Accusation d'"islamo-gauchisme" à l'université : des députés réclament une mission d'information

Amélie Petitdemange Publié le
Accusation d'"islamo-gauchisme" à l'université : des députés réclament une mission d'information
L'ensemble de la communauté universitaire française s'indigne des accusations d'"islamo-gauchisme" de certains députés LR. // ©  Marie-Anne Nourry
Deux députés Les Républicains demandent la création d'une mission d'information parlementaire sur les "dérives intellectuelles idéologiques dans les milieux universitaires". La Conférence des présidents d'université affirme qu'elle "partage l’indignation de toute la communauté universitaire".

La polémique n'en finit pas... Deux députés Les Républicains, Julien Aubert et Damien Abad, ont adressé un courrier au président de l'Assemblée nationale dans lequel ils dénoncent "les dérives intellectuelles idéologiques qui se manifestent dans les milieux universitaires", indique l'Assemblée dans un communiqué.

Les deux députés réclament la création d’une mission d’information parlementaire. Si l'Assemblée nationale accepte la création de cette mission d'information, une délégation de la commission sera alors chargée d'étudier cette question et de publier un rapport.

"Islamo-gauchisme"

Les parlementaires pointent deux faits dans leur courrier. L'importation, selon eux, de la "cancel culture" américaine "qui désigne la volonté de réduire au silence dans l'espace public tous ceux qui portent des paroles ou un comportement jugés offensants". Mais aussi l'existence de supposés "courants "islamo-gauchistes" puissants dans l'enseignement supérieur".

Ces députés font écho aux propos du ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, qui pointait "l’islamo-gauchisme qui fait des ravages à l’université", six jours après l’assassinat de Samuel Paty. La Conférence des présidents d’université (CPU) s'était alors indignée de ces mots. D'autant que le terme "islamo-gauchisme", qui a été inventé par des intellectuels réactionnaires dans les années 2000, a en effet longtemps été l'apanage des penseurs d'extrême-droite. De plus en plus répandu, il désigne "l'alliance ou la collusion entre des groupes d’extrême gauche et des mouvances islamistes", explique un de ces créateurs, le politologue Pierre-André Taguieff, dans une tribune publiée dans Libération.

"Odieuses calomnies"

Pour la CPU, cette demande de mission d'information "reflète la totale méconnaissance du fonctionnement de l’institution universitaire, de la recherche et de la formation" de ces parlementaires. "Elle signale surtout, au nom de l’opportunisme populiste, l’irrespect et la remise en cause des libertés académiques, principe fondamental de valeur constitutionnelle et présent dans toute démocratie".

Elle s'indigne par ailleurs d'un post Twitter de Julien Aubert, qui désigne sept présidents d'universités comme "coupables" de la "censure" qu'il entend dénoncer dans les universités. Cette publication, avec des photos des profils des présidents, est un "mépris des droits les plus élémentaires de la personne humaine", condamne la CPU dans un communiqué publié ce lundi 30 novembre.

La CPU tient "à apporter son soutien aux universitaires qui subissent, ces derniers jours, d’odieuses calomnies", a-t-elle réagi. En attendant la décision de l'Assemblée, elle affirme qu'elle est "solidaire de ses collègues et partage l’indignation de toute la communauté universitaire".

Amélie Petitdemange | Publié le