Rapport de l'OCDE : faire de la voie professionnelle une voie choisie

Marine Ilario Publié le
Rapport de l'OCDE : faire de la voie professionnelle une voie choisie
Le rapport annuel de l'OCDE pointe une nouvelle fois le manque de considération de la voie professionnelle. // ©  Stephane AUDRAS/REA
Dans son dernier rapport "Regards sur l'éducation", l'OCDE dresse un bilan mitigé sur la voie professionnelle et appelle les pays à en faire une voie de choix plutôt que subie. Un rapport qui fait écho à la réforme de la voie pro amorcée en France depuis la rentrée.

L'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) publie le 12 septembre son rapport annuel sur l'éducation. Pour cette édition 2023, elle met l'accent sur les filières professionnelles des pays membres.

De quoi comparer leur fonctionnement et mettre en perspective les performances de la France par rapport à l'ensemble de ces pays, à l'aune de la réforme de la voie professionnelle annoncée par le président de la République, en mai, et dont le déploiement commence depuis la rentrée.

La voie professionnelle, une "voie de garage" ?

Sans détour, le rapport "Regards sur l'éducation" de l'OCDE fait l'amer constat que la voie professionnelle reste, dans la plupart des pays membres, une "voie de garage" pour reprendre les termes d'Andreas Schleicher, directeur de la direction de l'éducation et des compétences à l'OCDE.

Pourtant, près de la moitié des élèves du deuxième cycle secondaire (c'est-à-dire le lycée) s'orientent vers cette voie : 44% des élèves de l'OCDE y sont scolarisés. En France, la voie professionnelle concerne 40% des lycéens.

En revanche, le taux de réussite de cette filière est plus bas qu'en filière générale. Ainsi, "62% seulement des inscrits réussissent leurs études dans le délai imparti", indique le rapport contre 77% en filière générale. La France affiche de meilleurs résultats que la moyenne de l'OCDE puisque 73% des élèves en voie professionnelle sont diplômés à l'issue de leur cursus, alors qu'en Espagne ou en Norvège, ce taux tombe passe sous les 50%.

Une meilleure orientation pour un choix éclairé

Mathias Cormann, secrétaire général de l'OCDE, reconnaît que la voie professionnelle est plus souvent considérée comme une option de dernier recours que comme un réel choix. Il conseille aux pays d'intervenir sur trois moments clés : l'orientation, la poursuite d'études et l'insertion professionnelle.

"Pour que les jeunes optent pour la formation professionnelle, ils doivent avoir accès à une orientation qui permet d'explorer tous les choix dès le plus jeune âge" indique le secrétaire général.

"Une orientation professionnelle de meilleure qualité, dispensée plus tôt, est déterminante" confirme l'OCDE dans un communiqué, qui promeut des "services d’orientation professionnelle efficaces" faisant découvrir une "large palette de débouchés professionnels, dès le plus jeune âge".

Une recommandation à laquelle répond, en partie, une mesure mise en place dans les collèges français, à cette rentrée, puisque la découverte des métiers est désormais proposée dès la 5e.

Renforcer le lien école-entreprise

Pour inciter les élèves à se diriger vers la voie professionnelle, encore faut-il leur assurer qu'ils s'inséreront professionnellement. Pour cela, le rapport pointe les bienfaits "des composantes pratiques en entreprise", qui permettent de "faciliter la transition entre l’école et le monde du travail", précise l'OCDE.

L'occasion pour l'organisation de mettre en avant les programmes "emploi-études", autrement dit, l'apprentissage. En moyenne, 45% "seulement" de l'effectif du deuxième cycle de l’enseignement secondaire en filière professionnelle, est en apprentissage, regrette l'OCDE. Ils sont 100% au Danemark ou en Hongrie, tandis qu'ils ne sont que 28% en France.

Renforcer les passerelles entre voie pro et supérieur

En moyenne, "un quart des inscrits en filière professionnelle dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire suivent un cursus qui ne leur donne pas directement accès à l’enseignement supérieur", précise Mathias Cormann. Pourtant, l'étude de l'OCDE montre qu'un diplôme du supérieur est gage d'une insertion facilitée : le taux d'emploi des 25-34 ans diplômés du supérieur s'élève à 86% dans l'OCDE.

Il serait donc "utile de renforcer les passerelles" entre la voie professionnelle et les autres filières d’enseignement. Certains pays ont déjà engagé des réformes en ce sens, au Portugal, au Chili, au Japon, en Italie mais aussi en France, avec la mise en place de quotas dédiés dans l'enseignement tertiaire de cycle court.

Mieux rémunérer les enseignants pour lutter contre la baisse des vocations

De nombreux pays de l'OCDE sont en proie à des pénuries de professeurs. Pour y remédier, le rapport rappelle qu'"il est essentiel de bien rémunérer les enseignants pour les garder en poste et susciter des vocations d'enseignant, même si d'autres facteurs entrent en ligne de compte".

Dans l'OCDE, les salaires effectifs moyens des enseignants (de de 25 à 64 ans) vont de 49.911 dollars (soit près de 46.918 euros) au niveau du premier cycle du secondaire et de 53.119 dollars (soit 49.907 euros) au niveau du deuxième cycle du secondaire.

Alors que le sujet est au cœur de l'actualité hexagonale, avec l'instauration notamment du Pacte enseignant, il semble que les enseignants français ne soient pas les moins bien lotis. Leurs salaires sont légèrement supérieurs à la moyenne de l'OCDE puisqu'ils s'élèvent en moyenne à 50.609 dollars (soit près de 47.544 euros) au niveau du premier cycle du et à 56.037 dollars (soit près de 52.643 euros) au niveau du deuxième cycle du secondaire.

Marine Ilario | Publié le