Alice Guilhon (Higher Education for Good) : "devenir la première institution mondiale qui va écouter les jeunesses à une très grande échelle"

Clémentine Rigot Publié le
Alice Guilhon (Higher Education for Good) : "devenir la première institution mondiale qui va écouter les jeunesses à une très grande échelle"
youth talks // ©  anatoliycherkas/Adobe Stock
Née il y a un peu plus d’un an, la fondation Higher Education For Good se rêve en porte-voix des jeunesses mondiales, notamment grâce à Youth Talks, sa consultation internationale. Alice Guilhon, présidente de la fondation, et Marine Hadengue, sa directrice exécutive, nous présentent un projet sociétal et académique.

Comment est née Higher Education For Good ?

Alice Guilhon : En écrivant notre plan stratégique à Skema en 2020, nous avons fait plusieurs constats, dont deux principaux. Le premier, c'est que nous sommes présents sur plusieurs continents et l’on s’est aperçu que les jeunes du monde ne partagent pas tous la même vision des grands enjeux sociétaux. Il y a bien des jeunesses et non une jeunesse uniforme.

Le deuxième constat porte sur le réveil écologique, qui appelle à des actions collectives, mais difficiles à mettre en place si l’on n’a pas tous la même vision. C’est nous, établissements de l’enseignement supérieur, qui avons la main pour accompagner les jeunesses à cette action collective.

Pour ce faire, il manquait une institution. Nous avons donc décidé de créer la fondation, "Higher Education For Good", ou comment l’enseignement supérieur peut agir pour le bien commun. La fondation vole aujourd'hui de ses propres ailes. Skema en a, en quelque sorte, fait don à la société.

Quelles sont les missions de cette fondation ?

AG : La fondation a vocation à devenir la première institution mondiale qui va écouter les jeunesses à une très grande échelle, de manière apolitique, pour retransmettre ce qu’elles pensent et trouver les moyens d’agir à notre niveau.

C’est nous, établissements de l’enseignement supérieur, qui avons la main pour accompagner les jeunesses à cette action collective. (A. Guilhon)

Sa deuxième mission, c’est la mise en œuvre des actions avec les établissements d'enseignement supérieur pour accompagner, par des recherches, des formations, des programmes, ces jeunesses.

Qui finance cette fondation ?

AG : Higher Education For Good est une fondation à but non lucratif. L’investissement de départ représente près d’un million et demi d’euros par an. C’est Skema qui l’a financée au démarrage, mais elle n’a pas vocation à rester l’unique partie prenante.

D’autres partenaires ont aussi apporté une contribution financière. L’objectif final de la fondation est de lever environ 500 millions d’euros d’ici cinq ou six ans pour accompagner les institutions et les étudiants, et notamment leur octroyer des bourses.

Qui sont ses partenaires ?

AG : A ce jour, nous comptons parmi nos partenaires des établissements de l’enseignement supérieur, des associations mondiales des jeunesses, des institutions internationales, des acteurs de l'éducation et des ONG. A terme, nous souhaiterions développer nos partenariats également avec des institutions politiques et des gouvernements.

En quoi consiste l’initiative Youth Talks ?

Marine Hadengue : C’est une consultation globale des jeunesses, inclusive et mondiale. L’initiative a un peu plus d’un an et est disponible en six langues. Youth Talks a pour objectif d’alimenter les travaux de la fondation et donc à terme d’accompagner les institutions à transformer l’enseignement supérieur.

L’objectif est que des gouvernements, l’OCDE, ou encore la Commission européenne par exemple puissent être alimentés de cette consultation. Il faudra donc travailler la manière dont nous allons communiquer nos résultats pour que ces différentes parties prenantes s’en emparent. Il faudra décliner l’information au plus possible pour qu’elle soit digeste, notamment pour le grand public.

Qu'est-ce qui fait sa particularité par rapport à d'autres consultations du même type ?

Un des paramètres qui nous diffère des consultations déjà existantes, c’est que nous posons des questions ouvertes aux jeunes : on ne les enferme pas dans un état d’esprit qui ne serait pas le leur. Nous utilisons aussi des technologies de pointe pour traiter ces réponses, grâce à l’intelligence artificielle et notamment des analyses sémantiques et lexicales.

C’est un projet "glocal", c’est-à-dire un projet global qui s’adapte aux spécificités locales. Il ne s’agissait pas de faire une fondation occidentale pour l’occident. Toutes les cultures seront représentées dans les projets et les instances de gouvernance. Youth Talks a aussi vocation à diminuer l’écart générationnel avec la génération Z, qui a une manière de voir le monde drastiquement différente des autres. A ce jour, nous avons plus de 33.000 participants. Cette première édition de Youth Talks doit se clore fin mai.

Clémentine Rigot | Publié le