Rapport Philip : des idées au-delà du rapprochement écoles-universités

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Les premières réactions faisant suite au rapport Philip sur le rapprochement entre grandes écoles et universités se sont cristallisées autour du sujet « sensible » des classes préparatoires. Or, certaines propositions de Christian Philip, inspirées par sa carrière, vont bien au-delà de sa mission.

Temps partagé. Du rapport Philip, la postérité pourrait bien ne retenir qu’une petite phrase... celle qui préconise la création de classes préparatoires au sein de l’université. Au risque de passer à côté d’autres idées moins iconoclastes. Tel le service partagé des enseignants : une mesure sur laquelle « je souhaite insister », écrit l’ancien directeur des enseignements supérieurs au ministère de l’Éducation nationale. « Pourquoi ne pas encourager universités et écoles à favoriser des obligations de services partagés dans le cadre de formations com munes, voire à recruter ensemble des enseignants dont le profil du poste serait conçu en fonction du partenariat souhaité ? » lance-t-il. Avec les garde-fous nécessaires : « Mais service partagé ne signifie pas des heures supplémentaires effectuées dans un autre établissement en sus de son service statutaire », prévient-il.

Tous membres fondateurs des PRES. L’entrée dans l’enseignement supérieur est une autre préoccupation de l’ex-directeur de cabinet de François Fillon, à l’époque où ce dernier était ministre de l’Enseignement supérieur et de la
Recherche. « Un domaine à ne surtout pas oublier », soutient-il. L’ancien recteur de Reims et de Clermont-Ferrand prône la mise en place d’un partenariat entre enseignement secondaire et enseignement supérieur, à l’échelon des PRES. « Le fait pour une université ou une grande école d’informer sur ce qu’elle est, d’aller à la rencontre des lycéens ne peut suffire. Pourquoi ne pas faire de l’information aux lycéens une compétence de base des PRES ? » suggère-t-il.

Pour cet universitaire, ce sont avant tout les PRES qui doivent être le fer de lance du rapprochement entre les universités et les grandes écoles. Leur statut pourrait, par exemple, faciliter la « codiplomation » de masters et de doctorats.
Juriste de formation, Christian Philip ne méconnaît pas les problèmes juridiques actuels que soulève « la cohabilitation d’un diplôme national concernant un établissement public et une école n’ayant pas ce statut ». Ses réflexions le conduisent aussi à proposer un article additionnel à la loi LRU sur les PRES, dont les compétences sont à élargir et la gouvernance à rénover. Et pour permettre à chaque établissement de devenir membre à part entière d’un PRES sans que chaque membre dispose d’une seule et même voix dans le mécanisme décisionnel (compte tenu des différences de tailles entre établissements), ce spécialiste en droit communautaire recommande de prendre exemple sur l’Union européenne « où le nombre de voix au Conseil varie d’un État à l’autre ».

Francophonie. La plupart des orientations de la commission Philip visent surtout à renforcer l’attractivité des formations françaises à l’étranger. Un thème cher au gouvernement et sur lequel l’ex-député UMP apporte largement sa
contribution. Sur les questions d’implantation internationale, il précise ainsi que « si chacun veut aujourd’hui être présent dans certains pays (Chine, Inde, Brésil, Europe de l’Est), nous oublions souvent l’Afrique, et d’abord l’Afrique francophone ». L’actuel conseiller personnel de Nicolas Sarkozy pour la francophonie désavoue également « ceux qui pensent l’usage du français comme un handicap pour notre enseignement supérieur. Permettez-moi de considérer que, ce faisant, nous portons gravement atteinte à ce qui devrait être au contraire la force de notre enseignement supérieur. »

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