Parcoursup : à quand le décollage ?

Laura Taillandier Publié le
Parcoursup : à quand le décollage ?
À l'université de Lille, 15 formations ne seront pas renseignées sur la phase complémentaire qui s'ouvre mardi 26 juin 2018. // ©  Morgane Taquet
Les affaires de Parcoursup reprennent, mardi 26 juin 2018. Une remise en route guettée par les 130.000 candidats toujours sans réponse, ainsi que par les universités qui misent sur la réduction du délai de réponse et les résultats du bac pour donner enfin un coup d'accélérateur à la procédure.

Lentement mais sûrement, Parcoursup reprend du service. Après la pause des épreuves écrites du baccalauréat, du 18 au 26 juin 2018, les allers-retours redémarrent entre les vœux des candidats et les réponses des formations. Durant cet intervalle de huit jours, les commissions d'accès à l'enseignement supérieur ont poursuivi leur travail, et les candidats en apprentissage ont pu obtenir des propositions.

Reste qu'à l'heure de la remise en route, les compteurs affichent toujours 130.845 candidats en attente d'une proposition sur Parcoursup (voir infographie plus bas).

Une réduction du délai de réponse

Du côté des universités, les formations espèrent que la reprise sera synonyme d'accélération. D'autant que Parcoursup a tourné au ralenti avant la pause, le nombre de vœux acceptés définitivement progressant très lentement dans les derniers jours. Le 26 juin, 350.911 candidats ont validé une proposition de manière définitive.

"On mise beaucoup sur la réduction du délai de réponse à trois jours pour une accélération du processus", souligne Benoît Tock, le vice-président formation de l'université de Strasbourg. Avant la pause du bac, l'établissement comptait encore 12 % de vœux en attente.

Même écho à l'université de Nantes. "Cela va nous permettre d'y voir plus clair. S'il était extrêmement important que les élèves bénéficient de ce temps en début de procédure, maintenant, ils savent où ils veulent aller. Trois jours, c'est suffisant", juge Dominique Averty, le vice-président formation de l'établissement.

L'amplification du taux de réponses est visiblement très attendue aussi du côté des équipes en charge de Parcoursup, qui ont adressé avant la réouverture de la plate-forme, plusieurs messages aux universités accueillant des formations susceptibles de "rencontrer des difficultés à se remplir".

Dans ces courriels qu'EducPros a pu consulter, il est ainsi indiqué : "Dans ce contexte, il nous paraît, à ce stade du déroulement de la phase d’admission, que vous pourriez être plus volontaristes dans les données d’appel. Pour cela, vous pouvez augmenter votre taux de surréservation et ainsi appeler un nombre de candidats plus important." Et de rappeler les règles du surbooking pour se préparer à la remise en route ce mardi.

L'effet "résultats du bac"

Malgré ces boosters identifiés par les acteurs, reste la problématique des "oui, mais avec vœux en attente". "Les choses vont bouger cet été, assure, confiant, Dominique Averty. Les familles vont devoir prendre des décisions en matière de logement." Entre-temps, les résultats aux différents concours des écoles mais aussi du baccalauréat seront également tombés. "Le 6 juillet sera sans doute une journée clé, occasionnant une accélération des réponses : 10 % des candidats n'auront pas réussi leur bac", relève ainsi Benoît Tock.

"Le 6 juillet sera sans doute une journée clé, occasionnant une accélération des réponses : 10 % des candidats n'auront pas réussi leur bac."(B. Tock)

Le dispositif "meilleur bachelier", qui prévoit un accès privilégié sur Parcoursup, risque en effet d'inciter certains candidats à maintenir leurs vœux en attente jusqu'aux résultats. Même si les formations atténuent cet effet "fast pass" : "Les meilleurs bacheliers sont déjà pris dans les formations. Peut-être que cela aura un effet dans les filières sélectives", tempère ainsi Lynne Franjié, vice-présidente formation et vie universitaire de l'université de Lille.

Ouverture de la phase complémentaire...

Quant aux candidats, ils espèrent que leurs places sur liste d'attente vont enfin évoluer. C'est le cas d'Ayoub, en terminale S au lycée Jacques-Prévert, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). "Là, le bac est terminé, je vais attendre de voir ce que donne Parcoursup, tous mes vœux étaient en attente. Si je n'ai toujours rien, je ferai la procédure complémentaire", glisse l'élève au sortir des épreuves, vendredi 22 juin 2018.

Cette nouvelle phase qui s'ouvre parallèlement à la principale, ce 26 juin 2018, doit permettre aux candidats sans réponse ou non satisfaits de formuler une nouvelle salve de vœux dans les formations où des places seraient encore disponibles.

Les universités ne comptent pourtant pas sur cette étape supplémentaire pour accélérer la procédure. Du moins dans l'immédiat. "Il faut attendre que les listes d'attente soient épuisées sur la phase principale pour que les places libres soient proposées aux élèves", pointe Dominique Averty.

À l'université de Lille, pour l'instant, 15 formations ne seront pas renseignées sur le moteur de recherche de la phase complémentaire. "Sans surprise, il s'agit des filières en tension comme Staps, Paces, sciences de l'éducation, de la vie ou encore du langage", détaille Lynne Franjié, la vice-présidente formation de l'établissement.

... Sans pause estivale

Dans les établissements, c'est davantage le paramétrage de la procédure complémentaire qui préoccupe les équipes. En cause ? Celle-ci ne s'interrompra pas dans les filières non sélectives pendant la période estivale. Aux universités de s'organiser pour examiner les dossiers.

"Pour les 'oui', nous pourrons gérer de manière automatisée les réponses. Mais pour les 'oui, si', il va bien falloir examiner dans le détail les candidatures et les équipes vont partir en congé. C'est problématique", s'inquiète Lynne Franjié.

Les formations regrettent cet "effet de surprise" leur demandant de trouver des solutions en interne et en urgence, tout comme les règles qui diffèrent. Les formations sélectives auront en effet droit à une pause estivale de trois semaines.

Un délai rallongé à quatre semaines dans les lycées avec CPGE ou STS à la demande des proviseurs, selon Philippe Donatien, le secrétaire général du syndicat de chef d'établissement, ID-FO. Une exception à laquelle aspirent aussi les universités.

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