Au-delà du taux de réussite au bac, comment définir un bon lycée ?

Marine Ilario Publié le
Au-delà du taux de réussite au bac, comment définir un bon lycée ?
La réussite d'un lycée ne dépend pas que du taux de réussite au bac. // ©  Olesya Shelomova/Adobe Stock
Taux de réussite au bac, accompagnement des élèves, bien-être scolaire… Autant de critères qui distinguent les lycées qui tirent leur épingle du jeu, selon les participants des Rencontres organisées par le lycée Germaine Tillion au Bourget (93), le 26 avril.

Avec plus de 90% de réussite au bac chaque année, on peut se demander ce qui fait la différence entre les lycées. Ou sans détour, qu'est-ce qu'un "bon lycée" ?

C'est la question posée lors des rencontres organisées par le lycée Germaine Tillion, au Bourget (93) le 26 avril. Enseignants et proviseurs ont pu échanger sur cette question. Alors, est-ce que le taux de réussite au bac fait tout ? La réponse est non !

La réussite au bac, un indicateur parmi d'autres

Bien que les taux de réussite au bac atteignent des sommets depuis la crise sanitaire de 2020, Bruno Bobkiewicz, proviseur de la cité scolaire Buffon (XVe arrondissement de Paris), a tenu à rappeler que "non, on ne donne pas le bac à tout le monde et certains élèves n'ont toujours pas accès à cet examen".

Et si le taux de réussite reste bon d'année en année, le proviseur n'y voit pas aucun inconvénient. "Tant mieux si de plus en plus d'élèves sont en capacité de poursuivre l'aventure".

Non, on ne donne pas le bac à tout le monde. (B. Bobkiewicz, proviseur de la cité scolaire Buffon)

Pour Stéphanie Motta-Garcia, proviseure de la cité scolaire Henri IV (Ve arrondissement de Paris), "un bon lycée est un lycée où l'on réussit".

Toutefois, elle rappelle qu'il y a plusieurs manières de réussir. "Il y a la réussite académique avec la réussite au bac mais pas seulement. Il faut aussi réussir son projet d'orientation. Donc un bon lycée, c'est aussi un établissement où l'on prépare l'orientation".

Le nécessaire accompagnement sur le volet orientation

Un avis que partage Virginie Schachtel, proviseure de la cité scolaire Hélène Boucher (XXe arrondissement de Paris) selon qui "un bon lycée est un établissement capable d'emmener ses élèves le plus loin possible".

Elle rappelle notamment le fort besoin en accompagnement des élèves en seconde. "C'est un niveau charnière où beaucoup d'élèves nous échappent. L'accompagnement disciplinaire est bien entendu indispensable".

Un bon lycée est un établissement capable d'emmener ses élèves le plus loin possible. (V. Schachtel, proviseure de la cité scolaire Hélène Boucher)

Si l'accompagnement disciplinaire est essentiel pour emmener les élèves jusqu'au bac, la proviseure rappelle que depuis l'instauration du contrôle continu dans la nouvelle mouture du bac, l'enjeu semble moindre pour les élèves.

"Il n'est pas simple de les motiver quand ils sont sûrs d'avoir l'examen. Il faut leur faire comprendre que tout est important, surtout pour l'après lycée". Il faut accompagner sur le volet de l'orientation pour faire "comprendre les attendus dans l'enseignement supérieur".

Se décentrer de l'examen et préparer l'après-bac

"Réussir le bac, ce n'est pas réussir sa vie !, martèle Bruno Bobkiewicz. Même si, en France, le bac reste le diplôme qu'il ne faut pas rater, il faut aussi regarder l'après".

Pour Grégoire Borst, directeur du laboratoire de psychologie du développement et de l'éducation de l'enfant au CNRS, "on met les élèves dans des situations d'apprentissage aveugle. Ils ne savent pas pourquoi ils sont là., alors qu'il faut apprendre à apprendre pour ensuite pouvoir assimiler des savoirs fondamentaux".

"On est conditionnés par l'examen avant tout, quitte à ce que le contenu de nos enseignements ne soit pas toujours en lien avec la poursuite d'études, complète Bruno Bobkiewicz. Alors que le lycée doit aussi être le lieu où l'on prépare l'après bac".

Préserver l'autonomie des établissements

Pour le proviseur, cela passe par le maintien de l'autonomie des lycées. Une marge de manœuvre essentielle pour donner aux établissements les leviers suffisants pour adapter leurs moyens, leur pédagogie, leur orientation et leur fonctionnement.

"Depuis quelque temps, cette autonomie est attaquée et on nous explique depuis Grenelle ce qui devrait s'appliquer dans tous les lycées. C'est un problème majeur puisque les bonnes idées viennent du terrain", indique Bruno Bobkiewicz.

Un lycée où il fait bon vivre

Enfin, Stéphanie Motta-Garcia, rappelle qu'un bon lycée est aussi un établissement qui est attentif au bien-être scolaire des élèves et des personnels. Il est essentiel d'accueillir les élèves et les enseignants dans des locaux propres et fonctionnels propices aux enseignements afin de "créer des lieux de pédagogie et de vie où les professeurs et les élèves ont envie de venir le matin".

En d'autres termes, un lycée où il fait bon vivre. "Avant de parler de réussite scolaire, ce sont les conditions de travail et d'enseignement qui sont très importantes", rajoute Bruno Bobkiewicz.

Marine Ilario | Publié le