Guerre en Ukraine : les établissements d'enseignement supérieur suspendent leurs accords avec des institutions russes

Agnès Millet Publié le
Guerre en Ukraine : les établissements d'enseignement supérieur suspendent leurs accords avec des institutions russes
L'université d'Etat à Moscou partenaire de nombreux établissements du supérieur français. // ©  SERGEY PONOMAREV/The New York Times-REDUX-REA
Alors que la guerre s'installe en Ukraine depuis trois semaines, les établissements d'enseignement supérieur français suspendent leurs partenariats avec les établissements russes et dénoncent la prise de position de l'Union des recteurs de Russie.

Début mars, des établissements faisaient part de l'arrêt provisoire de leurs partenariats avec des universités russes. Ainsi, l'Essca annonçait une suspension temporaire de ses accords, et ce, à la demande du ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche qui publiait une circulaire, le 28 février.

Suspension générale des accords de partenariat avec les universités russes

Puis, c'est en ordre resserré, le 10 mars, que France Universités (ex-CPU) suspend son protocole d’accord avec l’Union des recteurs de Russie, signé en 2013. La cause ? La déclaration soutenant la décision de Vladimir Poutine d’entreprendre une action militaire en Ukraine, publiée par l'Union des recteurs de Russie, quelques jours plus tôt.

Faisant part de sa "stupéfaction", France Universités indique que ce texte, signé par les recteurs russes "de leur propre chef ou sous la pression de leurs autorités, contrevient aux valeurs que portent les universités européennes et sur lesquelles elles n’entendent pas transiger".

L'association "invite les établissements français à suspendre jusqu’à nouvel ordre toute forme de coopération institutionnelle avec les universités russes signataires tout en maintenant les relations interpersonnelles compatibles avec les valeurs rappelées ci-dessus".

La Cdefi "dénonce vivement" la position de l'Union des recteurs de Russie

La Cdefi (Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs) se joint à cette voix et "dénonce vivement cette trahison des valeurs humanistes, progressistes et de tolérance qui fondent le socle commun et indéfectible de l’Europe de la recherche et de l'enseignement supérieur".

Dans le sillage de France Universités, elle "recommande aux écoles d’ingénieurs françaises de suspendre tout dialogue institutionnel avec leurs partenaires russes qui se sont eux-mêmes mis au ban de la communauté académique et scientifique en se rendant complices de cette agression".

La Cdefm (Conférence des directeurs d'écoles françaises de management), de son côté, confirme sa volonté de "suivre les recommandations ministérielles : les échanges académiques, les doubles diplômes et les collaborations et événements scientifiques sont gelés jusqu'à nouvel ordre", explique Christophe Germain, directeur d’Audencia et vice-président de la Cdefm.

Mobilisation pour les étudiants et les enseignants qui subissent les impacts de la guerre

Par ailleurs, France Universités "salue la forte mobilisation des établissements d’enseignement supérieur et de recherche français et européens qui agissent pour accompagner ou accueillir les chercheurs et étudiants touchés par les conséquences de cette guerre". L'institution veut aussi "alerter sur les besoins des étudiants et chercheurs impactés par le conflit".

De même, les écoles d'ingénieurs soulignent qu'elles sont "prêtes à ouvrir leurs portes, à la hauteur de leurs moyens, aux étudiants, enseignants et chercheurs d'Ukraine, de Russie ou de Biélorussie, qui s’opposent à ce conflit armé et en subissent les conséquences".

Christophe Germain note que des professeurs russes ont déjà émis le souhait d'être accueillis dans des établissements français.


L'AACSB, l'AMBA et l'EFMD sur la même position
Les trois grandes agences accréditrices internationales d'écoles de commerce annoncent également, dans un communiqué commun, leur décision collective de "suspendre toutes les activités d'adhésion et d'accréditation avec les institutions russes jusqu'à nouvel ordre".
L'AACSB, l'AMBA & BGA et l'EFMD sont basées respectivement aux États-Unis, au Royaume-Uni et à Bruxelles.

Agnès Millet | Publié le