Les grandes lignes du DNMADE se dessinent

Céline Authemayou, Martin Rhodes Publié le
Les grandes lignes du DNMADE se dessinent
Le DNMADE sera mis en place dès la rentrée 2018 dans 14 académies. La CPU plaidait pour une expérimentation dans trois ou quatre académies seulement. // ©  Elisabeth Schneider
Contenu de la formation, modalités d’évaluation, débouchés... Les projets de décret et d'arrêté relatifs à ce nouveau diplôme, qu'EducPros s'est procurés, fixent les contours du cursus. Une rapidité de déploiement qui n'est pas du goût des universités : celles-ci pourraient ne pas signer les conventions de partenariat.

Après le flou artistique, les premières mises au point. Actée à l'automne 2017, la suppression progressive des Manaa (mises à niveau en arts appliqués), des BTS (brevets de technicien supérieur) en arts appliqués et des DMA (diplômes des métiers d'arts) publics et privés sous contrat au profit du DNMADE (diplôme national des métiers d'art et du design) prend une tournure plus concrète.

Dans les projets de décret et d'arrêté relatifs à ce nouveau diplôme, qu'EducPros s'est procuré, figurent les détails concernant le contenu de la formation, les modalités d'évaluation ou encore les possibles débouchés après l'obtention du diplôme. Des informations particulièrement attendues, alors que 14 académies s'apprêtent à proposer ce nouveau cursus à leurs étudiants, et ce dès la rentrée 2018.

Un diplôme en trois ans, pour tous

Sans surprise, le DNMADE sera un diplôme postbac en trois ans, conférant le grade de licence. Il s'ouvrira à des profils très variés puisqu'il s'adressera "aux bacheliers issus de formations technologiques, générales ou professionnelles et aux élèves issus des diplômes de niveau IV des arts appliqués tels que les brevets des métiers d'art", précisent les textes. L'entrée en DNMADE se fera sur dossier de candidature. Les établissements auront la possibilité d'ajouter un entretien oral à la procédure d'admission.

Nous souhaitions une expérimentation dans trois ou quatre académies.
(F. Germinet)

La première année, dite de "propédeutique", fera la part belle à la "découverte [...] et à l'acquisition des outils fondamentaux conceptuels, artistiques et techniques". Dès la deuxième année, 15 mentions seront proposées : animation, espace, événement, graphisme, innovation sociale, instrument, livre, matériaux, mode, numérique, objet, ornement, patrimoine, spectacle, et enfin textile. La troisième année aura quant à elle pour ambition le "perfectionnement des spécialités du parcours".

Les universités signeront-elles les conventions ?

Ces précisions permettront aux établissements concernés par la réforme, parmi lesquels bon nombre de lycées, de travailler au plus vite à la mise en œuvre de cette réforme. Dès le mois d'octobre, les proviseurs tiraient la sonnette d'alarme sur le peu d'indications mis à leur disposition sur le sujet. "Nous n'avons toujours pas d'informations officielles concernant le contenu du diplôme, alors même que l'académie d'Aix-Marseille adoptera la réforme dès la rentrée 2018", confiait alors à EducPros une professeure d'arts appliqués pour le DMA (diplôme des métiers d'art) cinéma d'animation de l'académie.

Mais cette rapidité d'exécution ne satisfait pas tout le monde. "Les rectorats ont cédé à la demande pressante des lycées d'adopter rapidement la réforme, sans suffisamment écouter les universités, regrette François Germinet, président de la commission formation à la CPU (Conférence des présidents d'université). Nous souhaitions une expérimentation dans trois ou quatre académies." Les universités pourraient donc refuser de signer les conventions de partenariat, indispensable aux lycées pour délivrer un diplôme conférant le grade de licence. Le texte doit être examiné au Cneser (Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche) le 14 décembre 2017.

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