Les proviseurs disent "oui, si" à la réforme du lycée

Thibaut Cojean Publié le
Les proviseurs disent "oui, si" à la réforme du lycée
Les proviseurs des lycées adhèrent en majorité à la réforme des lycées mais émettent des réserves sur l'organisation du nouveau bac. // ©  Thibaut Cojean
Selon la dernière enquête de rentrée du Syndicat national des proviseurs et directeurs de l’Education nationale, une très large majorité des chefs d’établissements sont favorables aux dernières réformes des lycées généraux, technologiques et professionnels. Ils espèrent cependant des ajustements pour le nouveau bac, à l’opposé des revendications des enseignants.

Plus de 9 proviseurs sur 10 (94%) ont "un avis plutôt positif" sur la réforme des lycées, selon la dernière enquête de rentrée du Syndicat national des proviseurs et directeurs de l’Education nationale (SNPDEN). Un résultat encore plus impressionnant dans les lycées professionnels, où "seuls 4% des proviseurs ont un avis négatif sur la réforme de la voie professionnelle", relate Philippe Vincent, secrétaire général du SNPDEN, lui-même surpris d’un résultat aussi positif.

De nombreux facteurs d’inquiétude poussaient en effet les proviseurs à appréhender la rentrée, en tête desquels la crainte d’avoir des emplois du temps à trous pour les professeurs et les élèves. Le manque de professeurs principaux, le nombre trop important de combinaisons de spécialités en lycée général et la mise en place des co-enseignements en lycée professionnel étaient également redoutés.

Un établissement sur deux manque de personnel

Malgré tout, la rentrée a été plutôt bien vécue du côté des directeurs et proviseurs de collèges : 61% l’ont jugée semblable à 2018 et 27% l’ont tout de même trouvée de moins bonne qualité. L’investissement des personnels de direction pourrait avoir joué dans ce bon résultat.

Sept sur 10 (72%) déclarent avoir passé plus de temps que d’habitude à préparer la rentrée et 60% ont pris moins de congés que les années précédentes. "Les adjoints sont partis avec l’emploi du temps sous le bras. On se demande si cet état de surinvestissement peut être durable", s’inquiète Philippe Vincent. Pour lui, les nombreux congés maladie recensés ne sont "pas un très bon indicateur de l’état de la profession".

Adhésion à la volonté de progrès ne veut pas dire adhésion à la réforme Blanquer.
(P. Vincent)

De fait, 45% des établissements scolaires déclarent manquer de personnel. Et dans 24% des cas, les rectorats ne donnent pas de pistes de réponse. "Cette situation dépend beaucoup de la taille des établissements, mais aussi des territoires, tempère le secrétaire général. On note aussi des écarts entre les disciplines." En outre, si le syndicat n’a pas noté de défection massive de professeurs principaux, il déplore un manque général d’approvisionnement de manuels scolaires. Là encore, la situation varie d’une académie à l’autre.

Nouveau bac : "Du vrai-faux contrôle continu"

Mais malgré une rentrée globalement réussie, Philippe Vincent modère : "Adhésion à la volonté de progrès ne veut pas dire adhésion à la réforme Blanquer." Si la mise en place du contrôle continu est saluée par les proviseurs, ils jugent que cela ne va pas assez loin. Presqu’un tiers (27%) des interrogés pensent que les épreuves communes de contrôle continu (E3C) sont une "complication inutile". "Là, c’est du vrai-faux contrôle continu avec des mini-bacs trois fois dans l’année."

Parmi les éléments de complexification, le SNPDEN liste l’anonymat des copies, le choix des sujets principaux et de secours dans la banque d’épreuves, la correction des copies par des professeurs externes ou encore la convocation à l’examen.

"Nous souhaitons l’organisation la plus souple possible, la plus invisible possible et qui demande le moins de travail possible", dresse le secrétaire national, qui craint que de voir "nos établissements se transformer en centres d’examen permanents". En clair, le SNPDEN souhaite que les E3C se tiennent classe par classe, pendant les heures du cours.

Le bras de fer risque donc de durer avec les syndicats enseignants, très attachés au traitement égalitaire des candidats et qui demandent donc des sujets nationaux et soutiennent l’anonymat des copies. Un point met toutefois tout le monde d’accord : avec l’organisation des E3C de première au sein des établissements, qu’adviendra-t-il des élèves de seconde et de terminale ?

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