Comment l’Université Paul-Valéry (Montpellier) réussit l’intégration des "Oui, si"

De notre correspondant à Montpellier, Guillaume Mollaret Publié le
Comment l’Université Paul-Valéry (Montpellier) réussit l’intégration des "Oui, si"
Grâce à un dispositif d'accompagnement personnalisé, l'université Paul Valéry de Montpellier a amélioré le taux de réussite de ses étudiants en L1. // ©  PHILIPPE LAURENSON / REUTERS
Les étudiants en parcours personnalisés de cet établissement affichent un taux de réussite deux fois supérieur à ceux admis en parcours classique. Une exception. Décryptage.

Contrasté, le bilan des parcours personnalisés accompagnant les "oui, si" après deux rentrées universitaires affiche des voyants au vert à l’Université Paul-Valéry (Montpellier 3), qui regroupe les facultés de sciences humaines. Selon une étude de l’IGESR publiée en août, 65,3% des "oui, si" de Montpellier 3 ont été admis en 2e année, contre 36,6% des néo-bacheliers non accompagnés. Une réussite, pour les "oui, si", quasiment trois fois supérieure à celle observée au plan national (22,7%).

Un projet Idefi à l'origine du succès

Surprenant de prime abord, ce taux de réussite trouve ses racines dans un projet porté en 2012 par cette université dans le cadre des Idefi (Initiatives d’excellence en formations innovantes) inscrites dans le PIA (programme d’investissements d’avenir). A l’époque, l’Université Paul-Valéry avait remporté un financement de 6,2 millions d’euros pour créer un parcours d’accompagnement destiné à améliorer la réussite de ses L1.

Six rentrées universitaires plus tard, avec la généralisation des parcours personnalisés inscrits dans la loi ORE, l’université héraultaise a eu le temps d’affiner sa méthodologie. "A l’origine, le corps enseignant de l’université était globalement opposé au principe de classement inscrit dans la loi. Aussi, nous avons décidé d’ouvrir la possibilité d’offrir un parcours personnalisé à l’ensemble des néo-bacheliers, qu’ils soient considérés comme 'oui,si' ou non", explique Arielle Syssau-Vaccarella, professeure en psychologie et directrice d’études co-pilotant ce dispositif.

Au total, ce sont donc 23% des étudiants inscrits en L1 à Montpellier 3 qui bénéficient d’un parcours spécialisé. Un taux élevé.“Cinq semaines après la rentrée nous réalisons un test de connaissance auprès de l’ensemble des néo-bacheliers. A la suite des résultats, nous proposons cet accompagnement qui est toujours suggéré, jamais imposé aux étudiants dans le besoin”, précise Arielle Syssau-Vaccarella.

Un accompagnement d'étudiants volontaires

Dans les faits, l’accompagnement des étudiants volontaires, qui représente jusqu’à 8h supplémentaires par semaine et par étudiant, se décline en quatre composantes : des TP intensifiés à l’université et en distanciel ; des cours de méthodologie de travail universitaire ; de discipline de préparation aux examens ; ainsi que des sorties culturelles (théâtre, musée...) et des rencontres de cohésion (pause sophrologie...).

Localement, on considère que ce dernier élément est déterminant dans la réussite des étudiants de L1. "Il est, d’après moi, essentiel car la marche après le lycée est très haute. Les étudiants, parfois loin de chez eux, sont plongés dans un bain de travail et d’autonomie, ce qui est parfois synonyme de solitude", traduit l’enseignant-chercheur.

A Montpellier 3, la mise en place des parcours personnalisés a permis, grâce au financement d'Etat, "la création d’au moins cinq postes d’enseignants chercheurs", secondés par des contractuels et des moyens technologiques (achat de matériels) et techniques (location de salles à l’extérieur de l’établissement) par l’université. Relativement souple malgré le cadre dans lequel il s’inscrit, le dispositif est réévalué chaque semestre par les enseignants-chercheurs grâce à un questionnaire auxquels les étudiants bénéficiaires répondent de façon à anonyme.

Paradoxe, si les étudiants considèrent souvent comme trop long le nombre d’heures maximum d’accompagnement auxquels ils peuvent prétendre, ce sont aussi les plus assidus qui réussissent leurs examens.“Depuis quelques années, le profil des étudiants a trop changé [intégration des filières professionnelles, accroissement du taux de réussite au bac, ndlr] pour qu’on les laisse se débrouiller seuls”, juge Arielle Syssau-Vaccarella qui souligne qu’à Montpellier 3, des cours de renforcement ont également été mis en place pour les étudiants afin que les plus avancés d'entre eux "ne s’ennuient pas."

De notre correspondant à Montpellier, Guillaume Mollaret | Publié le