Jacques Tardif : "Il est urgent de monter les exigences de la formation en ostéopathie en France"

Propos recueillis par Virginie Bertereau Publié le
Jacques Tardif : "Il est urgent de monter les exigences de la formation en ostéopathie en France"
J. Tardif // © 
Professeur titulaire à l’université de Sherbrooke (Québec), Jacques Tardif est l’auteur du référentiel français de formation par compétence en ostéopathie "Devenir ostéopathe. Agir avec compétence" publié par le SNESO (Syndicat national de l’enseignement supérieur en ostéopathie) en juin 2012. Cette organisation rassemble 6 établissements d’enseignement supérieur agréés par le ministère de la Santé. EducPros a rencontré ce docteur en psychologie de l’éducation alors que la réforme de la procédure d’agrément se fait toujours attendre.   



Pourquoi avoir rédigé ce référentiel de formation par compétence en ostéopathie ?

Il était regrettable de distinguer le métier d’ostéopathe, la formation et la VAE (validation des acquis de l’expérience). L’intention était de réaliser un seul référentiel qui serve à ces trois usages. Le SNESO (Syndicat national de l’enseignement supérieur en ostéopathie) et le SFDO (Syndicat français des ostéopathes) avaient notamment commencé à travailler sur un référentiel quand ils ont fait appel à moi.

Pourquoi ces syndicats, français, sont-ils venus frapper à votre porte au Québec ?

Ils ont lu des travaux que j’avais réalisés. Je suis psychologue de l’éducation donc j’ai toujours en tête la formation. J’ai proposé l’architecture du référentiel, son formatage.

Comment avez-vous procédé ?

Nous sommes partis de la question "qu’est-ce que l’ostéopathie ?" et, de là, quelles sont les compétences à maîtriser . Nous en avons retenues six : "Adopter une posture professionnelle conforme aux normes légales, réglementaires et déontologiques applicables à l’ostéopathie", "Mettre en œuvre une alliance thérapeutique en répondant de manière judicieuse à la demande du patient", "Etablir un diagnostic d’opportunité ostéopathique", "Améliorer l’état de  santé du patient", "Contribuer scientifiquement et qualitativement à l’évolution de la pratique ostéopathique" et "Développer une activité professionnelle pérenne dans des conditions conformes à la pratique de l’ostéopathe". Ensuite, nous avons défini les étapes qu’un étudiant devait franchir pour obtenir ces compétences (la formation). Enfin, nous avons travaillé sur ce qu’il fallait à une personne extérieure à la profession pour être reconnue comme ostéopathe (la VAE). 

Combien de temps a pris ce travail ?

Le métier d’ostéopathe est complexe. Il est plus facile de définir les compétences du gynécologue…

Nous avons commencé fin 2010, soit presque deux ans. Je pensais que cela aurait pris moins de temps, mais le métier d’ostéopathe est complexe. Il est plus facile de définir les compétences du gynécologue… Là, les paramètres de la profession, qui considère l’être humain comme un tout, sont plus flous.

Quel regard portez-vous sur la formation en ostéopathie en France ?

J’avais l’illusion qu’elle était plus exigeante. Aujourd’hui, il est urgent de monter les exigences conformément aux recommandations de l’Organisation mondiale de la Santé [minimum 4465 heures de formation dont 1000 heures de pratique clinique encadrée, NDLR]. J’espère que notre référentiel sera pris en compte par le ministère français de la Santé en cas de réforme. Il pourrait jouer un rôle important. Mais je crains que d’autres créent leur référentiel et la pire des choses serait qu’ils soient mis en compétition.  

Où en est la réforme de la procédure d’agrément ?

Pour l’heure, le ministère de la Santé continue d’agréer sur la base des critères définis en 2007. Un décret du 14 septembre 2012 a prorogé les agréments des établissements de formation en ostéopathie agréés entre août 2007 et août 2009 pour l’année scolaire 2012-2013. Les agréments délivrés postérieurement à sa publication expireront le 15 septembre 2013. Que se passera-t-il alors ? Le même texte législatif évoque "une possible modification du régime d’agrément applicable à compter de la rentrée 2013-2014".

Le comparatif des écoles d’ostéopathie 2012 sur letudiant.fr

Ostéopathe, un métier qui a le vent en poupe. Pour l’exercer, il est recommandé de passer par une école agréée par le ministère de la Santé. Une vingtaine, de niveau hétérogène, proposent une formation initiale. Pour aider les étudiants à choisir, letudiant.fr a conçu un comparatif interactif des établissements, basé sur des critères aussi divers que leur implantation géographique, leurs modalités d’admission, leur enseignement, l’insertion professionnelle de leurs diplômés, etc.

Pour réaliser ce comparatif , nous avons envoyé un questionnaire portant sur l'année 2011-2012 aux 28 écoles d’ostéopathie agréées par le ministère de la Santé offrant une formation initiale ; 24 d’entre elles ont répondu. Nous avons vérifié leurs réponses jusqu’à début septembre en faisant des recherches sur Internet, en leur téléphonant et en interrogeant des étudiants. Depuis, une nouvelle école a été agréée par le ministère de la Santé par un arrêté du 28 septembre 2012 : l’IPEO (Institut privé d’enseignement ostéopathique) Montpellier, école que nous n’avons donc pas pu intégrer.

Lire aussi :

- Le comparatif 2012 des écoles d’ostéopathie

- Le référentiel : les 6 compétences de l'ostéopathe
- Le référentiel : les domaines de ressources

Propos recueillis par Virginie Bertereau | Publié le