Jean-Léonce Dupont : la sélection à l'entrée du master est "la seule solution logique"

Aurore Abdoul-Maninroudine Publié le
Jean-Léonce Dupont : la sélection à l'entrée du master est "la seule solution logique"
Jean-Léonce Dupont a déposé devant le Sénat une proposition de loi autorisant la sélection à l'entrée du master 1. // ©  Sénat
Alors que des négociations sont en cours sur la sélection en master, Jean-Léonce Dupont, sénateur UDI du Calvados, vient de déposer une proposition de loi permettant aux universités de sélectionner à l'entrée du M1, reprenant ainsi la position de la CPU.

nullVous venez de déposer une proposition de loi autorisant les universités à sélectionner à l'entrée de la première année de master. Pourquoi maintenant ?

D'après le Larousse, la sélection, c'est "l'action de choisir les personnes et les choses qui conviennent le mieux". La sélection n'a rien d'une pratique honteuse et ne doit pas être taboue à l'université.

La situation actuelle en master est une aberration puisque les universités sélectionnent les étudiants en milieu de cycle. La seule solution logique est de permettre aux établissements de sélectionner à l'entrée du master.

La multiplication des litiges devant les tribunaux administratifs montre également que le système actuel est instable. Nous sommes entrés dans une zone d'incertitude et le décret de mai 2016 ne répond pas au problème. L'objectif est de sécuriser à la fois les étudiants et les établissements. Ils se trouvent actuellement dans une insécurité juridique désastreuse.

Des discussions sont en cours entre le ministère et l'ensemble des syndicats, les organisations étudiantes et la CPU (Conférence des présidents d'université). Pourquoi ne pas avoir attendu le résultat de ces négociations ?

J'ai constaté à la suite des déclarations de la ministre que nos avis étaient divergents et non réconciliables. La ministre veut concilier la possibilité pour les universités de recruter à l'entrée du M1 et un droit opposable des étudiants à poursuivre en master.

D'une part, cela me semble infaisable. D'autre part, l'idée d'un droit opposable des étudiants à poursuivre en master est une absurdité ! S'il existe un tel droit, alors à quoi sert la distinction entre la licence et le master ? Il n'y a plus qu'à créer un seul cycle de cinq ans.

Dans votre proposition, vous maintenez également la possibilité d'une sélection à l'entrée en M2. N'est-ce pas contradictoire ?

Non, il s'agit d'une exception qui ne concernera que quelques masters très spécifiques en droit et en psychologie. Ce ne sera en rien comparable avec la liste actuelle des 1.300 mentions de master 2 sélectives.

Dans l'exposé des motifs, vous indiquez que la situation actuelle désavantage les étudiants les plus défavorisés. En quoi une sélection à l'entrée du master améliorerait leur situation ?

Le pire pour l'étudiant est de réussir à obtenir son M1 sans être pris ensuite dans le M2 souhaité. Un M1 ne donne pas le grade de master. D'une certaine manière, c'est donc une année perdue. La sélection à l'entrée du master éviterait également aux étudiants de perdre leur temps dans des filières où les débouchés sont peu nombreux et qui doivent donc maintenir des effectifs réduits.

L'idée d'un droit opposable des étudiants à poursuivre en master est une absurdité.

Le nombre de places en M1 est à peu près le même qu'en troisième année de licence, en revanche certaines formations sont prises d'assaut quand d'autres sont délaissées. La sélection n'est-elle pas une fausse bonne idée qui ne réglera pas le problème de la régulation des flux entre masters ?

Ma proposition laisse seulement aux universités la possibilité de sélectionner à l'entrée du M1. Les masters qui ne le souhaitent pas pour toutes sortes de raisons pourront bien sûr continuer à ne pas le faire. Dans ce cas, les étudiants seront directement admis pour les deux années de master.

Quel peut être l'avenir de cette proposition de loi ? Peut-elle vraiment aboutir ?

Elle sera certainement adoptée en première lecture au Sénat mais surtout, à l'approche de l'élection présidentielle, elle a de bonnes chances d'être reprise par un potentiel gouvernement d'alternance.

Aurore Abdoul-Maninroudine | Publié le