E. Compagnon (Femmes de l'éducation) : "S'engager pour l'égalité professionnelle dans les fonctions à haut niveau de responsabilité"

Isabelle Fagotat Publié le
E. Compagnon (Femmes de l'éducation) : "S'engager pour l'égalité professionnelle dans les fonctions à haut niveau de responsabilité"
L'association femmes de l'éducation incite les femmes à développer leur réseau. // ©  Deepol/Plain Picture
En mars 2023, l'association Femmes de l'éducation voyait le jour. Son objectif : promouvoir la place des femmes à des postes dans l'encadrement supérieur, au sein du ministère de l'Éducation nationale. Depuis un an, elle mène des actions concrètes pour les aider à développer leur réseau et à valoriser leurs compétences.
Emmanuelle Compagnon, de l'association femmes de l'éducation, répond aux questions d'EducPros.
Emmanuelle Compagnon, de l'association femmes de l'éducation, répond aux questions d'EducPros. © Photo fournie par le témoin

Femmes de l'éducation est née d'un constat : alors que plusieurs ministères comptaient des associations pour promouvoir la place des femmes aux postes de haut encadrement, le ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse en était dépourvu. Un paradoxe pour l'un des ministères les plus féminisés du gouvernement…

L'association, qui compte actuellement une centaine de membres, propose des actions pour aider les femmes à construire leur carrière et à gravir les échelons au sein du ministère. Emmanuelle Compagnon, sa présidente, nous explique en quoi elles consistent.

Quels sont les objectifs de Femmes de l'éducation ?

Notre association s'adresse aux femmes et aux hommes qui souhaitent s'engager pour la promotion et l'égalité professionnelle des femmes dans les fonctions à haut niveau de responsabilité dans notre ministère : postes de directrice d'établissement, secrétaire générale, rectrice, directrice académique, inspectrice générale, etc.

Notre objectif est de mettre en place des actions pour soutenir les femmes dans l'accès à ces postes et de communiquer sur la place des femmes dans ces fonctions, mais aussi d'être force de propositions, en contribuant notamment au plan interministériel 2023-2027 pour l'égalité entre les femmes et les hommes.

Quelles actions menez-vous concrètement ?

Nous menons des actions très concrètes pour aider à l'accès à des postes dans le haut encadrement. Ainsi, chaque mois, nous accueillons une femme inspirante qui a brisé le plafond de verre dans la fonction publique pour qu'elle nous raconte son parcours.

Certaines de nos adhérentes se sont formées au mentorat : elles proposent un accompagnement à celles qui souhaitent s'orienter vers des postes dans l'encadrement supérieur.

Il existe des marges de progression dans ces ministères, dont les forces vives sont largement féminines

Nous avons également créé un groupe statistique pour objectiver les choses et disposer de chiffres concrets sur le sujet. Enfin, nous menons des actions auprès des médias pour promouvoir notre association.

Que disent vos analyses des statistiques concernant l'accès des femmes aux postes à responsabilité ?

D'importants progrès ont été faits ces dernières années. Les ministères de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, des Sports et de l'Enseignement supérieur et de la Recherche ont atteint l'objectif de 40% de femmes parmi les primo-nominations pour les postes visés par le dispositif prévu par la loi relative à la fonction publique.

En 2023, il y a eu 42% de femmes primo nommées pour atteindre 40,1 % de femmes dans ces postes d'encadrement supérieur.

Néanmoins, selon la DEPP (Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance), l'ensemble de ces trois ministères comptait, en 2021, 73% de femmes. Il existe donc des marges de progression dans ces ministères, dont les forces vives sont largement féminines.

Pour aider les femmes à accéder aux postes de direction, vous mettez en avant la valorisation des compétences. Comment les accompagnez-vous ?

Avant, pour progresser au sein du ministère et plus largement dans la fonction publique, il fallait passer des concours et valider des connaissances. Aujourd'hui, il existe des possibilités d'accès sur titres et des procédures de détachement. On est plus sur une logique de valorisation des compétences.

Il est important que les femmes travaillent sur leurs compétences et la valorisation de leurs actions mais aussi sur leur stratégie de communication

Il est donc important que les femmes travaillent sur leurs compétences et la valorisation de leurs actions, mais aussi sur leur stratégie de communication et qu'elles soient présentes sur les réseaux sociaux et dans les réseaux professionnels.

Pour les accompagner, nous organisons des séminaires, par exemple sur le thème des réseaux sociaux et sur la capacité à développer une stratégie individuelle de communication.

Nous travaillons aussi sur la construction d'un réseau professionnel, sur l'entretien de recrutement, sur les compétences en management… L'objectif, c'est de rendre les femmes davantage actrices de leur parcours.

Et pour demain, quels sont les projets de Femmes de l'éducation ?

Nous souhaitons pérenniser nos actions, développer notre réseau et renforcer nos partenariats. Nous sommes actuellement soutenus par la MGEN, la Casden et la GMF.

Nous souhaitons aussi être force de propositions auprès du ministère, notamment sur le sujet de l'articulation entre vie professionnelle et vie personnelle.

Pour que les femmes s'engagent, il faut réfléchir à des actions concrètes dans ce sens. Dans le haut encadrement, les mobilités se font tout au long de l'année. Pour une jeune femme avec des enfants, envisager un changement de poste en cours d'année peut être un frein.

Il faudrait par exemple faire en sorte que les nominations puissent se faire au moment des rentrées scolaires. Ce type d'action bénéficierait d'ailleurs autant aux femmes qu'aux hommes.

Isabelle Fagotat | Publié le