Classement THE Impact 2022 : les établissements français peuvent mieux faire

Amélie Petitdemange
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L'université de Montpellier est le premier établissement français classé dans le Classement THE Impact 2022.
L'université de Montpellier est le premier établissement français classé dans le Classement THE Impact 2022. // ©  Université de Montpellier
Le Times Higher Education a publié, mercredi dernier, son classement mondial THE Impact, centré sur le développement durable. Aucun établissement français ne figure dans le top 100. L’université de Montpellier se classe première française.

Le classement THE Impact classe les établissements d’enseignement supérieur selon leur prise en compte des 17 objectifs de développement durable fixés par l’ONU. Si 25 établissements du supérieur français figurent dans l'édition 2022 – contre 24 l’an dernier – aucun d'entre eux n’est classé dans les 100 premiers, ce qui était déjà le cas en 2021. L'université de Montpellier figure dans le top 200 et trois établissements sont dans le top 300 : Aix-Marseille Université, IMT Atlantique et PSL.

Mais pour Ellie Bothwell, responsable des classements au Times Higher Education, l’absence de la France dans le top 100 du classement général n’est pas alarmante. "Nous n’attendons pas des établissements qu’ils soient bons partout, c’est normal de se spécialiser." La France pourrait cependant s’améliorer sur certains objectifs. Elle évoque "Action climatique", un objectif important dans lequel aucun établissement français ne figure dans le top 100.

Classement THE Impact : les 25 établissements du supérieur français classés

Etablissement Rang
Montpellier University 101–200
Aix-Marseille University 201–300
IMT Atlantique 201–300
Paris Sciences et Lettres – PSL Research University Paris 201–300
University of Bordeaux 301–400
Institut Mines-Télécom Business School 301–400
University of Nantes 301–400
Centrale Nantes 401–600
École Centrale de Lyon 401–600
École des Mines de Saint-Étienne 401–600
EMLyon Business School 401–600
IMT Nord Europe 401–600
IMT Mines Alès 401–600
National Institute of Applied Sciences of Lyon (INSA Lyon) 401–600
Sorbonne University 401–600
EDHEC Business School 601–800
KEDGE Business School (Bordeaux) 601–800
University of Rennes 1 601–800
CY Cergy Paris University 801–1000
Université Polytechnique Hauts-de-France 801–1000
Panthéon-Sorbonne University – Paris 1 801–1000
ENSTA Bretagne 1001+

Pas assez de partenariats, indispensables pour atteindre les objectifs de l'ONU

Pour participer au classement général, les établissements doivent envoyer des données pour quatre des objectifs de l’ONU, dont obligatoirement celui intitulé "Partenariats pour atteindre les objectifs". Or les établissements français pêchent sur ce point, pointe Ellie Bothwell. "Ils peuvent améliorer leur score en travaillant davantage avec d’autres universités, des ONG, des entreprises… C’est crucial car les objectifs de l’ONU ne peuvent pas être atteints à l’échelle individuelle", explique-t-elle.

L’université de Montpellier, qui est passée du rang 201–300 en 2021 au rang 101–200 cette année, a justement progressé sur "partenariat pour les objectifs". "Cela est sans doute en relation avec le développement de l'interdisciplinarité et des actions internationales, des dimensions prises en compte dans le classement", explique Philippe Augé, président de l’université de Montpellier.

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Onze établissements français dans les tops 100 thématiques de THE Impact

La France place tout de même 11 établissements dans le top 100 des classements thématiques, qui prennent en compte un seul objectif de développement durable. L’Hexagone est bien classé sur la thématique "Travail décent et croissance économique", avec quatre institutions dans le top 100, mais aussi sur les thématiques "Education de qualité" et "Industrie, innovation et infrastructures", dans chacune desquelles figurent trois établissements.

Par exemple :

– sur la thématique "Industrie, innovation et infrastructure", l’Institut Polytechnique de Paris est 16e et PSL 18e ;
– sur la thématique "Travail décent et croissance économique", l'IMT Atlantique est 18e et PSL 36e ;
– sur la thématique "Réduire les inégalités", l'université de Montpellier se classe 28e ;
– sur la thématique "Education de qualité", l’Institut Mines Telecom est 35e et l’université de Nantes 46e.

De l'impact des actions concrètes sur le ranking

L’université de Montpellier est particulièrement bien notée sur les objectifs "Bonne santé et bien-être" et "Réduire les inégalités". Des actions concrètes ont en effet été mises en place. "Nous menons de nombreuses actions de sensibilisation sur les thématiques de la santé en s'appuyant notamment sur le développement de 'pair à pair' par les étudiants", illustre Philippe Augé.

Le président de l’université de Montpellier cite également des mesures visant l'inclusion des étudiants et personnels en situation de handicap. "Cela va d'un accompagnement aux études par des assistants pédagogiques à des ateliers de sensibilisation à la langue des signes françaises, par exemple."

Nous travaillons à un programme d'action pour aller plus loin dans la mise en œuvre de la transition écologique, je pense qu'il sera un facteur important d'amélioration. (P. Augé, Université de Montpellier)

Mais l'université montpelliéraine va plus loin et propose également des programmes de formation pour accompagner les femmes dans leur carrière. "Notre université innove par ailleurs au niveau international, avec par exemple le diplôme 'Défis globaux pour le développement durable' créé dans le cadre de l'alliance européenne 'Charm EU'. Il faut noter aussi que le classement tient compte des travaux de recherche effectués au sein de notre établissement sur certains de ces sujets", souligne-t-il.

L’université devrait progresser sur les autres objectifs de développement durable. "Nous travaillons à un programme d'action pour aller plus loin dans la mise en œuvre de la transition écologique au sein de l'établissement, je pense qu'il sera un facteur important d'amélioration", annonce Philippe Augé. Cela dit, si le classement vient couronner ces efforts, ce n'est pas une fin en soi, précise-t-il.

Classement THE : les regroupements français sauvent la mise

THE Impact, un classement très mouvant

Le classement THE impact est cela dit très mouvant. Ainsi, en 2020, Aix-Marseille Université s’était hissée 20e du classement général et PSL à la 53e place. L’année suivante, elles étaient respectivement tombées au rang 201–300 et 101–200, avant de toutes les deux se classer dans les 201–300 cette année.

De telles variations ne sont pas si étonnantes pour Ellie Bothwell : "le nombre d’institutions classées augmente très vite chaque année. D’autre part, c’est un classement très mouvant car de nouvelles politiques en matière de développement durable peuvent faire rapidement monter un établissement. Le développement durable est un domaine très dynamique".

Par conséquent, un établissement peut chuter dans le classement alors qu’il stagne ou s’améliore en termes de développement durable parce que d'autres institutions vont plus vite.

C’est un classement très mouvant car de nouvelles politiques en matière de développement durable peuvent faire rapidement monter un établissement. (E. Bothwell, THE)

"Les méthodologies des classements internationaux valorisent souvent les universités anglo-saxonnes", explique de son côté Philippe Augé. Selon lui, les établissements français devraient cela dit remonter dans ce classement lors des années à venir. "Le développement durable et la responsabilité sociale sont devenus des thèmes centraux au sein des universités françaises. Par ailleurs, la réglementation française est, par rapport à d'autres réglementations internationales, assez protectrice si l'on songe par exemple aux contrats de travail ou aux lois anti-discrimination", pointe le président de l’université de Montpellier. Il mise par conséquent sur une progression des universités françaises.


Amélie Petitdemange | Publié le