L’enseignement supérieur, un levier d’attractivité pour les territoires

Valérie François Publié le
L’enseignement supérieur, un levier d’attractivité pour les territoires
La conférence EducPros coorganisée par l'AVUF sur le salon européen de l'Education. // ©  L'Etudiant EducPros
L’arrivée de formations de l’enseignement supérieur sur un territoire est un véritable enjeu d’attractivité et de croissance pour les villes moyennes. De leur côté, les écoles y trouvent un intérêt stratégique. Élus de métropoles et responsables de grandes écoles ont partagé leur expérience et analysé les stratégies d’attractivité de villes moyennes et d'établissements dans leur déploiement territorial lors d’une conférence organisée par l’AVUF et EducPros sur le Salon européen de l'éducation.

"C’est en élevant le niveau de formation que l'on arrive à avoir un territoire attractif", déclare Florent Montillot, premier adjoint de la ville d’Orléans et vice-président Enseignement supérieur et recherche de la métropole. C’est pourquoi Orléans déploie depuis de nombreuses années une stratégie visant à devenir en France une ville universitaire qui compte. Pour booster cet objectif, elle a lancé un appel à manifestation d'intérêt afin de faire venir des grandes écoles. "En l’espace de cinq ans, nous avons ainsi attiré deux grandes écoles de commerce : l’ISC et Excelia. Nous avons également réussi à faire venir des écoles d'ingénieurs, AgroParisTech et l’ESTP (Ecole spéciale des travaux publics)", se félicite Florent Montillot.

La croissance démographique : un enjeu des territoires

En attirant des formations variées, les collectivités répondent aux besoins de croissance démographique des territoires. "Au Mans, nous perdons des habitants. Une étude Insee nous a montré qu’un quart des bacheliers quittait la Sarthe parce que l'offre de formation post bac+1 n'était pas assez étoffée. En créant une ville universitaire comme à Orléans, nous voulons accueillir et fixer une jeunesse plus nombreuse sur Le Mans métropole", explique Patrick Mahoué, chargé de mission Enseignement supérieur et recherche de la CU Le Mans Métropole. Une stratégie couronnée de succès à Orléans qui peut s’enorgueillir d’avoir la plus forte progression d'étudiants, devant La Rochelle, avec une augmentation de 10.000 étudiants en moins de 10 ans.

Faire venir des talents pour répondre aux besoins des entreprises

Face aux enjeux de transition numérique, écologique et énergétique, l’arrivée d’établissements d’enseignement supérieur dans une région répond également à un besoin majeur des entreprises de recruter de nouvelles compétences. "L'apprentissage est par exemple une belle opportunité pour nos entreprises de capter très tôt les futurs talents", explique Céline Lanfranchi-Signol, directrice stratégie innovation / ESR de la CA Saint-Quentin-en-Yvelines. Laureline La Planeta, chargée de promotion et admission de l'école de commerce ISC précise qu’en s’implantant à Orléans, leur objectif était de développer des formations correspondant aux attentes des entreprises du territoire. "Nous avons par exemple créé la spécialisation "expertise, audit et contrôle" qui répond aux besoins des nombreux cabinets d'expertise comptable sur Orléans cherchant à recruter".

Des objectifs stratégiques partagés entre établissements et collectivités

La venue d’un organisme de formation sur un territoire est le résultat d’une stratégie et d'intérêts bien compris et partagés avec les collectivités territoriales. Les écoles ne viennent pas s'installer dans le simple but de proposer plusieurs campus à leurs étudiants. "S'il n'y avait pas de bassin d'emploi ou de cohérence avec le tissu industriel, ça n'aurait pas de sens de s’y installer", souligne Anne de Cagny, directrice partenariat de l'école d'ingénieurs ESTACA. Du côté des métropoles, faire venir des écoles est un choix réfléchi qui doit correspondre à un vrai besoin du territoire. "Nous vérifions que l’offre n’existe pas ou qu’elle vient en complémentarité d’autres établissements. Nous nous assurons aussi de sa qualité. Il faut pouvoir être un peu tiers de confiance vis-à-vis des habitants et des entreprises", renchérit Céline Lanfranchi-Signol.

Investir, condition pour attirer les formations dans les villes moyennes

"Cependant s'installer dans une ville ne peut être possible que si les établissements de formation sont aidés par les collectivités territoriales et la région", insiste Anne de Cagny. Les territoires doivent donc investir pour accompagner l’arrivée et l’implantation des écoles dans leur région. Orléans a prévu sur la période 2020/2027, 150 millions d’euros d’investissement dans le domaine de l’enseignement supérieur. Le Mans qui souhaite retrouver un nouvel élan en devenant une ville universitaire reconnue va investir plusieurs dizaines de millions d’euros dans un campus près de la gare TGV.

"Il est intéressant d’observer les facteurs de réussite d’une stratégie mais il n'est pas possible de se dire que l’on va faire à l'identique", observe Patrick Mahoué. On peut néanmoins constater que métropoles et établissements de formation ont un objectif commun : créer entre elles une relation de qualité, pérenne, proposer une offre diversifiée afin de pouvoir attirer tous les profils et former un cercle vertueux d’échanges entre les entreprises, l’université, les différents organismes de formation et la métropole. C'est donc bien la construction d'écosystèmes vertueux qui est la clé de la réussite du déploiement des formations du supérieur dans les territoires.

Valérie François | Publié le