
Entre 2012 et 2019, la France a globalement peu investi en termes d’éducation, comparé à la moyenne des pays de l’OCDE. Si les dépenses dans l'enseignement primaire ont augmenté, elles restent toujours moins importantes que dans les pays voisins. L'enseignement supérieur voit quant à lui les dépenses par élève diminuer face à la hausse du nombre d’étudiants.

Combien la France dépense-t-elle pour l’éducation de ses jeunes ? Dans une note d’information publiée en avril, la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) nous apporte un éclairage en comparant les dépenses en matière d’éducation de la France, avec celles de 36 pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

En 2019, année la plus récente des données pour une comparaison internationale, les dépenses d'éducation de la France représentaient 5,2% de son PIB. Un chiffre supérieur à la moyenne dans l’OCDE (4,9%), qui la place derrière des pays comme la Norvège (6,6%), le Royaume-Uni ainsi que les Etats-Unis (6%), mais devant l’Allemagne et l’Espagne (4,3%), ainsi que l’Italie (3,8%).

Cet indicateur permet, selon l’OCDE, de révéler "la priorité accordée à l’éducation en fonction des ressources globales des pays".

L’enseignement secondaire, premier poste de dépenses d’éducation en France

En France, le secondaire (collèges et lycées) est le cycle d’enseignement pour lequel les dépenses sont les plus importantes. Il représente 47% du total des dépenses, proportion nettement supérieure à la moyenne des pays de l’OCDE, qui s’établit à 39%.

Cela s’explique en partie par le nombre moyen d'heures d'enseignement dispensées à l’année par professeur, qui est supérieur à la moyenne, ainsi que par la durée du cycle qui est plus élevée de deux années par rapport au primaire.

En conséquence, les proportions des dépenses consacrées à l’élémentaire (24%) ainsi qu’à l’enseignement supérieur (29%) sont inférieures à la moyenne de l’OCDE, qui est de 30% pour ces deux cycles.

La contribution du financement privé dans l'enseignement supérieur augmente progressivement

La contribution du secteur public dans les dépenses d’éducation est en France supérieure à la moyenne des pays de l’OCDE. En 2019, 86% des dépenses totales d’éducations étaient financées par des organismes publics, contre 83% au niveau de l’OCDE et 89% dans les 22 pays de l’UE adhérant à l’OCDE. Le reste se répartissant entre les financements privés (13%) et internationaux (1%).

Les pays nordiques (Norvège, Finlande, Suède) se démarquent par une très forte contribution publique, à hauteur de plus de 95%, alors qu’au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, celle-ci est plutôt en dessous des 70%.

La contribution du secteur privé est nettement moins marquée en France entre le primaire et le secondaire (8%) par rapport à l’enseignement supérieur, où elle atteint 20%. Cette part a augmenté dans une majorité de pays de l’OCDE au cours des dernières années. Côté français, cela s’est traduit par une hausse de 1 point de pourcentage entre 2012 et 2015 puis 2 points entre 2015 et 2019 de la part des dépenses d’éducation financées par des acteurs privés.

Des dépenses par élève légèrement en hausse, mais moins que la moyenne

Pour apprécier l’évolution des dépenses, et mesurer ce que les pays ont réellement investi au-delà d'une simple réponse à la hausse des effectifs, l’OCDE s’intéresse également aux dépenses d’éducation rapportées au nombre d’élèves ou d’étudiants.

En France, le coût moyen d’un élève s’élevait ainsi à 13.050 $ PPA, tous niveaux confondus, en 2019. Un chiffre nettement supérieur à la moyenne des pays de l’OCDE (11 990 $ PPA), qui s’explique en partie par le fonctionnement de son système éducatif : le financement des services auxiliaires (transport, restauration, hébergement) y est important, de même que la contribution à la recherche et au développement dans l’enseignement supérieur.

Une fois encore, on observe des disparités selon les cycles d’études : le primaire est celui où le coût d’un élève est le moins important (9.310 $ PPA) comparé au secondaire (13.480 $ PPA) et au supérieur (18 140 $ PPA).

Malgré tout, contrairement à ses pays voisins, entre 2012 et 2019, les dépenses de la France n’ont que légèrement augmenté (+0,4% par an contre +1,8% par an dans les pays de l’OCDE).

Dans l'enseignement élémentaire, un effort sur les dépenses pour combler l'écart

Cette progression est notamment portée par une hausse des dépenses dans l’enseignement élémentaire, dont le gouvernent a fait depuis plusieurs années une priorité. Elle se traduit par une augmentation annuelle de 2% du coût moyen dans le primaire entre 2012 et 2019, contre 0,6% dans l’enseignement scolaire, tandis que la dépense par étudiant a baissé chaque année de 0,4% en moyenne dans l’enseignement supérieur sur cette période.

Si un effort est visible concernant l’enseignement élémentaire, le niveau moyen des dépenses par élèves se situe toujours sous la moyenne de l’OCDE (9.310 $ PPA contre 9.920 $ PPA dans l’OCDE). La France est loin derrière des pays comme la Norvège, les Etats-Unis ou la Suède, dont les dépenses par élève dépassent les 13.000 $ PPA.

Dans l’enseignement supérieur, les dépenses ne compensent pas la hausse des effectifs

Comme évoqué plus haut, dans l’enseignement supérieur, le coût moyen d’un étudiant est plutôt sur le déclin entre 2012 et 2019. Si les dépenses ont pourtant augmenté de 1,8% par an, cette hausse n’a pas été aussi soutenue que celle des effectifs d’étudiants, qui ont augmenté de 2,2% sur la même période.

L'Allemagne se retrouve dans une situation similaire : ses effectifs ont augmenté plus vite que ses dépenses, et le coût moyen d'un étudiant y a baissé de 0,5% par an entre 2012 et 2019. En Norvège, à l'inverse, la hausse des dépenses d'éducation a été deux fois plus importante que celle des effectifs, et la dépense moyenne par étudiant a augmenté de 2,31%.

Cette tendance française devrait se poursuivre, sans un effort supplémentaire du côté des dépenses, si l’on en croit les projections des statisticiens du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Elles prévoient en effet que le nombre d’étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur continuera d’augmenter, à raison de 1,5% pour atteindre 3,03 millions en 2026. Une croissance des effectifs qui serait portée par un intérêt de plus en plus important à l’égard de l’apprentissage en STS, ainsi que le dynamisme des écoles de commerce et les master.


Les données utilisées par la Depp dans sa note d’information ont été publiées par l’OCDE dans son rapport Regard sur l’Education 2022. Afin de mesurer l’investissement des pays en termes d’éducation, l’OCDE s’appuie sur des données qu’elle collecte conjointement avec l’Unesco et Eurostat. Pour la France, les données sont issues principalement du Compte de l’éducation, combiné à quelques traitements supplémentaires pour s’adapter aux exigences méthodologiques liées à la collecte des données.

Les dépenses d'éducation au sens de l'OCDE englobent les activités directement liées à l'enseignement (salaires, matériel) mais aussi la contribution aux services auxiliaires (transport, restauration, hébergement). Pour l'enseignement supérieur, les dépenses liées à la recherche et le développement, au delà de la recherche universitaire sont prises en compte. Ne sont comptabilisées que les dépenses comprises débutant à l'enseignement élémentaire.

Trois indicateurs permettent d’approcher une mesure des dépenses d’éducation :
- Le poids des dépenses en % du PIB (5,2% du PIB en 2019 pour la France).
- Le coût moyen par élève qui rapporte les dépenses en 2019 du pays en équivalent dollars aux effectifs de la même année (13.050 $ PPA par élève tous niveaux confondus en France en 2019).
- Le poids des dépenses en % des dépenses publiques totales (8,5% en France en 2019).

Dorian Girard | Publié le