Comment la plateforme de candidatures unique en master va être mise en place dans les universités

Amélie Petitdemange Publié le
Comment la plateforme de candidatures unique en master va être mise en place dans les universités
plain picture plateforme masters // ©  DEEPOL by plainpicture/Joseffson
A partir de 2023, la plateforme unique de candidature en master sera en place dans les universités. Les candidatures seront centralisées et uniformisées. Les universités doivent intégrer leurs formations sur la plateforme d’ici le mois de février, pour permettre aux étudiants de postuler à partir du 1er mars. La création de la plateforme unique de candidatures en master engendre ainsi un travail supplémentaire pour les personnels des universités.

La nouvelle plateforme de candidatures unique en master, annoncée en septembre par la ministre Sylvie Retailleau, ouvrira bien en février 2023. Objectif : simplifier le processus de candidatures des étudiants. Les candidatures seront toutes centralisées, et non plus sur un site propre à chaque établissement. Si la plateforme simplifiera la démarche côté étudiants, elle demandera un travail supplémentaire du côté des personnels des universités pour la prise en main et la gestion. EducPros fait le point sur les contours de la plateforme et ses enjeux.

Un dossier commun pour postuler en master, et des éléments au libre choix des universités

Lorsque l’étudiant créera son compte, il devra remplir un dossier qui sera commun à tous les établissements, avec son CV, son bac, son cursus post-bac, ses relevés de notes… Certains éléments seront précisés mais non transmis à la commission de sélection, par exemple si l’étudiant est artiste confirmé, sportif de haut niveau, boursier ou en situation de handicap.

En plus de ce dossier commun, les universités pourront demander des pièces complémentaires, qu’elles choisiront parmi une liste prédéfinie. Il s’agira par exemple d’une lettre de motivation, d’un certificat de langues, d’un book pour une formation en art…

Enfin, les masters pourront, s’ils le veulent, demander deux autres pièces complémentaires qui ne seraient pas dans la liste.

Un onglet pour faciliter la sélection des futurs étudiants

Par ailleurs, les universités pourront utiliser un onglet exploitable sous format excel pour préciser une information. "L'université pourra par exemple demander la moyenne sur les derniers semestres, ou le niveau de langue dans le cas d’un master international. Ainsi, il sera possible de voir d’un coup d’œil si le dossier doit être examiné. Si l’étudiant a cinq en anglais et postule à un master bilingue, ce n’est peut-être pas la peine. A contrario, cela peut aussi faire ressortir un dossier indispensable", explique Patrick Courilleau, vice-président formation et vie étudiante à CY Cergy Paris université, qui mène les concertations concernant la plateforme avec le ministère de l’Enseignement supérieur.

Pour postuler à un master, l’étudiant ira chercher les formations qui l’intéressent sur la plateforme Trouvermonmaster. Lorsqu’il cliquera sur "candidater" sur la fiche du master qui l’intéresse, il sera redirigé vers la nouvelle plateforme.

Compléter la plateforme master pour février 2023

Les masters devront être détaillés sur la nouvelle plateforme unique à partir de février 2023. Si cette étape représente une charge de travail supplémentaire pour les universités, Guillaume Gellé, vice-président de France universités estime "ce calendrier raisonnable". "Nous allons mobiliser les personnels sur une mission qu’ils n’avaient pas à gérer dans cette période de l’année. Mais ensuite, cela va faciliter leur travail pendant la période candidature. Finalement, si nous lissons sur l’année, cela ne représentera pas plus de travail", assure-t-il.

Les étudiants postuleront entre le 1er mars et le 3 avril. Puis du 7 avril au 12 juin, les commissions pédagogiques étudieront les dossiers. Durant cette période, les établissements pourront organiser des oraux ou des examens, en complément du dossier de candidature. Les résultats seront publiés le 19 juin. L’étudiant aura alors trois jours pour valider son choix dans un seul master.

Au bout de ces trois jours, de nouvelles places vont donc se libérer et les étudiants recevront de nouvelles propositions, et ce pendant toute la phase principale. Après ces trois premiers jours, le délai pour valider une formation passe à une journée.

"Si l’étudiant ne répond pas dans les temps, il est déclaré démissionnaire. Mais si un étudiant était dans l’impossibilité de se connecter pendant cette phase, un recours sera possible", précise Patrick Courilleau au sortir d’une réunion de présentation de la plateforme.

Optimiser le nombre de places en master

Pour Guillaume Gellé, ce nouveau processus devrait "optimiser le nombre de places". "Même dans les masters en tension, il reste parfois des places à la fin du processus de candidature, car certains candidats oublient de se désinscrire et bloquent une place. Quand on se rend compte que la place ne sera pas occupée, il est trop tard pour la réattribuer", explique-t-il.

Le travail d’affectation des places en master devrait être beaucoup plus efficient. (P. Courilleau)

Patrick Courilleau s’attend également à "un travail d’affectation des places en master beaucoup plus efficient". "Au 15 juillet, nous saurons déjà qui va s’inscrire dans notre université, alors qu'avec l'ancien système nous étions fixés entre fin août voire début septembre", affirme-t-il. Selon lui, les saisines auprès des rectorats provenant d’étudiants sans master devraient donc baisser en 2023.

Entamer des procédures de saisines plus tôt

Les saisines pourront par ailleurs être faites plus tôt, dès la publication des résultats, le 19 juin, notamment si un étudiant est refusé de toutes les formations. Il pourra entamer une procédure de saisine.

Par ailleurs, la règle du "silence vaut accord" habituellement utilisée pour les candidatures en master est remplacée dans ce nouveau processus par un "silence vaut refus". Si un étudiant n’a pas reçu de réponse avant le 4 août, il sera considéré comme refusé et pourra également entamer la procédure dès cette date.

Cette année, il n’y aura pas de phase complémentaire. En contrepartie, les étudiants pourront faire jusqu'à 15 vœux en formation initiale et 15 vœux en apprentissage. Le ministère de l’Enseignement supérieur prévoit a priori d’instaurer une phase complémentaire l’année suivante et de réduire à deux fois 10 vœux.

Une plateforme de candidatures en construction

Enfin, la plateforme prévoit de ne pas hiérarchiser les vœux comme sur Parcoursup. Une décision saluée par la Fage, fédération d’associations étudiantes. France universités était quant à elle favorable à une hiérarchisation, qui aurait pu accélérer l’attribution des places. Le processus pourrait d’ailleurs être revu après cette première année d’essai. Un comité d’éthique suivra d’ailleurs la mise en place de la plateforme.

Des groupes de travail se réunissent tous les 15 jours afin d’affiner la plateforme. Un point reste notamment en suspens : le nom de ce futur outil.

Amélie Petitdemange | Publié le