Classement des villes étudiantes 2022-2023 : la revanche des villes moyennes

Manon Pellieux Publié le
Classement des villes étudiantes 2022-2023 : la revanche des villes moyennes
Brest a vu son nombre d'étudiants grimper de 43% en dix ans. Elle figure au 5e rang des villes moyennes, au 22e rang au général. // ©  Herve RONNE/REA
L'édition 2022-2023 du classement des meilleures villes étudiantes est sortie aujourd'hui sur l'Etudiant. Toulouse, Rennes, Montpellier et Strasbourg sont sur le podium. Bien que les métropoles soient nombreuses à occuper le haut du tableau, certaines perdent des places, preuve de leur saturation. A l'inverse, des villes moyennes gagnent en attractivité.

Une fois de plus, Toulouse décroche la première place de notre classement des villes étudiantes où il fait bon étudier. Avec 117 points sur 151, Rennes se maintient à la deuxième place. La nouveauté se trouve sur la dernière marche du podium où Montpellier et Strasbourg font leur apparition.

Si toutes ces villes sont considérées comme des métropoles (plus de 40.000 étudiants dans l'unité urbaine), d'autres perdent des rangs cette année. C'est le cas de Lyon et Lille, qui en perdant un point chacune, se retrouvent respectivement reléguées de trois et deux rangs.

Le classement des meilleures villes étudiantes

Rang

Ville

Total

1

Toulouse

120

2

Rennes

117

3

Montpellier

116

4

Strasbourg

116

5

Grenoble

115

6

Lyon

115

7

Bordeaux

114

8

Nantes

112

9

Paris

111

10

Poitiers

107

11

Angers

105

12

Nancy

105

13

Clermont-Ferrand

102

14

Marseille-Aix-en-Provence

102

15

Caen

101

16

Dijon

98

17

Lille

97

18

Pau

96

19

Nice

94

20

Orléans

92

21

Besançon

91

22

Brest

91

23

Chambéry

91

24

Rouen

90

25

Limoges

88

26

Saint-Étienne

88

27

Tours

87

28

Reims

84

29

Metz

80

30

La Rochelle

78

31

Amiens

77

32

Arras

76

33

Le Mans

76

34

Nîmes

75

35

Le Havre

72

36

Mulhouse

72

37

Perpignan

70

38

Toulon

69

39

Troyes

69

40

Saint-Denis de La Réunion

63

41

Valenciennes

63

42

Avignon

62

43

Douai-Lens

53

44

Pointe-à-Pitre-Les Abymes

42

45

Fort-de-France

37

Coût de la vie élevé dans les métropoles

Ces métropoles souffrent en effet de loyers de plus en plus élevés. Lyon (+ 49 euros) et Lille (+ 48 euros) font partie des villes de notre classement où les loyers augmentent le plus en un an. Si à Lille, le loyer moyen pour un studio vient de dépasser la barre fatidique des 500 euros, à Lyon, le tarif moyen avoisine les 600 euros.

Face à des métropoles où le coût de la vie devient de plus en plus inaccessible pour les étudiants, les grandes villes (entre 20.000 et 40.000 étudiants) et les villes moyennes (entre 8.000 et 20.000 étudiants) attirent par leur coût de la vie plus raisonnable. Cela se constate notamment sur la question des transports où elles sont nombreuses à agir.

C'est le cas de Besançon qui a abaissé son abonnement annuel pour les étudiants pour la rentrée 2022. A 280 euros en 2021, le tarif est passé à 180 euros. Un effort conséquent qui se ressent dans le classement puisque Besançon gagne quatre rangs (21e place).

Et elle n'est pas la seule à fournir des efforts. L'an dernier, Saint-Etienne avait également fortement réduit l'abonnement pour les étudiants de 218 à 110 euros l'année. Certaines collectivités vont encore plus loin pour soulager le porte-monnaie des étudiants. Depuis 2020, Valenciennes propose la gratuité des transports pour tous ses administrés. Une démarche suivie par Douai cette année. Tout comme à Saint-Denis de la Réunion où les transports sont gratuits jusqu'à l'âge de 22 ans.

Plus 52,7% d'étudiants en 10 ans pour Saint-Denis de la Réunion

Les villes moyennes agissent donc pour leurs étudiants. Et il y a de quoi faire, ces villes voient le nombre d'étudiants évoluer le plus fortement en dix ans. Dans notre classement, Saint-Denis de la Réunion gagne 52,7% d'étudiants en dix ans. Brest connaît aussi une forte augmentation : + 43%. Tout comme Angers (+ 37%) et Chambéry (+ 36,6%).

Parcoursup a été moteur de mobilités (...) cela participe à l’attractivité d’un territoire. (F. Rio, Avuf)

Albi (81) et Bayonne (64), qui ne figurent pas dans notre classement, connaissent aussi une dynamique importante avec environ 36,5% d'augmentation du nombre d'étudiants en dix ans. Si ces villes moyennes voient leur nombre d'étudiants s'accroître, c'est notamment grâce au plan université 2000 mené par Lionel Jospin lorsqu'il était ministre de l’Éducation nationale. Ce plan a conduit à décentraliser les établissements du supérieur en proposant des formations dans les villes moyennes. Une mesure qui porte ses fruits aujourd'hui.

Parcoursup favorise la mobilité géographique

Pour François Rio, délégué général de l'Avuf (Association des villes universitaires de France), un autre mécanisme contribue à attirer les étudiants vers des villes moins grandes. Selon lui, Parcoursup a rendu visible des formations dans des lieux auxquels les jeunes ne pensaient pas. "Parcoursup a été moteur de mobilités. L’exemple parfait est celui des infirmiers. Avant, avec le concours, les candidats ne visaient pas tous les établissements. Aujourd’hui, ils multiplient leurs demandes, et cela participe à l’attractivité d’un territoire."

La réforme du master a aussi poussé les étudiants à être plus mobiles selon lui. Un phénomène qui sera peut-être amplifié avec la mise en place de la plateforme unique de candidatures en master, annoncé par Sylvie Retailleau le 15 septembre 2022. D'autant plus que les établissements dans les villes moyennes sont plutôt dans une phase de renforcement de leur offre de formation en niveau master. C'est notamment le cas à La Réunion. Selon une étude de l'Insee, "sur la décennie écoulée, c'est la détention d'un diplôme de niveau bac+5 qui s'accroît le plus, en lien avec un élargissement de l'offre universitaire".

Directrice de l'INU Champollion à Albi, Christelle Farenc explique aussi le choix d'ouvrir des masters ces dernières années. "La première étape a été d'offrir des formations pour les bacheliers, donc des licences. Mais entre 2010 et 2020, ce qui a évolué c'est l'offre de licences pro et de masters." Enrichir l'offre de formation au niveau bac+5 permet d'être attractif à l'échelle nationale. Car les étudiants en master viennent de plus loin.

Les villes moyennes démocratisent l'accès aux études supérieures

Si les villes moyennes attirent des jeunes ces dernières années, c'est aussi parce qu'elles participent à démocratiser l'accès à l'enseignement supérieur. "Dans nos licences, 70% des étudiants sont du Tarn et de l'Aveyron. On offre un premier parcours dans l'enseignement supérieur", explique Christelle Farenc.

Sans cette offre de proximité, on suppose qu'ils ne seraient pas tous allés dans les universités toulousaines. (C. Farenc, INU Champollion)

Avec 50% de boursiers au niveau licence, contre 38% au niveau national toutes filières confondues, l'INU Champollion permet de se former malgré de faibles sources de revenus. Le coût général de la vie y étant moins cher que dans une grande métropole. Pour certains cela permet de ne pas prendre de logement, en restant vivre chez leurs parents. "Sans cette offre de proximité, on suppose qu'ils ne seraient pas tous allés dans les universités toulousaines", suppose la directrice de l'INU.

Le cas est encore plus marqué à Saint-Denis, où la mobilité étudiante est encore plus complexe du fait de l'insularité. A la Réunion, 80,4% des inscrits dans l'enseignement supérieur en 2020 ont obtenu leur bac dans la même région. Alors qu'au niveau national, le taux de bacheliers qui poursuivent leurs études supérieures dans la même région que celle où ils ont obtenu leur bac s'élève à 60%, selon le SIES. Alors après avoir terminé leur formation et obtenu leur diplôme, il reste à savoir si ces jeunes resteront travailler dans ces territoires.

Manon Pellieux | Publié le