Le supérieur mesure son impact économique pour mieux le faire (re)connaître

Guillaume Mollaret Publié le
Le supérieur mesure son impact économique pour mieux le faire (re)connaître
L'université fédérale de Toulouse Midi Pyrénées, l'un des gros employeurs du supérieur dans la région. // ©  BestPhotoStudio/Adobe Stock
A Toulouse, les retombées économiques des établissements de l'enseignement supérieur s'élèvent à deux milliards d'euros. En tout, ce sont 29.400 emplois indirects ou induits qui sont créés par les 240 établissements d’enseignement supérieur et de la recherche du territoire toulousain. Au-delà de la région Occitanie, les grandes villes étudiantes et plus spécifiquement les universités sont aussi génératrices de PIB et contribuent directement à leurs économies locales.

Deux milliards d’euros. C’est le montant estimé des retombées économiques de l’enseignement supérieur dans la métropole toulousaine et dix intercommunalités plus ou moins voisines situées à l’ouest de la région Occitanie. Ces territoires - qui forment l’Association du dialogue métropolitain de Toulouse (ADMT), commanditaire d’une étude réalisée par l’Agence d’urbanisme locale (AUAT) et dévoilée début janvier - recensent 147.500 étudiants au sein de 240 établissements (lycée en post-bac, IUT, Université, école d’ingénieurs...).

Plus de 30.700 emplois créés par les établissements du supérieur toulousains

Selon l'étude, ce ne sont pas moins de 30.700 emplois (dont 11.000 directs) qui sont générés par le supérieur à Toulouse et ses intercommunalités. Sans surprise, l’aire toulousaine se taille la part du lion avec 27.500 emplois et 1,8 milliard d’euros de retombées monétaires sur ses seules terres. "Ces études sont intéressantes. Elles ne peuvent qu’être qu'encouragées. Elles démontrent tout l’apport de l’enseignement supérieur et la recherche qui forme des étudiants, du capital humain, engendre des innovations et du transfert de technologie. En clair, elles mettent en exergue la valeur ajoutée et les emplois créés grâce à eux sur le territoire", salue Khaled Bouabdallah, recteur délégué pour l’ESRI en région Occitanie, par ailleurs économiste de formation.

Ces études démontrent tout l’apport de l’enseignement supérieur et la recherche qui forme des étudiants, du capital humain, engendre des innovations et du transfert de technologie. (K. Bouabdallah, recteur délégué)

Si le montant de deux milliards d’euros de retombée à l’ouest de l’Occitanie peut paraître énorme en valeur absolue, il convient de le pondérer au regard du reste de la valeur ajoutée créée dans la région. Le supérieur ne représente dès lors que 1,2% du PIB d’Occitanie. A cet égard, l’absence de données consolidées sur les autres villes universitaires (Montpellier, Perpignan et Nîmes) de la région empêche de connaître le poids économique réel de l’enseignement supérieur dans ce territoire grand comme la République d’Irlande.

En outre, elle masque quelques disparités. Sur le strict plan démographique, la population étudiante représente un peu plus de 10% de la population toulousaine quand elle n’est que de "3 à 4%” dans les villes moyennes comme Albi et Tarbes".

Un important impact économique des grandes villes étudiantes

Quid de la fiabilité des données diffusées par l’AUAT ? "Notre territoire n’est pas le premier à se poser la question du poids économique de l’enseignement supérieur. D’autres agglomérations l’ont fait avant nous à Rennes, Lille, Nantes, Saint-Etienne et Marseille. Ici, nous sommes volontairement sur des retombées un peu plus prudentes que certains territoires, tant il est vrai que par induction, on peut vite arriver à des retombées surestimées", argumente Yoan Thyssier de l'Agence d'urbanisme de Toulouse.

Ainsi, à nombre d’étudiants équivalents, les ordres de grandeurs sont respectés. A Rennes, le poids économique de l’enseignement supérieur était, en 2016, estimé à 600 millions d’euros de retombées et 9.300 emplois pour 44.200 étudiants. A Lille, les retombées monétaires étaient, en février 2018, estimées à 2,4 milliards d’euros, 42.000 emplois pour 115.000 étudiants.

La valeur ajoutée brute des universités de plus en plus évaluées

Par ailleurs, en décembre 2017, une étude menée par la League of european research universities (Leru), une alliance composée de 23 universités européennes (Paris-Sorbonne, Paris Saclay et Strasbourg ainsi qu’Oxford, Utrecht ou encore Milan), avait établi que, pour l’année 2016, ses établissements, qui rassemble une communauté de 789.000 étudiants, avaient contribué à l’économie pour un montant total de 99,8 milliards d'euros de valeur ajoutée brute et 1,3 million d'emplois.

En France, le cabinet Biggar Economics avait, la même année, avancé que les 17 universités de la Coordination des universités de recherche intensive françaises (Curif, dissoute en 2020) avait contribué à leur environnement pour "43,3 milliards d’euros de valeur ajoutée brute, et ont créé 368.110 emplois globalement."

A ces données chiffres, toujours éclairant mais partiels, s’ajoutent aussi des bienfaits non quantifiés et non quantifiables tels que la notoriété générée par une présence liée à l’enseignement supérieur et à la recherche ainsi que l’augmentation du capital cognitif de la population sur les bassins de vie concernés. La première valeur de l’éducation.

Guillaume Mollaret | Publié le