P. Augé (université de Montpellier) : "Une nouvelle dynamique a été insufflée sur notre site autour de l’établissement expérimental"

Amélie Petitdemange Publié le
P. Augé (université de Montpellier) : "Une nouvelle dynamique a été insufflée sur notre site autour de l’établissement expérimental"
Philippe Augé, le président de l'université de Montpellier, dresse les enjeux du nouvel établissement expérimental. // ©  Université de Montpellier
L’université de Montpellier s’est métamorphosée en 2021, avec la création d’un établissement expérimental et le lancement de son I-SITE MUSE. Philippe Augé, son président, en dresse les enjeux.

L’université de Montpellier est devenue un établissement public expérimental en septembre dernier. Quelles seront les conséquences pour le personnel et les étudiants ?

Pour le personnel, il n’y aura pas de grands changements. Nous n’allions pas tout casser sept ans après une fusion réussie et de nombreuses actions déjà conduites. Par exemple, la question de la signature commune des publications était déjà bien implantée avant même le passage à l’établissement public expérimental. Le changement dans la vie quotidienne des personnels, c’est sans doute notre volonté d’ouvrir le bénéfice de nos différentes activités aux agents de l’Ecole de chimie de Montpellier.

Philippe Augé président de l'université de Montpellier
Philippe Augé président de l'université de Montpellier © Université de Montpellier

Dès aujourd'hui, les étudiants de l'Ecole de Chimie peuvent par ailleurs bénéficier des activités sportives et culturelles mais aussi des dispositifs d'accompagnement psychologique. Les échanges associatifs sortent aussi renforcés. Certains appels à projets concernant la vie étudiante sont ouverts aux étudiantes et étudiants de l'Ecole de chimie ainsi qu'aux étudiants de l'Institut Agro Montpellier. Tout cela, sans oublier la "marque" université de Montpellier sur leurs diplômes, ce qui donne du poids sur la scène internationale.

Le passage à l’établissement public expérimental est surtout l’opportunité pour nous d’intégrer dans la gouvernance de l’université ceux qui étaient nos partenaires de longue date sur le site et qui se sont encore rapprochés de nous depuis le lancement du projet MUSE "Montpellier Université d'Excellence". Je pense en particulier aux organismes de recherche qui intègrent le conseil d’administration tout comme quatre entreprises avec lesquelles nous avons des partenariats forts et anciens. C’est aussi l’occasion de repenser notre structuration de la recherche autour de cinq grands pôles.

L'université de Montpellier a en effet été lauréate du PIA "Excellences" en décembre dernier avec ce projet MUSE. Quelle est l'ambition de ce projet ?

L’Université de Montpellier s’est forgé une identité forte autour des trois défis planétaires que sont les piliers de l’I-SITE MUSE : nourrir, protéger, soigner. Afin de poursuivre cette orientation, nous avons donc saisi l’opportunité offerte par le PIA "Excellences" pour réaliser un ambitieux projet : la création de l’Institut ExposUM.

Le concept d’exposome désigne l’ensemble des facteurs environnementaux (chimiques, biologiques, physiques…) auxquels l’être humain peut être exposé tout au long de sa vie et qui peuvent affecter sa santé. La proposition de cet institut ExposUM est issue d’une réflexion menée de concert par les différents acteurs partenaires que sont l’université de Montpellier, le CNRS, l’IRD, l’Inrae, le CIRAD, l’Inserm, le CHU, l’Institut du Cancer, l’Institut Agro, l’ENSCM, l’Ifremer et l’Inria.

Notre projet ExposUM offre un cadre conceptuel formel afin de faire évoluer notre façon de faire de la recherche transdisciplinaire et de favoriser l’innovation. Et bien sûr, car c’est là le socle fondamental d’une université, de proposer des cursus novateurs pour former la génération de demain qui devra savoir dépasser des frontières surannées.

Quel bilan d'étape tirez-vous de votre premier mandat en tant que président de l’université de Montpellier ?

Avec la fusion en 2015 et la labellisation I-SITE en 2017, une nouvelle dynamique a été insufflée sur notre site autour de l’université de Montpellier.

Nous sommes arrivés à construire une université qui bâtit sa propre stratégie tout en rassemblant autour d'elle.

Alors que pendant 15 ans les tentatives de fusion s’étaient toutes soldées par des échecs, que les appels à projets PIA construits sur des consensus mous et portés par des structures peu adaptées cumulaient les revers, nous sommes arrivés à construire une université qui bâtit sa propre stratégie tout en rassemblant autour d'elle.

Pour ce nouveau mandat, quelles sont vos priorités à l'échelle de la gouvernance ?

Ce sera un mandat de consolidation et de poursuite de l'élan engagé. Même si un important travail de structuration a été réalisé lors de la fusion des deux universités en 2015, nous avons prévu dans nos statuts la mise en place de nouvelles structures, auxquelles il convient à présent de donner vie.

C’est par exemple le cas du comité des investissements stratégiques et structurants qui associe les représentants des différents partenaires de l’I-SITE MUSE. Il a vocation à arrêter leurs choix collectifs en termes de politique d’investissements scientifiques et immobiliers et de réponse aux appels à projets structurants régionaux, nationaux ou européens. On peut aussi citer la mise en place du comité consultatif international, composé de représentants de nos partenaires étrangers et du monde socio-économique, qui formulera des avis dans ce domaine.

Quelle est l'ambition générale pour l'établissement ?

Nous voulons aussi consolider notre trajectoire. Nous voulons être un établissement avec une visibilité incontestée sur son territoire et à l’international, un établissement reconnu pour la qualité de ses formations et de sa recherche, et un établissement qui se dote de conditions de travail et d’études conformes aux attentes de nos personnels et étudiants.

Les opérations de restructuration immobilière lancées dans le cadre de l’Opération Campus, du contrat de plan Etat-Région, ou du plan de relance contribuent à ces objectifs, tout comme l’a été la construction de la nouvelle faculté de médecine sur Montpellier et l’actuel vaste chantier de rénovation sur le site du Triolet.

Nous voulons aussi être un établissement conscient que des évolutions importantes sont toujours nécessaires et qui élabore des réponses aux enjeux de la science (relation science-société, science ouverte, éthique...) comme aux enjeux sociétaux (égalité femmes/hommes, développement durable, lutte contre les discriminations, politique inclusive en matière de handicap).

Sans oublier deux éléments fondamentaux : être un établissement qui exerce pleinement ses missions de service public (caractère national des diplômes, formation continue, apprentissage...) et un établissement ouvert sur les acteurs privés. C’est notamment le cas avec notre programme "companies on campus" qui vise à héberger des entreprises avec lesquelles nous avons des partenariats en recherche-développement.

Amélie Petitdemange | Publié le