Pédagogie : comment l’enseignement supérieur innove

Amélie Petitdemange Publié le
Pédagogie : comment l’enseignement supérieur innove
Sur le toit de Grenoble INP-Ense3, les étudiants ont conçu un projet innovant de serre connectée. // ©  Amélie Petitdemange
Les rencontres FormIDEX, qui se sont tenues à Grenoble du 5 au 7 novembre 2019, proposent des ateliers, conférences et showrooms sur l’innovation dans l’enseignement supérieur. Zoom sur trois projets.

"La concurrence internationale et la demande croissante des étudiants pour un enseignement plus riche ont obligé les établissements à innover", explique Jean-Claude Ruano-Borbalan, professeur et directeur du département "Innovation" du CNAM (Conservatoire national des arts et métiers), en introduction des rencontres FormIDEX organisées du 5 au 7 novembre 2019. Une adaptation notamment permise par le financement des IDEX (Initiatives d’excellence) et des Investissements d’avenir.

A Strasbourg, un DU pour faire émerger des projets

A l’université de Strasbourg, l’IDIP (Institut de développement et d’innovation pédagogique) a été créé pour opérer cette transformation pédagogique. Parmi les nombreux projets de cet institut figure la création en septembre 2017 d’un DU "Pédagogie de l’enseignement supérieur".

Chaque année, une douzaine d’enseignants participent à ce DU, qui les engage à suivre 80 heures d’enseignement, à participer à 18 heures d’accompagnement et à mener un projet pédagogique suivant la démarche SoTL (Scholarship of Teaching and Learning) représentant au moins 100 heures de travail. Chaque enseignant-étudiant est accompagné pendant un ou deux ans par l’équipe formatrice pour développer ce projet d'expérimentation d’une innovation.

L'université leur octroie une décharge de 12 heures d'enseignement pour qu’ils assistent à quelques-uns des 50 ateliers d’accompagnement à l’innovation pédagogique proposés et qu’ils mènent à bien leur projet. Ces projets sont ensuite mis en place sur d'autres promotions.

A Grenoble INP-Ense³, une serre connectée sur le toit

L’École nationale supérieure de l’énergie, l’eau et l’environnement (Grenoble INP-Ense³) a installé un outil pédagogique innovant sur son toit. Une serre connectée, fournie par la start-up My Food, permet aux étudiants de travailler en mode projet.

Chaque semestre, huit étudiants travaillent quatre heures par semaine sur cette serre connectée. Ils ont notamment conçu le toit, qui s’ouvre et se ferme automatiquement pour réguler la température intérieure suivant les besoins des plantes et des poissons. Ils ont également mis en place une récolte automatique des données, qu’ils analysent par la suite.

Si ce projet est une expérimentation, la serre se veut totalement autonome. Des panneaux photovoltaïques fournissent par ailleurs la serre en énergie. Un panneau récupérateur d’eau de pluie dirige l’eau vers l’intérieur quand l’écosystème en a besoin.
Ce matériel pédagogique innovant a également été reproduit un peu plus loin sur le toit, avec cette fois-ci des ruchers connectés.

A l'UGA, un "Fab Lab" pour les profs et les étudiants

L’institut d'urbanisme et de géographie alpine (IUGA) de l’université de Grenoble-Alpes et l’École nationale supérieure d'architecture de Grenoble (ENSAG) se sont quant à elle associées pour créer un Fab Lab. Baptisé "Fab Lab in the Alps", cet espace comprend une salle pour séminaires et de nombreuses machines (imprimante 3D, bras robotisé, scanner 3D…).

Cette plate-forme pédagogique et scientifique de maquettage et de prototypage numérique est utilisée par les professeurs dans le cadre de leurs cours mais aussi librement par les étudiants.

Cet apprentissage par l’expérimentation a plusieurs objectifs pédagogiques : l’appropriation des technologies numériques de maquettage, le développement d’une culture numérique et matérielle, et la stimulation de la créativité des étudiants.

Des événements sont également organisés, comme le workshop "Robotique Créative" qui s’est tenu en octobre 2019, ou encore les challenges étudiants / architectes qui se dérouleront de novembre 2019 à février 2020.

A Strasbourg ou à Grenoble, ces nouvelles façons d’apprendre favorisent la pratique et l’autonomie des étudiants. Ils sont ainsi plus investis et plus créatifs. Les modes projets sont également plus proches du monde de l’entreprise qui les attend. Selon le directeur du département "Innovation" du CNAM, Jean-Claude Ruano-Borbalan, "l’innovation pédagogique s’accompagne d’une professionnalisation de l’enseignement supérieur".

Amélie Petitdemange | Publié le