Sondage fondation Total : Regards croisés et... déprimés sur la jeunesse

Emmanuel Vaillant Publié le
A l'occasion de ses 20 ans, la fondation Total publie les résultats d'une étude sur les regards que les jeunes adultes et leurs aînés portent sur la jeunesse d'aujourd'hui. Déprimés... quoique !

Qu'il est dur d'être jeune aujourd'hui ! Tel est le constat sans nuance que souligne d'emblée le sondage (1) publié par la fondation Total le 20 novembre 2012 dans le cadre d'une enquête intitulée « Regards croisés sur la jeunesse en France ». Ainsi trois jeunes sur quatre de 18-23 ans estiment qu'il est difficile d'avoir 20 ans aujourd'hui. Et plus encore que cette jeune génération, leurs parents et grand-parents (45-65 ans) jugent à 80% qu'il est difficile d'être jeune actuellement et que leur place dans la société s'est dégradée depuis deux décennies.

Paresseux, égoistes, inquiets...

Parents et grands-parents partagent aussi une image assez dégradée de la jeunesse. « Paresseux », « inquiets », et « égoïstes », voilà pour le trio de tête des qualificatifs attribués aux jeunes par les 45-65 ans, devant des qualités telles que « ouverts au monde », « curieux » et « tolérants ».

Les jeunes eux-mêmes ne sont pas moins sévères : en comparaison des générations précédentes ils s'estiment « paresseux » (65%), « inquiets » (64 %), « égoïstes » (60%) et « instables » (60%). Seule qualité qu'ils se décernent par rapport à leurs ainés : l'ouverture au monde (59%).

La crise cause de tous les maux

Interrogeant les raisons d'une telle crise de confiance, cette enquête met en exergue sans surprise les problèmes économiques et sociaux auxquels les jeunes doivent faire face. Pour les 18-23 ans comme pour les 45-65 ans, ces difficultés quotidiennes (premier logement, prêts bancaires) et la crise en général sont les principales causes de leur situation dégradée. Au passage, tous s'accordent pour faire porter une responsabilité au traitement médiatique qui donne une image négative de la jeunesse. Et c'est sans oublier la vision pessimiste (pour 74 % des 45-65 ans) que les parents et grands-parents transmettent à leurs enfants et petits-enfants.

Comparaison n'est pas raison

Dépression assurée ? Pas sûr. En interrogeant les jeunes sans les inciter à se comparer aux générations précédentes, le ton change, une brise d'optimisme semble souffler sur cette jeunesse que l'on croyait définitivement désemparée. Ainsi, « en pensant à leur propre avenir », 58 % des jeunes de 18-23 ans s'estiment « assez optimistes », voire... « très optimistes ». Des preuves ? Ils s'estiment « capables de se mobiliser rapidement et en grand nombre pour la défense d'une cause » (76%) ou encore ils ont envie de transformations sociales profondes (72%). Et quand il s'agit de se reconnaître des qualités, les jeunes interrogés ne sont pas en reste pour décrire leur génération ; « consciente des réalités », « débrouillards », « réactifs », « solidaires », « adaptables », « combatifs »...

Des raisons d'espérer

Dans ces conditions que demandent les jeunes ? Pour les deux générations interrogées, la réponse est évidente : le « premier levier pour améliorer la situation des jeunes est l'accès à l'emploi (pour 51% des 18-23 ans et 46% des 45-65 ans) loin devant les aides pour obtenir logement ou un prêt bancaire ou encore des mesures pour la réussite scolaire. Enfin, si la lutte contre le chômage s'impose donc comme la priorité absolue (pour 50% des 18-23 ans et 62% des 45-65 ans), les jeunes interrogés estiment que la capacité à avoir confiance en soi reste la première clé du succès. Autant dire à condition d'avoir quelques raisons d'espérer...

(1) Sondage réalisé par l'institut CSA auprès deux échantillons représentatifs de 504 personnes de 18 à 23 ans et de 501 personnes de 45 à 65 ans, interrogées en ligne du 12 au 18 juillet 2012.

Emmanuel Vaillant | Publié le